Chapitre 48

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Le lundi matin, Minho était toujours à l'hôpital. Sa dernière nuit avait été pénible ; la douleur l'avait réveillé plusieurs fois, l'empêchant de s'endormir pour de bon. Il n'arrivait pas à trouver de position confortable pour dormir : ses côtes ne lui laissaient aucun répit. Les seuls moments où la douleur s'apaisait, c'est quand il se redressait sur son lit en position assise. Il aurait aimé pouvoir s'endormir, ainsi adossé à la tête du lit, mais il n'y arrivait pas. Il n'avait pas l'habitude et restait éveillé, le corps complètement engourdi. Il avait finit par perdre patience et appeler une infirmière, qui lui donna des anti-douleur. Il trouva enfin le repos vers quatre heures trente du matin, et ne se réveilla pas avant la fin de la matinée.

Après avoir mangé un petit-déjeuner insipide, il se traîna jusqu'à la douche avec l'aide d'un infirmier. Il était suffisamment autonome pour se laver seul, l'infirmier resta simplement dans la chambre pour pouvoir intervenir en cas de problème. La douche était comme celles qu'il y avait à la piscine ; pas de marche à monter ou de vitre à fermer, le pommeau de douche était suspendu contre le mur. Tout ce que Minho avait à faire, c'était de se placer en dessous et appuyer sur le bouton pour activer l'eau et régler la température. L'eau tiède jaillit du pommeau, jusqu'à devenir chaude. Le brun leva la tête vers le plafond pour que son visage soit en contact direct avec l'eau. Il avait ôté son pansement à la joue, et tous les autres bandages qu'il avait au bras. Il avait l'impression que l'eau qui ruisselait sur son visage et sur tout son corps le débarrassait de ses blessures en même temps que de la saleté. Il s'aperçut vite que ce n'était pas le cas ; jeter un coup d'œil à son bras gauche lui rappela immédiatement qu'il n'avait pas un super pouvoir de guérison quand il était en contact avec l'eau.

Il ne s'était pas encore regardé dans un miroir depuis qu'il était à l'hôpital. Il savait qu'il faisait peur, que son visage était complètement ravagé. Les médecins avaient dit qu'il pouvait s'estimer chanceux de ne pas avoir de blessures sérieusement graves au visage ; seule celle qu'il avait au bras pourrait laisser une cicatrice. Ce n'était pas ce qui préoccupait le plus Minho. Il voulait savoir quand il pourrait reprendre le sport. Le médecin avait dit qu'il pourrait sans doute refaire du basket, mais certainement pas dans les prochains mois, et qu'il devra travailler dur pour retrouver son ancien niveau. La réponse n'avait pas satisfait Minho : il était sûr que ce n'étaient pas ces quelques blessures qui allaient gâcher sa future carrière de sportif. Il voulait simplement savoir dans combien de temps précisément il pourrait rejouer. Et ça, personne n'était capable de lui dire.


Il coupa l'eau quand il estima être propre. Il parvint tant bien que mal à enfiler un nouveau caleçon, et ferma un à un les scratch de son T-shirt fourni par l'hôpital. Il ne pouvait rien mettre d'autre sans aide : il n'arrivait pas à lever les bras à hauteur d'épaule. S'il essayait, sa respiration se coupait et la douleur revenait immédiatement. Il avait pris conscience que presque chacun de ses mouvements étaient connectés à ses côtes puisqu'il ne pouvait rien faire sans les sentir. Prendre une grande inspiration était chose impensable. S'étirer également. Il devait faire attention au moindre de ses mouvements.

Il se brossa les dents et retourna dans sa chambre, avec une démarche laborieuse. L'infirmier l'aida à s'habiller entièrement, en lui posant des questions précises à propos de la dernière nuit qu'il avait passé et de sa douleur. Puis il le remit au lit, en lui disant que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour guérir vite ; rester tranquille. La situation mit Minho de mauvaise humeur, et il ne prononça plus un mot jusqu'à ce que l'homme qui s'occupait de lui s'en aille.

Il décida ensuite de téléphoner à Thomas pour lui dire la vérité sur son absence ; il avait gardé le silence trop longtemps. Il lui fallut quelques minutes pour réussir à le dire, et Thomas avait perçu dans son intonation que quelque chose n'allait pas bien avant qu'il ne lui raconte. 

Sans surprise, son meilleur ami débarqua dans la chambre moins d'une demi heure après son appel. Manifestement fou d'inquiétude, il semblait se retenir de se jeter sur le blessé et le serrer dans ses bras de toutes ses forces. Il évita ; la vue de l'étendue des dégâts causés par Evan et ses amis l'avaient empli de rage et de tristesse. Etre avec lui fit beaucoup de bien à Minho, même s'il dût raconter une nouvelle fois ce qui lui était arrivé. Thomas fut horrifié d'apprendre tout ce qui s'était passé et se montra d'un grand soutien pour lui. La présence de son meilleur ami dans la journée atténua un peu sa douleur d'être cloué dans un lit d'hôpital pendant que son équipe jouait un match important. Thomas promit de revenir dès demain, pour lui ramener le nécessaire de survie pour un Minho à l'hôpital, et des nouvelles du match.

Le lendemain, les garçons vinrent lui rendre visite (trois par trois dans la chambre)pour lui annoncer leur victoire et donc leur qualification pour la demi finale. Ils se montrèrent très bruyants, surtout Alby, Alex et Gally. Ils avaient introduit une flûte à bec dans l'hôpital pour lui jouer un petit air à leur ami afin de l'aider à se rétablir. Ils manquèrent de se faire chasser par une infirmière furieuse qu'ils troublent le calme qui régnait en fin d'après-midi. Minho fit de son mieux pour ravaler son rire qui lui montait à la gorge : il ne fallait surtout pas qu'il éclate de rire, au risque d'avoir de douloureuses protestations de la part de ses côtes cassées. Il regarda Alby souffler de toutes ses forces dans la flûte en mordant son poing pour s'empêcher de s'esclaffer.

Cal passa lui aussi, il ne resta que quelques minutes dans la chambre, le temps de prendre des nouvelles du blessé et s'en alla rapidement pour laisser la place aux basketteurs qui attendaient encore.

Minho fut heureux d'apprendre que l'équipe avait gagné. Ils avaient tous énormément progressé et Cal pouvait être fier du travail qu'il avait accompli pour discipliner cette bande d'adolescents insupportables. C'était génial qu'ils aient gagné. Alby et Gally avaient exécuté devant lui une danse de la victoire, et Minho n'avait pas pu cacher son énorme sourire devant ce spectacle si ridicule. Pourtant, une fois les garçons partis, son air joyeux s'effaça bien vite. Peu à peu, une douloureuse idée s'installait en lui : celle d'être inutile à l'équipe. Sans lui, les garçons s'étaient parfaitement débrouillé, ils avaient gagné. Son remplaçant avait fait son job, et il ne pouvait s'empêcher de se sentir blessé en voyant qu'il était si facilement remplaçable. Il n'avait jamais été un élément indispensable de l'équipe. Cette pensée pernicieuse s'était discrètement nichée en lui et ne voulait plus s'en détacher. Il avait vraiment échoué sur tous les points.

Au courant de la semaine, Thomas sécha tous les après-midi pour lui rendre visite, emportant avec lui une DS ou un ordinateur portable pour jouer. Il lui apporta aussi de la nourriture qu'il voulait manger pour oublier les repas assez tristes de l'hôpital. Il était là tellement souvent que les infirmiers et les infirmières qui s'occupaient de Minho le connaissaient désormais tout aussi bien que leur patient.

Elizabeth et Juliette l'appelèrent ensemble un matin pour prendre de ses nouvelles et lui souhaiter un bon rétablissement. Newt lui aussi vint une seconde fois lui rendre visite, mais il ne resta pas très longtemps : il lui donna les cours et resta moins d'une demi heure. 

Minho put quitter l'hôpital en fin de semaine, le vendredi. Il ne retourna pas en cours la semaine suivante, il avait besoin de repos. Ses parents avaient pris congé pour rester avec lui, et avaient demandé à Thomas de ne pas venir tous les jours. La présence quotidienne du brun aurait trop fatigué le blessé. Minho devait aussi témoigner au commissariat contre ceux qui l'avaient agressé. Le moment du témoignage avec les policiers en présence de son père fut très difficile à supporter pour Minho. Il n'était pas à l'aise ; la situation lui semblait surréaliste et l'agent qui l'interrogeait ne faisait rien pour le rassurer. Les questions étaient froides, impersonnelles et il y répondit du mieux qu'il put. Il n'avait aucune idée si la plainte allait être concluante, et pour l'instant, pour être franc, ça lui était un peu égal. Il se sentait détaché de ce qui c'était passé. Il ne mourrait pas d'envie de se venger de Mathieu, Dorian et Evan, il aurait voulu que rien de tout ça ne soit arrivé. Les faire payer maintenant n'avait plus aucun sens à ses yeux. C'était trop tard à présent, les dégâts étaient là. Il se laissa prendre en photo par les policiers. Les clichés de son corps abîmé prouverait l'étendue des blessures qu'il avait reçu au juge, et pourrait servir pendant le procès, s'il y en avait un.
La plainte avait été déposée, il ne restait plus qu'à attendre.

Ah bah merde  (Minewt)Where stories live. Discover now