STATION 19

Chapitre 93

Le gérant du camping nous indique nos emplacements et on s'y rend sans trop de mal. On passe devant une piscine, un restaurant et un city avant d'y arriver. Le coin est isolé du reste du camping, avec cinq emplacements prévus pour nos cinq tentes. Je dormirais avec Sullivan même si ça semble plutôt évident, Maya avec Vic, Dean avec Jack, Travis avec Ben et pour finir, mon père qui restera tout seul dans sa tente qui date au moins de la préhistoire. On laisse nos affaires dans le van et on commence à monter les tentes, ce qui a l'air d'être une mission impossible pour certains.
- Jackkkk, tu me passes les sardines s'il te plaît !, hurlais-je à mon ami
Il se retourne sans avoir l'air de  vraiment comprendre ce que je veux dire, comme si je parlais chinois à ses yeux.
- Jack, les sardines !
Nouveau regard intrigué de la part de Jack. Ok, je comprends.
- Jack, quand je te parle de sardines, ce n'est pas du poisson mais les tiges métalliques dans le fond de la tente !
- Ah bah je savais pas moi, j'ai jamais fait de camping de ma vie, déclare-t-il en prenant ce petit air innocent qu'il sait si bien faire
C'est vrai que moi, avec mon père, on faisait pas mal de camping quand j'étais petite alors je m'y connais un peu quand même.
- T'es légèrement idiot quand même Jack, je comprends pourquoi tu es toujours célibataire !
- Je te rappelle que j'ai quelqu'un, elle s'appelle Evie mademoiselle Herrera !
Ah, je ne savais pas qu'elle était encore d'actualité Evie, ça faisait pas mal de temps qu'il ne m'en avait pas parlé.
- Sympa pour les célibataires, intervient Dean
- On est ensemble dans la même merde Miller, continue Travis en tapant dans la main de Dean
Nos deux célibataires endurcis, qui méritent pourtant tellement l'amour, qui méritent de trouver un homme et une femme qui sauraient les combler. Parce qu'ils sont toujours là, à prendre soin des gens, à les aider mais le soir, quand ils rentrent chez eux, qui prend soin d'eux ? Qui les aime et leur redonne le sourire après une dure journée ? On essaye, on fait de notre mieux mais ce qu'ils ont vraiment besoin, c'est de cette personne qui les comblera de bonheur. Je sais que Travis l'avait trouvé et qu'il l'a malheureusement perdu mais je sais aussi qu'il est fort et que je veux qu'il puisse de nouveau tomber amoureux. J'attrape les sardines par moi-même et les enfonce sans trop de mal pendant que Robert gonfle les matelas pneumatiques sur lesquels on va dormir.

Une heure et demi plus tard, tout notre petit camp est enfin prêt. On a décidé d'aller à la piscine et vous savez quoi ? Robert a quand même de sacrés beaux abdos bronzés. Il a un de ses physiques en maillot de bain. D'ailleurs, je peux voir que quelques femmes, même des ados, le regarde et ça me rend terriblement mais alors terriblement jalouse. Je me relève de mon transat et plonge dans l'eau pour aller le rejoindre et me glisse dans ses bras. Je pense que ça a bouché un coin à quelques femmes mais elles s'en remettront parce que de toute façon, Robert n'est plus un cœur à prendre. Il dépose un baiser sur mon front pendant que je remets mes cheveux en place. Ce n'est pas comme si j'avais l'habitude de me coiffer mais avec l'eau de la piscine, c'est encore pire. Puis Jack arrive en faisant une bombe et je me retrouve totalement aspergée. Lorsque l'on sort de l'eau, on part commander des pizzas au restaurant du camping que l'on ramène à nos emplacements. Environ trois ou quatre parts de pizzas plus tard, je salue le membres de l'équipe un par un.
- Bonne nuit Jack, tu te coucheras moins bête que tu ne l'étais ce matin !
- Comment ça ?
- Entre temps, tu as appris ce que c'était des sardines, lui glissais-je à l'oreille en rigolant
- Mais c'est que t'es hyper drôle ce soir !
C'est vrai que je suis drôle. Je retrourne à ma tente, enfile mon duvet avant de me glisser dans les bras de Sullivan. On discute un peu jusqu'à ce que Ben nous crie que l'on entend tout et que l'on éteigne définitivement la lampe de poche. Mes yeux se ferment et pourtant, les yeux et le sourire de Robert restent gravés dans ma tête mais surtout dans mon cœur.