Chapitre 114

269 8 2
                                    

Au bout un quart d'heure, un policier désagréable vient me signaler que je n'ai pas le droit de rester là plus longtemps. Je pose ma main sur la joie de l'homme perdu face à moi, qu'il effleure doucement avec la sienne. Ses yeux sont dans le vague, cherchant un repère. Je laisse mes lèvres se mélanger avec les siennes et le serre une dernière fois dans mes bras. Je respire longuement son parfum avant de me résoudre, à contrecœur à partir. Son regard puissant me transperce le corps et je lutte contre l'envie de me retourner et de me jeter dans le fond de ses bras. Il a l'air tout autant perdu que moi, peut être même encore plus et je ne sais pas comment l'aider. Sous ses airs de type sévère et dur, il est surtout brisé par tout ce que lui a infligé la vie. C'est souvent ce qui se passe, ceux qui paraissent les plus forts sont en réalité les plus vulnérables. Quand les masques tombent, tout est bien différent. Après quelques minutes de recherche, je trouve Ryan, qui s'apprête à partir après être revenu du bar, sûrement exprès pour nous.
- Ryan !
Ma voix se brise, sûrement avec l'intensité de se qui vient de se passer. Ce n'était pas vraiment des retrouvailles mais je pense que ça y ressembler fortement. Pourtant, beaucoup de questions restent encore en suspense et je veux que l'on retrouve les réponses, ensemble. Je me suis rendue compte que je ne peux pas vivre sans lui et je crois que c'est la même chose de son côté. Je revois ses yeux injectés de sang, ses blessures amochant son beau visage, dont je suis en partie responsable. On a besoin l'un de l'autre pour aller mieux, c'est quasiment devenu vital pour nous. Le froid me glace le sang et le vent fait voler mes cheveux et les emmêle. Ryan se retourne dès qu'il entend son prénom et s'approche de moi. Il passe son bras autour de moi après avoir déposé sa veste sur mes épaules.
- Allez viens, je t'emmène boire un chocolat chaud à la maison, me dit-il en m'entraînant près de sa voiture
J'accepte et monte sur le siège passager de sa vieille voiture, dire qu'il ne l'a pas changé depuis dix ans. J'allume mon portable pour regarder l'heure en décidant d'ignorer les messages et les appels incessants de mes amis. Il est quasiment minuit et d'après les flics, il devrait sortir demain matin à la première et je serais là pour lui. En attendant, je n'ai aucune envie de dormir ni de rentrer à la coloc où je vais être bombarder de questions. Avec Ryan, j'aurais une présence familière et rassurante qui prendra soin de moi sans me poser aucune question.
- Toujours avec cette vieux machin, lui fis-je remarquer en désignant sa voiture, où plutôt, l'antiquité qui lui sert de voiture
Il tapote doucement le plateau de bord de sa voiture face à lui et sourit.
- Eh oui, toujours ! N'empêche que l'on en a des souvenirs avec cette voiture, dedans comme dessus !
Je souris en pensant à ce fameux jour, il y a quelques années.
- Alors, comment ça se passe avec ta collègue, celle que t'aimait bien ?
- Ça n'a rien donné finalement, on était pas fait pour être ensemble, on ne partageait pas les mêmes idées, au fond, c'était mieux comme ça. Et puis...j'ai du mal à aimer...
- Pourquoi ? Tu es beau, gentil, intelligent...et j'en passe, tu es un gars génial, tu vas vite trouver quelqu'un !
- J'aurais aimé que tu me dises ça il y a plusieurs mois...Andy, tu sais, j'ai eu beaucoup de mal quand on s'est séparé, on continuait à se parler quasiment chaque jour mais...tu ne voyais plus que comme un frère puis on s'est remis ensemble et tu m'as de nouveau quitté. Tu as été la plus grande histoire de ma vie...et la plus belle aussi mais...
Il ne finit pas sa phrase. Je le regarde et je ne sais plus quoi penser. Je n'aurais jamais du me remettre avec lui en sachant que j'avais déjà des sentiments pour Sullivan. Pourtant, je l'ai aimé, vraiment, il a été ma première expérience, dans à peu près tous les domaines.
- Oh Ryan...tu m'aimes encore ?
Je pose cette question pour qu'il n'y ai pas de malentendu entre nous. Je ne veux pas le perdre, pas parce qu'il n'aurait pas totalement tiré un trait sur notre relation.
- Non...enfin, une part de moi sera toujours amoureuse de toi mais plus comme avant. Je sais que tu es heureuse avec Sullivan et c'est tout ce qui compte à mes yeux...
Je le crois, il est sincère et c'est tant mieux. Je l'aime, vraiment beaucoup mais comme un ami, un frère, un membre de ma famille.
- Allez, terminus, tout le monde descend !
Je le suis à travers les étages jusqu'à son appartement. Je me laisse tomber sur son canapé et il s'affale à côté de moi.
- Ça va aller, pour Sullivan, il devrait survivre à une nuit en prison, il est fort !
Justement, il ne l'est pas tant que ça même s'il ne le montre qu'avec moi.
- Est ce qu'il reste quelque chose ?
- Hum...sachant que c'est lui qui a majoritairement frappé l'autre type, si celui-ci porte plainte, peut être qu'il y aura une suite, sinon, il n'y aura rien...
- Mais comment c'est possible, ce type m'a plaqué contre le mur, il a essayé de m'embrasser et à part lui, personne n'a rien vu ! Il a juste voulu me défendre, si ce connard a le culot de porter plainte, je porte plainte aussi !
Je hurle quasiment dans la pièce et je remarque que je suis debout. Robert n'est pas vraiment en tord, même s'il a utilisé la violence pour me protéger, lui au moins il l'a fait. Je frissonne en revoyant les mains de ce connard se poser sur moi et approcher ses lèvres sur mon visage. Comment des types peuvent encore se croire tout permis en essayant de forcer des femmes à faire des choses dans elles n'ont pas envie ?
- Calme-toi et rassis-toi, t'énerver ne changera absolument rien ! Ça m'étonnerait que le type porte plainte ! Allez, reste calme et essaye de dormir !
- Je dors ici ?
- Tu poses vraiment la question ? Andy, tu as un peu bu, ta voiture est au commissariat, ton copain dort en cellule alors oui, tu dors ici ! Je t'emmènerai là-bas demain, lorsque je prendrais ma garde ok ?
Je hoche la tête et m'allonge sur le canapé. Il fait la même chose et je cale ma tête être son épaule et sa tête. Ça fait longtemps que j'ai fait la différence entre Ryan mon copain et Ryan mon ami et je suppose que lui aussi. Je ferme mes yeux mais au moment où je m'apprête à m'endormir, je pense à Robert, tout seul dans sa cellule et je comprends que l'insomnie est venue à moi plus vite que le sommeil.

(N'hésitez pas à dire ce que vous en pensez, comment je pourrais améliorer

¡Ay! Esta imagen no sigue nuestras pautas de contenido. Para continuar la publicación, intente quitarla o subir otra.

(N'hésitez pas à dire ce que vous en pensez, comment je pourrais améliorer...)

STATION 19Donde viven las historias. Descúbrelo ahora