Chapitre 130

275 12 2
                                    

"Ce n'est pas ce que nous sommes qui nous empêche de réaliser nos rêves mais ce que nous croyons que nous ne sommes pas". Dès mon plus jeune âge, mon père m'a dicté cette phrase. Il prenait doucement ma main dans la sienne et regardait vers le ciel en me dictant ces mots d'une voix douce et convaincante. C'est ce genre de moments que je retiens de mon enfance et qui m'a toujours tiré vers le haut. Mon père m'a toujours tiré vers le haut, il a cru en moi comme personne ne l'a jamais fait et ne le refera jamais, il m'a aimé pour deux sans jamais compter et je suis toujours passé en première dans sa vie. Il a été mon moteur dans toute ma vie et m'a protégé contre toutes menaces extérieures qu'il jugeait néfastes pour moi. Il était seul contre le reste du monde, à m'aimer et à me protéger, le jour à se battre contre des incendies cruels et passifs et la nuit à devenir le seul parent qui me restait. Il a su combiné son travail et sa fille, tout en prenant sur lui la douleur d'avoir perdu sa femme. Il a tout encaissé, sans jamais plier, sans jamais craquer. Il est tout simplement un héros, mon héros... je le regarde me ramenant à la maison, dans sa vieille voiture, qui a au moins depuis une éternité.
- Nom de Dieu mais tu vas avancer toi devant avec ta vielle Berline !, hurle-t-il
Alala, mon père et sa patience légendaire.
- Papa, c'est une place de parking pour le bâtiment, si tu attends qu'il bouge, on sera encore là la semaine prochaine !
- Pff, foutaise, je vis ici depuis des années et il n'y a jamais eu de place ici !
J'adore mon père, vraiment, mais il a du mal à comprendre que le monde change. Il braque le volant et tourne jusqu'à l'appartement de Maya. Elle a voulu que je vienne chez elle pendant que Sullivan est en conférence pour savoir si nous réintégrons nos postes respectifs. Pour être honnête, j'ai la boule au ventre rien que d'y penser...il se gare sur le parking d'un geste plutôt brusque et s'arrête.
- J'aurais bien aimé descendre mais je dois aller voir...
- Vas-y, pas de soucis, je sais me débrouiller seule !
- Passe le bonjour à Maya et sa copine !
Je lui souris et le salue de la main qui n'est pas enveloppé dans l'attelle de mon épaule. Je grimpe les escaliers et frappe à la porte de cette porte qui font resurgir en moi pas mal de souvenirs. Je me souviens qu'il a quelques mois, je suis resté pendant trois heures sur le palier parce que j'avais oublié mes clés et que Maya n'avait pas remis celle de rechange sous le paillasson comme d'habitude. La porte s'ouvre alors que je rigole toute seule en repensant à ce moments.
- Hey, Andy, entre, je t'en prie, s'écrie Carina toujours avec son fidèle accent italien
Maya à l'arrière, vêtue d'une veste en jean qui lui va à ravir, se retourne et me saute dans les bras, où plutôt dans le bras.
- Aie, Maya, tu sais que je t'aime, vraiment, mais là tu m'écrases l'épaule !
- Oh, je suis désolée, répond-elle en déposant un baiser sur ma joue
Elle attrape mon sac et le balance sur le canapé.
- Attends, assis-toi !
- Maya, je vais bien, j'ai pris une balle ok mais à ce que je sache, je ne suis pas morte !
Maya lève les deux mains en l'air pendant que Carina lui sourit, l'air de penser qu'elle avait raison.
- Qu'est ce que ça fait de se prendre une balle ?, demande Carina
- Honnêtement, je ne le recommande pas, disons qu'il y a plus agréable..., rester au chaud chez soi c'est bien aussi !
- Et lui, comment il était ?
Garett, elle parle de Garett...je suis sortie de l'hôpital depuis hier et j'ai du faire une déposition au commissariat, ou du moins, je devais. Malgré tout ce qu'il a pu faire, je n'ai pas été capable de dire du mal de lui, je ne saurais même pas du pourquoi.
- C'était un homme brisé...vraiment, cassé en deux par la mort de sa femme...je...je suis désolée !
Je crois qu'en reparler, c'est au dessus de mes forces.
Maya passe son bras autour de mes épaules et me serre contre elle. Mon avenir est en jeu entre les mains de l'homme que j'aime et je suis là, incapable de faire quoi que ce soit parce que je suis jugée trop faible. Mais bon, comme on dit, pas de nouvelles, bonnes nouvelles pas vrai ?
- On va pas pleurer hein ?
- Jamais, on pleure jamais nous, c'est juste de la poussière !
- C'est vrai que le ménage est fait beaucoup moins souvent depuis que tu ne vis plus ici Andy ! 
J'avale de travers. Vivre ici me manque, pas que je regrette de vivre chez Robert, où tout est organisé, où tout est différent mais j'aimais vivre  avec Maya, nos soirées télé improvisé devant des films romantiques beaucoup trop clichés pour nous en manger du chocolat à en exploser. Ou encore tous ces matins où Maya sautait sur mon lit pour venir me réveiller, que je lui balançais mon oreiller à la tête avant d'aller la rejoindre dans la salle de bain pour lui raconter mes problèmes pendant qu'elle me conseillait sous la douche. Cette routine me manque mais celle qui s'est organisée ces derniers mois me plaît tout autant...
- Bon, les filles, les gaufres sont encore chaudes, autant en profiter !, interrompt Carina en indiquant le plan de travail
- Vous avez fait des gaufres ? Mon dieu je vous aime, je vous aimais déjà avant mais là, je vous aime encore plus !
Je m'installe dans la cuisine et prends une bouchée de ce que je qualifie de délice gustatif lorsque que mon téléphone sonne : Robert. Le verdict tient au bout de mes mains...et je ne suis pas sûre d'être vraiment prête à l'entendre.
- Dépêche-toi de répondre !
Je m'éloigne quelques mètres plus loin et inspire un grand coup avant de répondre.
- Andy...
- Je t'en supplie, ne fais pas durer le suspense, j'ai juste besoin d'une chose pour être normal, excepté toi, mon boulot...alors s'il te plaît...fais de moi quelqu'un de normal...
- On est réintégré Andy, on garde tout les deux notre boulot !

 - On est réintégré Andy, on garde tout les deux notre boulot !

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.
STATION 19Où les histoires vivent. Découvrez maintenant