Prologue

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Je courrais aussi vite que mes jambes le pouvaient. Il fallait que je reste en mouvement, que je m'éloigne de mes poursuivants. J'avais peur, peur pour moi mais surtout pour mon enfant et mon mari. Je pleurais, mes larmes se mélangeaient à ma sueur et au sang qui coulait depuis mon arcade sourcilière droite. Je pleurais de peur et de tristesse, car si mes poursuivants étaient aussi nombreux et proches de nous, cela voulait dire que mon mari n'était plus.

Dans mon dos se trouvait un énorme bouclier, qui me protégeait de toutes les attaques possibles venant de derrière moi. Sur ma hanche était attaché un marteau de combat large. Mais le plus important se trouvait dans mes bras. Mon fils pleurait aussi fort que ses petites cordes vocales et ses petits poumons le pouvaient. Il avait peur et ma peur ne faisait qu'amplifier la sienne.

- Je suis désolée, si désolée..., dis-je à mon enfant en regardant devant moi, le regard paniqué.

Il fallait que j'atteigne la côte, que je prenne notre bateau pour trouver refuge dans la grotte marine où personne ne pourrait nous trouver. J'avais si peur pour mon enfant. Il n'avait même pas un an ! Quel pouvait être leur objectif ?! Je... nous n'avions rien fait de mal ! Nous avions certes hébergé et soigné un pirate du grand Barbe Blanche mais notre île était neutre ! Nous étions un peuple guerrier et nous savions nous protéger. Mais pour ma part, bien que je susse me battre j'étais encore trop faible, cela ne faisait que peu de temps depuis mon accouchement.

Je venais de quitter les hauteurs et j'arrivais à la cote. Nous y étions presque. J'allais pouvoir nous mettre en sécurité loin de ces personnes. Je vis sur notre ponton un ami, un très bon ami, le meilleur ami de mon mari, Bjorn. C'était un grand châtain très enrobé. Il ressemblait à un ours et en avait le physique ainsi que la pilosité. Il a toujours été avec nous depuis que nous nous connaissions, c'est-à-dire depuis notre enfance.

- Bjorn ! J... Aide-moi ! Lothart est... il s'est fait tuer par mes poursuivants ! Criais-je en m'approchant de lui. Aide-moi !

Il ne me répondit rien. Il était silencieux et tendit les bras pour que je lui confis mon enfant. Le combat n'avait jamais été son fort. Je lui faisais confiance pour garder mon enfant pendant que je me battais, après tout il en était le parrain. Du moins, je lui faisais confiance pour m'aider à garder mon enfant le temps que je me battais contre mes poursuivants. Ceux qui nous attaquaient étaient des soldats de la Marine. Je me battais comme une bête sauvage. J'étais la guerrière la plus forte de l'île, personne n'avait réussi à me battre à l'exception de mon Lothart, mon mari.

- Capitaine ! Elle est bien trop forte pour nous ! Cria un soldat à son capitaine qui était en arrière.

- Laissez-nous tranquille ! C'est île est neutre ! Nous n'avons rien fait de mal au vu de notre loi ! Partez pendant que vous le pouvez toujours sinon mourez ! Les avertissais-je.

Le capitaine se montrait enfin et se mit en avant de ses hommes bien décidé à en découdre avec moi. En à peine quelques attaques je le mis au sol et prête à lui fendre le crâne avec mon marteau. Alors que je prenais de l'élan pour le tuer comme me l'autorisait notre loi quand quelqu'un tuait un membre de notre famille.

- Astrid ! Abandonne ou je tue ton enfant ! Me menaça Bjorn dans mon dos.

Je me retournais et vis Bjorn menacer mon bébé avec un couteau sous sa gorge. Je me pétrifiais sur place. Que faisait-il ? Pourquoi faisait-il cela ? Il... Je ne comprenais plus ce qu'il se passait.

- Bjorn ! Pourquoi... ?

- Pourquoi ?! Car tu n'aurais jamais dû finir avec Lothart ! Tu es à MOI ! Et cet enfant, dit-il en affichant une expression de dégout, ne mérite pas non plus de vivre ! Sans cet enfant tu seras à moi ! Rien qu'à moi ! Et j'aurais été le nouveau Jarl ! Cette place me revient de droit ! Hurla-t-il.

Il égorgea mon enfant devant mes yeux. Je vis son sang couler et ses pleurs s'arrêtèrent. Animée d'une rage meurtrière je me jetais sur lui, prête à le tuer mais tous les soldats se jetèrent sur moi et une balle me traversa le dos n'étant plus protégé par mon bouclier que j'avais utilisé dans mon combat, ce bouclier me servant également d'arme. En me retournant, je pus voir que c'était le capitaine qui m'avait tiré dessus.

- Qu'est-ce qu'il t'a pris ?! Je la voulais vivante ! Je t'avais promis ton argent en échange de leur mort mais pas la sienne ! Cria Bjorn en laissant tomber le corps de mon enfant sans vie au sol comme si ce n'était rien.

- Elle l'a cherchée cette sal***!

- Et comment je vais justifier tout ça ?! 

- Tu n'as qu'à dire que c'est elle qui a fait ce massacre ! Hurla le capitaine comprenant l'énorme erreur qu'il venait de commettre. Mais tu dois tenir parole, à partir de maintenant et me donner toutes les informations nécessaires pour me faire gagner de l'argent et des galons. J'ai respecté ma part du marché, maintenant à ton tour.

- Tu as ma parole, mais que tes hommes se taisent, sinon tu sais ce qu'il adviendra.

Mon cœur se déchirait et ma vue devenait trouble. Pris par une force inconnue je pus me redresser avec mes armes en main. Je pus remettre mon bouclier et mon marteau en place, prendre son petit corps sans vie et plonger dans la mer et nager en direction de la grotte.

Une fois en sécurité dans la grotte que personne ne connaissait, je me mis à serrer mon tout petit dans mes bras, les larmes coulant à flot. L'île allait bientôt savoir ce qu'il s'était passé de la bouche de Bjorn et ils allaient le croire, lui, plutôt que moi. Il fallait fuir.

Je n'avais rien pour me soigner dans mon abri, n'ayant pas eu le temps d'accumuler ce qu'il nous fallait, mais j'avais des réserves de nourriture et autres choses. Avant de partir, il fallait que j'enterre mon enfant. Il lui fallait une sépulture pour sa mémoire, même si je me sentais responsable ne pas pouvoir en faire de même pour mon mari. Je fis un trou profond, enterrais la dépouille de mon enfant que j'avais enroulé dans un linge propre et enfermé dans une boite que j'avais trouvé, et fis une stèle de fortune pour lui avec quelques planches.

Je montais sur le bateau que nous avions caché avec mon mari. Il était déjà chargé de nos affaires, si jamais les choses tournaient mal un jour. Mes blessures me faisaient mal et saignaient encore mais il fallait que je parte le plus loin possible dans un premier temps. Une fois assez éloignée de tout cela j'allumais une bougie et coinçais une lame au-dessus. En attendant que la lame chauffait à blanc j'enfonçais mes doigts dans la blessure pour extraire la balle comme je le pouvais. Je pris ensuite une bouteille d'alcool fort, en bus et arrosais la plaie en serrant des dents à cause de la douleur. Je coinçais ensuite un morceau de tissus entre mes dents, me saisissait de la lame chaude et l'écrasais sur la blessure pour la cautériser. Ensuite, ce fut le noir complet. 

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