Renaissance

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"Devient ce que tu es".Disait Nietzsche.

La brise de la mer effleure mes narines et l'impression de marcher sur du coton me saisit.La paix intérieure,c'est ce que j'avais en ce moment précis au bord de la plage de San Benedetto,en Italie.En deux ans,tout est encore si beau ici,le bleu de la mer était d'un naturel bouleversant,les rayons d'or du soleil donnant une lueur dorée au sable blanc.Cet endroit avait clairement échappé à la pollution du monde.
Il est l'heure pour moi de rentrer.C'est dimanche aujourd'hui,donc pas de voiture ni de bus,balade à pied,un peu de shopping, réflexion et une fois "chez moi",j'appelle la famille.

Une vie entière,vécue en deux ans.C'est comme ça que je préfère intituler cette étape de ma vie.
Avec ma sœur,Marie,on a fait le sacrifice qui incombait à donner du lait caillé aux ancêtres,ensemble au village.Apparemment,c'est ce non respect de la demande des ancêtres qui expliquerait les nombreuses fausses couches de Marie.Nous avons tardé à le faire mais,les circonstances!C'était une semaine avant mon départ.Nos grands-parents nous ont gâtées,tous les villageois venaient nous rendre visite avec des cadeaux de bienvenue.Entre les promenades,les visites,les fêtes,je m'étais surprise à aimer la culture lyndianoise.Ce village illustre la téranga(l'hospitalité)sénégalaise,même le plus démuni était le plus généreux.Marie était ébahie par tant de gentillesse,c'est en quelque sorte normal pour elle,elle a grandi dans les quartiers chics de Dakar où chacun vit pour soi.Moi,les clientes de maman m'habillaient,ses voisines m'achetaient le *rico,les vieux priaient pour nous,nous allions demander du sel à la maison d'en face,les *talibés nous permettaient quelques bouchées de leurs bols remplis de différents *thieb et le meilleur pour la fin,tout le monde pouvait se permettre de corriger l'enfant de quelqu'un:c'était l'éducation collective quoi!
La solidarité banlieusarde,je l'ai vécue,même si la banlieue a hélas une mauvaise réputation qui la précède au point de voiler sa bonne facette.

(*rico: petit cornet de crème glacée à 50francs et qui faisait pleurer les enfants s'ils en avaient pas😂.
*talibés:enfants étudiant dans les écoles coraniques et qui mendient pour pouvoir manger à leur faim.
*thieb:riz).

Dès le rituel fini,je demandai à ma sœur de se préparer à rentrer car j'ai beau apprécié le village,son mode de vie,la famille élargie qui y était,je n'y étais pas à l'aise.

Marie:Tu as l'habitude de donner des ordres et je ne les acceptais que parce que je me sentais coupable d'avoir douté de toi.Mais c'est fini tout ça.Nous avons dit à tout le monde que nous allions faire une semaine et toi en seulement quatre jours,tu veux qu'on rentre?Tu n'aimes pas ici?Haussa t-elle un peu la voix pour finir

Moi:Ce n'est pas ça.Répondis-je tout bas et attendis des secondes avant de continuer dans un murmure,maman avait tort.

Marie:À propos de quoi?Demanda t-elle en se levant de la natte.

Moi:C'est toi la plus forte de nous deux.Tu étais certe,plus faible physiquement mais c'est toi qu'elle aurait dû prendre avec elle,elle me prit la main et mes larmes coulèrent simultanément,tu n'aurais pas commis toutes ces erreurs,tu......

Marie:Hey,arrête de dire des sottises.C'est toi qui as vécu des attrocités,pas moi.Si j'étais à ta place,je n'aurais peut-être pas supporté.Il faut que tu apprennes à te pardonner et sache que tu as une famille qui t'accepte comme tu es et qui sera toujours là pour toi.
Elle me serra très fort avant de me faire savoir qu'on pouvait passer la nuit afin d'avoir le temps de prévenir le village de notre départ.Et naturellement,j'ai acquiescé.

Cette discussion résonnera,sans doute,éternellement en mon sein.Sur cette pensée,j'ouvris la porte de mon appartement.Je l'ai reluqué comme la première fois et je prit conscience d'à quel point les gens de mon pays,ma famille et surtout lui me manquaient.Mais c'est le sacrifice à faire,je dois assumer mon choix.Le choix?L'avais-je vraiment?Je ne crois pas l'avoir eu.Bien que vous vous dites sûrement que tout le monde a le choix.Partir était la seule et unique solution qui se présentait à moi.Que se serait-il passé si j'étais resté au bercail?Je m'enfermerais dans ma chambre,je n'aurais voulu voir personne et je n'aurais pu supporter qu'on me nourrisse chaque jour.
Je n'aurais tout simplement pu supporter le regard de la société car je m'y considère comme un livre ouvert,mon vécu serait peut-être à découvert.

Incomprise (Terminée)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon