Des forces de la nature #3

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Après la séance du jeudi, le week-end arrivait à grands pas, et Castiel, s'était senti terriblement faible et mal le vendredi qui avait suivi. Il avait passé sa journée à ruminer dans son appartement, à faire les cents pas et à changer de position dans son canapé. C'était difficile pour lui de le dire, mais il était un déchet humain depuis son accident, et aussi stupide que ça lui paraissait, les séances de rééducation qu'il subissait étaient sa seule activité qui lui évitait de tourner en rond comme un vieux chien sénile. 

Samedi soir, il était sorti. Il était entré dans un bar huppé et n'en était ressorti que quatre heures plus tard, complètement soul. Il avait pris un taxi et s'était trouvé débile sur le pas de sa porte, alors qu'il ne savait même plus quelle clef déverrouillait la serrure. 

A l'intérieur, il avait passé la soirée à pleurer et le dimanche n'avait été que dormir, ruminer, se morfondre et regarder des émissions inintéressantes à la télé. En fin de soirée, sur un coup de tête, il avait créé un profil Tinder, utilisant une de ses photos d'avant. 

Il avait fait défiler les profils et avait sélectionné trois types, qui semblaient intéressants. Il avait discuté avec les trois, deux d'entre eux n'avaient pas donné suite quand il leur avait annoncé son état physique, le troisième, avec qui il avait eu rendez-vous dès le lendemain midi, avait coupé court à la conversation quand Castiel avait osé retirer son écharpe et son manteau. 

Il était rentré chez lui, seul, encore noyé dans les verres de whisky et il s'était endormi à dix neuf heures sans manger. 

Le lendemain, il allait à nouveau conduire jusqu'à la clinique, et ces derniers jours, il avait oublié qui il avait rencontré la dernière fois. Ce n'est qu'en entrant dans la salle de rééducation, qu'il s'était souvenu de sa discussion avec le type au fauteuil et qui, lui, ne l'avait pas jugé un instant, bien qu'il ne connaissait encore rien de son parcours. 

La kiné remarqua assez facilement les jours difficiles marqués sur le visage de son patient, mais elle ne fit aucun commentaire, décidant de le laisser dans ses pensées. Le simple fait qu'il venait toujours à ses séances prouvait qu'il désirait réellement aller mieux, même s'il n'en n'était pas convaincu. 

Il avait appliqué tous les exercices sans broncher, soufflant du nez de temps à autre pour laisser paraître son mal être et son impatience, et cinq minutes avant la fin, il demanda à ce que leur séance s'arrête là et qu'il puisse profiter un peu du soleil à l'extérieur. 

Elle le libéra, et il se dépêcha de prendre la place sur le bout du banc. Cette fois, il pris un café dans la machine. Et son instinct le poussa à en prendre un deuxième. 

Discrètement, il observait dans le reflet de la vitre, les gens qui s'activaient dans son dos. Les médecins les soutenaient, les aider à avancer, reculer, les encourageaient, et il y avait ce docteur, qu'il connaissait de vue, qui tenait fermement le bras d'un homme qui venait de se hisser sur deux bout de fers, imitant des jambes. 

Ses bras tremblèrent comme des feuilles sur les barres latérales, mais il essaya très vite d'avancer. Ses jambes ne suivaient pas, il s'essoufflait, son front luisant de sueur, et un médecin était même venu en soutient pour le retenir au cas où il tomberait en avant. 

Castiel laissa ses pensées s'envoler, curieux. Comment se type s'était-il retrouvé dans cet état? Il appréciait l'idée de le croire militaire et que son convoi s'était retrouvé dans un champ de mines, mais il n'en avait ni la carrure, ni la coupe, ni le comportement. Il ressemblait plus à un civil, à qui on aurait fait une mauvaise blague et dont la rancune, tenace, se vouait contre le monde entier. 

Castiel voulait paraître le plus discret, mais il devait se l'avouer, il avait plus l'air d'un psychopathe en pleine contemplation de sa prochaine victime. Il décrocha ses yeux du type et les posa sur le jardin à l'extérieur. Enviant pendant quelques instants, les gens qui arrivaient à apprécier ce genre de chose sans se poser de soucis, alors que pour lui, la plus grande victoire qu'il avait eue récemment, c'était d'avoir pu se gratter le bas du dos sans se faire mal. 

OS Destiel & MultiverseDonde viven las historias. Descúbrelo ahora