Mission #5

167 22 5
                                    

Il faisait de plus en plus froid. Une porte était ouverte quelque part. Au bout d'un couloir, derrière une bâche ou dans un vieux local. Peut-être que Jimmy hallucinait, à vrai dire, il avait perdu la notion du temps il y a un bon moment déjà. Est-ce qu'il était là depuis des heures ou des jours? Pas la moindre idée. Ruffalo n'était pas encore revenu mais il n'allait pas s'en plaindre. Jimmy se remettait doucement de ses émotions et essayait tant bien que mal d'affronter la douleur. Une mouche se posa sur la coupure de sa main, et bizarrement, son ventre se mit à gargouiller. 

Il s'humecta les lèvres, pâteuses et sèches. 

La bâche craqua, il entendit un verre craquer. Quelqu'un venait d'entrer. Une assiette apparue dans son champ de vision, il sourit inconsciemment. La main avec le tatouage lui tendait son repas.

-Il faut que tu manges.

Jimmy releva difficilement la tête, atteint par une profonde fatigue et par des courbatures.

Dean se tenait devant lui, le visage fermé, il ne le regardait même pas dans les yeux. Jimmy regarda ses mains et d'un signe de la tête, il fit remarquer au criminel qu'il était attaché. Celui-ci tira une chaise et s'assit en face de lui. Il prit une cuillère de purée et la mis devant la bouche du prisonnier. 

-Mange.

Jimmy lorgnais sur le couvert, la douce odeur de pomme de terre lui donnait l'eau à la bouche et son ventre grognait, mais il ne prit pas la peine d'ouvrir la bouche. Il tourna la tête. 

-Pourquoi tu fais ça Dean...

Il reposa la cuillère d'un geste brusque.

-Pourquoi je fais quoi? 

-Pourquoi tu le laisse me torturer? J'ai...J'ai cru qu'on pourrait devenir amis après tout.

-On aurait pût, sauf que tu es un flic. Je ne suis pas ami avec les flics.

Il aurait dû s'en douter. Il avait espéré se tromper et peut-être que le châtain n'était pas si méchant, mais c'est lui qui le surveillait et qui le nourrissait à la petite cuillère alors qu'il aurait pût l'aider.

-Va te faire voir. 

Dean leva les yeux au ciel et il se releva. Il posa l'assiette sur la table et s'en alla. Jimmy baissa les yeux. 

Plusieurs heures s'écoulèrent ainsi, Dean revenait à chacune d'entre elles pour essayer de nourrir le blessé, mais celui-ci refusait à chaque fois. Son ventre lui faisait mal et il se sentait faible, mais il ne céderait pas. On l'avait déjà suffisamment humilié comme ça. 

-Pourquoi tu ne veux pas manger? Avait fini par demander son géôlier. Tu dois reprendre des forces, tu fais peur à voir.

-La faute à qui?

Il ne dit rien. Il attendit quelques minutes et recommença son manège. Soixante minutes plus tard, il était de retour. La torture physique c'était arrêtée, mais on le blessait psychologiquement maintenant. Le voir, tenir son assiette et le fusiller du regard était limite pire que de se faire taillader la peau. Il pensait vraiment ce qu'il disait; il aurait aimé devenir ami avec le châtain, mais celui-ci n'était pas vraiment de son avis à vrai dire, et ça lui faisait de la peine. Il ne fallait pas qu'il le fasse voir.

Quand Dean revint pour la neuvième fois, il n'était pas seul. Jimmy reconnu les pas lourds et irréguliers de son pire cauchemar actuellement. 

Ruffalo apparu devant lui, un sourire sur les lèvres, dans une nouvelle tenue.

-Alors, la princesse. Tu as bien dormi? 

La nuit était passée. Depuis quand était-il là? Que faisaient ses collègues, pourquoi n'étaient-ils pas là?

Jimmy n'avait plus son portable, mais il se souvint d'un détail. Lentement, il baissa la tête vers sa chemise et du coin de l'œil, il regarda le bouton noir qui devait cacher la caméra. Elle tournait toujours, il en était sûr. Charlie réussirait à le retrouver. 

-J'ai fait des tas de rêves étoilés, les meilleurs de ma vie, merci de demander.

Imbécile! Arrête de faire l'arrogant.

-Tant mieux, j'ai besoin que tu restes éveillé le plus possible, histoire que je ne parle pas tout seul. 

Il retroussa une à une ses manches, en prenant son temps délibérément pour forcer sa victime à redouter chaque secondes qui la mènerait indéniablement vers la douleur. Il rouvrit la mallette et fouilla à l'intérieur. 

-Je suis d'excellente humeur aujourd'hui, reprit-il, alors je te laisse deux chances avant de te faire mal. Alors Jimmy, pourquoi les poulets s'intéressent à nous?

-Peut-être parce que vous tuez des gens, grinça-t-il en serrant les dents.

-Bip! Mauvaise réponse, recommence. 

Jimmy se tortilla sur sa vieille chaise. Il sentait que la pince dans la main droite du ravisseur n'avait rien de sympathique. Il déglutit.

-On a rien sur toi, on a pas encore eut le temps de monter un dossier.

-Qu'est-ce que vous savez? 

-Tout. 

Ruffalo accouru vers Jimmy, qui ferma les yeux, terrifié, attendant la douleur, mais le patron s'arrêta à quelques centimètres de la chaise. 

-Ne joue pas au plus malin avec moi Novak. Je peux vite perdre patience. 

Jimmy reprit sa respiration de façon saccadée. Il jeta un regard de supplice au garde plus en retrait, qui ne disait rien, mais qui ne regardait pas pour autant. 

-Le poste de police n'aurait pas infiltré un gars sans raisons, alors dis-moi ce qu'ils savent et peut-être que je te laisserais vivre. 

Jimmy baissa les yeux et cracha un gros mollard sur les basket noires du blond. Celui-ci siffla entre ses dents et asséna un coup d'une puissance phénoménale dans la mâchoire carrée de l'homme, qui craqua sous la dureté de la clé. 

Ruffalo la laissai tomber à terre, et tandis qu'il continuait à poser ses questions, il envoyait des coups de poings entre chaque phrases, déversant toute sa haine au passage. Jimmy sentit sa lèvre éclater, son nez, déjà brisé se remettre à saigner, et son œil droit gonflait à une vitesse fulgurante. Sa gorge était nouée, comme scellée, il n'arrivait presque plus à respirer. Il essayait de parler, de lui supplier de s'arrêter, mais les coups étaient beaucoup trop rapprochés, il n'avait pas le temps de sortir un mot. On parla pour lui.

-Mark! Cria Dean qui s'était avancé. Arrête!

L'intéressé se retourna, plus perturbé qu'outré.

-Quoi? Pourquoi?

-Tu vas le tuer! On ne fait pas ça, j'ai pas signé pour tuer des flics! 

Mark se redressa et s'approcha du garde. Il colla la pointe de ses pieds à celle du gars et planta ses yeux noirs dans ceux, légèrement inquiets du châtain.

-Qu'est-ce que t'as Dean? Tu me fais une crise? C'est quoi ton problème? Toi aussi t'es un flic?

-Quoi?! Mais non! Pas du tout! Mais regarde le, comment veux-tu qu'il parle si tu le tues?

Dean s'approcha et pris le visage du blessé dans sa main. Elle pendait mollement, inanimée. 

-Il va lâcher, il faut le laisser tranquille. 

Il se releva et fixa son patron, le regard sérieux et autoritaire. 

-T'as peut-être raison gamin. Je vais aller m'aérer l'esprit, et tu viens avec moi, il faut qu'on discute. 

Ruffalo disparu, et Dean, resta planté là quelques instants, il regarda Jimmy et partit lui aussi, son ombre disparue au même moment où un faible "merci" franchit les lèvres du policier.





Coucou! Petit message juste pour vous remercier des votes et vous pouvez me dire si les petites "séries" comme celle-là vous plaisent pour savoir si j'en ferais d'autre. Vous pouvez aussi me dire ce que vous pensez de l'histoire entière en commentaire :)

Bisous

OS Destiel & MultiverseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant