𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚞𝚗

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Bonne lecture !

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Dans le palais enflammé, le prince marchait d'un pas presque tranquille en direction du grand hall.

Sous ses épais vêtements en tissu recouvert d'argent, il transpirait légèrement et soutenait le lourd poids de sa cape sur ses épaules droites. Ses bottes en cuir faisaient claquer ses talons sur le sol en carrelage poussiéreux, mais il les entendait à peine car les grandes allées de son palais personnel étaient envahies de bruits résonnant contre les immenses murs et les plafonds arc-boutés.

Au-dehors, on pouvait entendre des cris de toute sorte : des hurlements, de la douleur, des ordres, des pleurs. Les fenêtres brisées laissaient facilement passer les sons qui remplissaient la capitale, des cloches de la cathédrale centrale devenues folles au moment où les remparts avaient cédé, jusqu'aux craquements immenses des habitations qui brûlaient depuis les extrémités de la ville.

Une nouvelle vitre se fissura lentement au-dessus d'Oikawa, juste sur sa route alors qu'il passait à côté sans même regarder, et elle finit par éclater en morceaux une fois qu'il atteignit le bout d'un couloir.

Devant lui, l'épée levée et le regard sombre, son chevalier restait sur ses gardes. Son corps tendu se faisait encore plus rigide à chaque fois qu'ils dépassaient ensemble une intersection, et le hall paraissait plus loin à chaque pas.

Souvent, il se retournait vers le prince pour vérifier qu'il avançait encore derrière lui de ce pas lent. Oikawa n'avait plus sa propre épée, et Iwaizumi ne savait pas ce qu'elle était devenue : parfois c'était comme ça, il n'était pas au courant de tout. Comme à présent.

Qu'est-ce qui se passe ? pensa Hajime.

Oikawa était sorti de sa chambre au moment où les cloches avaient commencé à retentir. Iwaizumi, qui attendait comme toujours devant sa porte lorsqu'il désirait être seul, s'était immédiatement retourné pour entrer de force quand la porte s'était ouverte. Oikawa n'avait rien dit : pas un mot. Seulement un petit mouvement de tête pour lui ordonner de le suivre, et un air irrité qu'il affichait désormais à chaque fois que l'un de ses gens se faisait tuer dans les grands jardins dont il avait ordonné la construction.

C'était un véritable massacre, et Iwaizumi n'était au courant que des choses les plus simples : le roi avait fait rentrer son armée pour l'hiver rude qui s'annonçait, et apparemment le royaume voisin, Shiratori, en avait de toute évidence profité.

Une nouvelle vitre éclata sur leur passage, et Iwaizumi resserra ses mains autour de la poigne de son épée. Elle était lourde dans ses paumes, comme d'habitude, et cela avait toujours le don de le rassurer un peu. Mais aujourd'hui, devant le visage impassible de son prince, devant ses yeux assombris et son pas faussement lent, il ne savait que penser.

— Votre Altesse..., commença-t-il d'une voix lourde.

Il ne posait jamais de questions. Hajime avait toujours suivi les vœux qu'il avait prononcés ce jour-là, quand il s'était agenouillé devant ce qui était à l'époque le second prince du royaume. Il n'était qu'un enfant, comme lui, mais Iwaizumi Hajime n'avait jamais douté : je vous protégerai, je vous offre ma vie et ma confiance.

Il l'avait fait. Toujours. Mais à présent, les choses lui paraissaient désespérées. Si ces intrus réussissaient à pénétrer dans ce palais, nul doute qu'ils leur trancheraient la tête a tous les deux, pour mettre celle du prince sur une pique à l'entrée de la ville. Cette pensée lui retournait l'estomac, faisait bouillir son sang, et attaquait fortement sa fierté de chevalier.

Ad Vitam Aeternam | UshiOiWhere stories live. Discover now