𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚍𝚎𝚞𝚡

247 45 0
                                    

Bonne lecture !

_________________________

L'aube pointait dans le ciel nuageux, derrière la ville en contre-bas.

Sur le plateau, foulé par un vent glacial à cette heure avancée, Oikawa évita une attaque sur sa droite et plongea sur le sol dur. Il roula agilement, se releva, et envoya son bras vers Iwaizumi qui se tordit au dernier moment, une expression concentrée aggravant ses traits.

Le bruit de leurs épées, cette fois bien en métal, résonna sur le terrain d'entraînement.

Oikawa laissa un sourire plein d'adrénaline étirer ses lèvres. Il se sentait bien, puissant, plein d'une rage qu'il voulait à tout prix écarter de son esprit. Ses bras tremblaient, son ventre se tordit d'excitation, et il fut sur son chevalier à peine une seconde plus tard. Un petit saut, et Hajime para avec difficulté. Il tenta de faucher les jambes de son prince, mais ce dernier se décala et il assena un coup de pied qui l'envoya au tapis.

Leurs fines chemises n'étaient pas suffisantes pour les protéger du froid, mais aucun d'eux ne le ressentait vraiment. Cela faisait plus d'une trentaine de minutes qu'ils s'entraînaient dans le noir, et seules leurs respirations haletantes couvraient le silence. De la sueur coulait le long du dos d'Oikawa, et il leva la main pour essuyer brièvement sa tempe.

Le regard perçant, il attendit qu'Iwaizumi se relève. Son propre corps était couvert de frisson, attendant simplement le moment où il pourrait à nouveau se jeter comme une véritable bête sur son partenaire d'entraînement.

Ce dernier se racla la gorge et secoua la tête pour se reprendre. Il ne prononça pas un mot, il ne demanda pas de pause ; simplement son épée en garde, et ses appuis retrouvés.

Le prince fut sur le point d'attaquer à nouveau quand quelqu'un se racla la gorge derrière lui. Il se retourna brusquement, rencontrant un regard un peu intimidé qui le devint encore plus en avisant son expression.

Un soldat un peu plus couvert qu'eux, avec deux autres camarades. Ils paraissaient attendre là depuis déjà quelques minutes.

— On ne voulait pas vous interrompre, mais...

— C'est ce que vous avez fait, pourtant, grogna Oikawa.

Il essaya de refréner son envie de se battre encore, sa soif qui n'était pas encore tout à faire satisfaite, et se redressa. Iwaizumi fit de même en mettant un genou à terre.

— Qu'est-ce que vous voulez ?

La politesse n'avait pas sa place sur le terrain. Il les fusilla du regard, jusqu'à ce que l'homme du centre s'avance un peu. La brume était moins dense ce matin.

— Je... la dernière fois, vous avez...

Haussant les sourcils dans un « oh » compréhensif, Oikawa reconnut les soldats de la dernière fois, effectivement. Celui qui venait de parler avait cherché à faire le malin, et il s'était fait un plaisir de l'envoyer valser en le menaçant au passage.

Il pensait que ça aurait suffi pour qu'on le laisse tranquille, mais apparemment les hommes d'Ushijima avaient la tête dure.

— Ça ne vous a pas suffi ? J'ai encore de l'énergie, si vous voulez une autre leçon.

Les deux acolytes échangèrent un regard. Ils semblaient penser que c'était une mauvaise idée, mais leur ami s'avança d'un pas.

— Je suis là pour m'excuser.

— T'excuser ?

Il ne s'y était pas vraiment attendu. Chez lui, dans son royaume et sa cour, la fierté passait avant tout. Il haussa un sourcil.

— Vous êtes très bon combattant. Je le reconnais et je vous présente mes excuses pour la dernière fois.

Ne trouvant rien à y redire, Oikawa se contenta de hocher la tête.

— D'accord. Je vois. Étonnant, mais excuses acceptées. Autre chose ?

Iwaizumi aurait bientôt fini de récupérer, et il voulait reprendre leur combat rapidement. S'il ne se défoulait pas maintenant, il risquait de ne pas pouvoir penser clairement plus tard.

— Je... voulais vous demander une faveur. Enfin, on voulait le demander tous les trois.

Il se retourna à demi pour fusiller ses amis du regard, et ces derniers hochèrent vivement la tête. Il reprit, voyant qu'Oikawa attendait la suite :

— Je sais que vous n'avez aucune raison d'y accéder, mais vous êtes vraiment un bon combattant. Est-ce que vous pouvez vous entraîner avec nous ?

— Avec vous, répéta-t-il lentement en articulant.

Ils étaient plus jeunes que lui, et témoignaient à présent un certain respect à son égard. C'était bien, mais pas suffisant.

— Vous voulez un professeur, ou ai-je mal compris ?

Le plus courageux rougit. Les deux autres blanchirent un peu.

— Je... oui. S'il vous plaît.

Oikawa ouvrit la bouche pour refuser, mais les mots ne sortirent pas. Sa tête se calma, refroidit son esprit en lui chuchotant de réfléchir un instant, alors il referma les lèvres. Se tournant vers son chevalier, il l'étudia une seconde, puis fit de même avec les trois bons petits soldats qui avaient apparemment eu une bonne leçon d'humilité.

Il leur offrit un sourire un peu cruel.

— Je n'ai pas la réputation d'être tendre.

Ils déglutirent.

— C'est... très bien.

— Vous aurez des bleus. Je ne suis que très peu souvent satisfait. Si vous n'en valez pas la peine, je ne changerais pas d'avis.

Mais celui de devant, plutôt que de faire marche arrière, sembla soudain s'embraser. Il se redressa et leva le menton. Son regard était plus intéressant que les deux froussards derrière lui.

— Vous n'avez pas besoin de prendre de gants. J'accepterai n'importe quel exercice.

— Bien.

Son adrénaline revint au galop alors qu'il lança son épée en direction d'Iwaizumi. Ce dernier la rattrapa au vol.

— Voyons donc ce que vous voulez au corps à corps. Donnez-vous à fond, si vous voulez garder vos dents.

_________________________

👑

Ad Vitam Aeternam | UshiOiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant