𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚝𝚛𝚎𝚒𝚣𝚎

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Bonne lecture !

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Allongé dans l'eau chaude, les yeux levés vers le plafond, Oikawa essayait de se calmer. Ses mèches humides tombaient parfois sur son front, dépassant de son champ de vision, et il n'avait même pas la force de lever le bras pour les dégager.

Il restait là, épuisé, profitant de l'eau fumante qui lui picotait la peau.

En revenant dans sa chambre, tandis qu'il avait lâchement tenté de semer le garde royal qui avait attendu là le temps de son entrevue, Oikawa avait immédiatement fait appeler une servante pour qu'elle lui prépare un bain. Le plus chaud possible. Il s'était laissé tomber sur son lit, avait renvoyé Hajime dans sa propre chambre sans explication, puis était resté là sans bouger jusqu'à ce qu'une femme vienne lui dire que tout était prêt.

Il s'était déshabillé sans attendre, et avait plongé tout entier en retenant sa respiration le plus longtemps possible. Oublier, reprendre son calmer, ne pas se laisser avoir.

Faire comme si de rien n'était était difficile, même pour lui. Les images et les sensations s'imposaient, alors même qu'il tentait de reprendre le dessus, et les souvenirs se faufilaient dans les failles qu'il n'avait pas rebouchées à temps.

Il s'énervait. Il s'énervait de réagir ainsi, après toutes ces années, d'être aussi sensible à quelques souffles et des paroles sans grand sens. Il le voulait, bien sûr qu'il n'était pas idiot au point de se mentir ainsi, mais il voulait contrôler, maîtriser, c'était lui qui devait mener la danse, et non l'inverse.

Lentement, il sortit des doigts et les observa, les lèvres serrées. Ils tremblaient. En vérité, il tremblait tout entier.

— Je suis... vraiment ridicule.

Il prit une grande inspiration, au moment même où quelqu'un toquait deux coups à la porte. La personne n'attendit pas de réponse. Oikawa tourna la tête vers la servante qui venait d'entrer, le visage lisse et le corps détendu.

La première chose qu'il remarqua, ce fut qu'elle n'était pas avec le roi.

Elle referma derrière elle, et fit le tour de la baignoire pour déposer des vêtements propres pour la nuit. De dos, elle dit :

— On dit que vous êtes doué pour cerner les gens.

Sa voix était douce, jeune, mais bien trop mesurée. Elle portait une natte repliée en chignon à l'arrière de la tête, et des vêtements presque neufs. Un tissu noir sans taches, et un tablier blanc éclatant.

Oikawa soupira.

— Oh, c'est ce qu'on dit ?

Elle se retourna, et ses yeux sombres parlèrent à sa place. Le prince ne montra rien, mais il aurait bien aimé que cela arrive un autre soir. Mais malheureusement, le monde ne s'arrêtait pas de tourner à son bon vouloir. C'était bien dommage.

— On dit beaucoup de choses sur vous. Surtout en ce moment. Vous vous êtes fait remarquer aujourd'hui.

Lentement, il posa son coude sur le rebord de la baignoire et détourna son regard jusqu'à la fenêtre. Il fut étonné de voir autant d'étoiles. Aucun nuage.

— Je pense qu'on a toujours dit beaucoup de choses sur moi, ma jolie. Maintenant je ne voudrais pas me montrer grossier, mais je suis nu et vous êtes dans ma salle de bain.

— C'est le seul endroit où nous ne prenons pas le risque d'être écoutés.

— J'en conviens. Et ce n'est pas ce que je voulais dire. Dépêchez-vous simplement, passez outre la causette voulez-vous ?

Ad Vitam Aeternam | UshiOiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant