𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝

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Bonne lecture !

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Oikawa s'installa posément sur l'une des chaises du jardin. À l'abri du ciel grisâtre sous le kiosque en marbre blanc, il n'eut même pas à dire un mot pour qu'une femme habillée d'une robe noire s'incline avant de partir en quête de l'habituel plateau de thé.

Derrière lui, toujours aussi sérieux, Iwaizumi parcourut les allées fanées du regard. Il repéra des servants occupés à balayer le dessous des arbres et des fenêtres, et des jardiniers qui coupaient les derniers buissons qui venaient de se dénuder pour l'hiver.

Oikawa se retourna à demi pour l'observer avec calme, puis reprit sa position afin de profiter de la vue. Il inspira l'air frais, bien à l'abri sous ses vêtements. Quand son esprit était aussi dégagé et clair, le prince ressentait et voyait toutes ces choses qu'il adorait : il était fatigué, certes, mais ses yeux pouvaient se fixer sur le ciel, sur ces branches lourdes que les hommes coupaient avant de les charger dans une carriole, sur ces chevaux en train d'être amenés à l'écurie qui devait se trouver derrière. Ces hommes et ces femmes, leurs expressions, leurs discussions, leurs sourires.

Dans les bals, il avait mis un moment avant de se trouver une autre occupation que la fuite. Ces nobles étaient difficiles à déchiffrer, au départ. Il s'était confronté à des échecs, à des erreurs de jugement ; il avait manqué de se prendre des baffes, avait fait rater des alliances, s'était retrouvé avec trois assassins dans sa chambre en une même nuit, et avait même fait pleurer un enfant.

Mais il avait grandi, et à présent Oikawa pouvait observer l'activité de ce beau monde, ce cette scène de théâtre aux dimensions immenses, et en apprécier chaque acte. Sa vie, tout comme la leur, n'était qu'un pion sur l'immense échiquier du temps.

Il sourit.

— Tu m'as l'air plus confortable, dit-il à haute voix, et il sentit que son chevalier se retournait vers lui.

Iwaizumi ne répondit pas tout de suite.

— Vous trouvez ?

— Les premiers jours, tu bondissais presque à chaque murmure.

Il grommela dans son coin. Oikawa ne le regarda toujours pas.

— Je ne bondissais pas. J'étais prudent, voilà tout.

— Et maintenant tu ne l'es plus ?

Sa question ne le poussa pas, comme il s'y était pourtant attendu, à s'énerver. Il répondit calmement :

— C'est différent. Cet endroit est différent.

Oikawa hocha la tête. Il comprenait.

— Tu es triste ?

Iwaizumi sembla hésiter ; c'était simple, pourtant, mais il y avait tant de choses pour lesquelles être triste. Le prince précisa :

— Ton père est mort pendant l'attaque.

— Nous n'étions pas proches. Pas plus que vous et le roi.

— Mais c'était ton père. Es-tu triste ?

— L'êtes-vous ?

Non, il ne l'était pas. Mais lui, c'était différent : Hajime était plus un homme que lui. Un vrai, un noble de cœur et d'esprit.

— Je ne le suis pas, répondit-il.

— Moi non plus.

— Bien. Tant mieux. Aimais-tu notre royaume ?

Ad Vitam Aeternam | UshiOiWhere stories live. Discover now