𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚌𝚒𝚗𝚚

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Bonne lecture !

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Assis au bureau de sa chambre, à la flamme de la bougie, Oikawa noircissait parchemin sur parchemin. Cela faisait des heures que la nuit était tombée, et malgré sa fatigue il ne se sentait pas encore prêt à aller dormir.

Iwaizumi se reposait dans sa chambre, et lui était là, le dos douloureux et le poignet engourdi, à gratter sa plume encore et encore en vidant l'encrier qu'il avait volé discrètement dans le bureau d'Ushijima. Sa tête douloureuse parvenait encore à se concentrer sur les pages devant lui, et Tooru renifla.

Au-dehors, les températures formaient une petite couche de gel au coin des fenêtres, et plus tôt dans l'après-midi Oikawa aurait juré voir des flocons tomber. C'était un spectacle fascinant, qui n'avait duré qu'une dizaine de minutes, mais c'était déjà ça.

Il pencha son parchemin pour y dessiner un schéma précis, et y annota tout le nécessaire.

Sa peau frissonnait largement depuis déjà plusieurs heures. Son nez coulait par intermittence, et il sentait sa concentration faiblir de plus en plus. Il avait pourtant remis un châle sur ses épaules, mais son entraînement en chemise légère l'avait peut-être plus abîmé qu'il ne le pensait. En se refroidissant pour entraîner ces bras cassés, il n'avait même pas pensé à remettre un manteau.

Dans un soupir un peu rauque, il reposa sa plume et attrapa les six parchemins qui étaient déjà secs. Tout en regardant le vide, il attendit quelques minutes en toussant légèrement que le dernier en fasse de même, puis les roula soigneusement en prenant soin de ne pas les plier quand il passa une ficelle autour pour les tenir. Quand ce fut fait, il rangea le tout dans le tiroir du bureau.

Oikawa se leva en sentant son dos craquer : une grimace s'afficha alors qu'il se traînait en direction du fauteuil qu'il avait placé devant la cheminée. Il se racla la gorge, s'y laissa tomber, et inspira profondément.

Chaque bruit enflait terriblement dans sa tête. Il aurait bien aimé avoir un peu de thé au lait chaud pour adoucir sa gorge, mais sur le coup il n'eut même pas la force de lever un doigt. Les yeux du prince se perdirent dans les flammes qui dansaient devant lui, son visage se réchauffa sous la chaleur qui lui parvenait, et sa tête partit légèrement sur le côté tandis qu'il s'endormait.

Dans son rêve, il y eut des sons et des chants. Des rires, tandis que lui et son frère couraient dans le palais pour semer leur gouvernante. Il y eut aussi un visage sérieux, jeune et mignon, à qui il faisait visiter le palais, et qui pour lui dire au revoir affirma qu'il ne l'oublierait pas. Il y eut des lettres échangées, des sourires timides, Oikawa commença à souffrir de la nuque.

Une main froide sur son front le réveilla quelque peu. Encore entouré de cette brume, et il se contenta de gémir doucement en posant de lui-même sa joue sur cette main. Il n'y eut pas de mots, mais soudain une couverture le réchauffa encore davantage : elle fut dépliée sur son corps engourdi, alors que lui n'arrivait même pas à ouvrir les yeux. Avec une tendresse que son corps accueillit en frissonnant de nouveau.

Il toussa un peu, et remua.

- Tu as de la fièvre, lui dit une voix.

Il aurait bien aimé l'entendre encore. Plus souvent. Il aurait bien aimé tendre les bras et réclamer à ce qu'on le porte jusqu'à son lit, comme quand il était petit. Il aurait bien aimé un thé.

- Je sais, croassa-t-il.

Le fauteuil était grand, large et rembourré : confortable en somme, et le feu lui réchauffait les orteils. Il renifla. La voix dit :

- Tu ne m'as pas appelé. Tu aurais pu.

Oikawa sourit un peu faiblement. Il aurait tout donné pour s'allonger à ses côtés, pour se laisser tomber sur le tapis et simplement dormir sur le sol, dans ses bras. Son cerveau fonctionnait au ralenti.

- Un jour... mon chevalier te confondra avec un ennemi...

- J'espère que ça n'arrivera pas. Tu m'as dit que c'est la seule chose que tu ne me pardonnerais pas.

- J'imagine que la punition est assez rude... pour une décapitation royale...

Il toussa, et renfila juste après. La main bougea légèrement, avec difficulté, et Oikawa attrapa la couverture pour s'enrouler encore plus dedans.

- Heureusement que ton chevalier dort comme une pierre, alors.

Un bruit de vêtement qui se froisse, puis une respiration chaude près de son front. Tooru sentit ses mèches de cheveux être écartées, puis des lèvres l'embrassèrent avec affection. Ses paupières closes eurent envie de laisser s'échapper quelques larmes, mais rien ne se passa.

- Tu es fatigué ?

-... épuisé.

- Tu es malade. Tu devrais être dans ton lit.

Oikawa grogna.

- Pas la force...

Et s'il n'y mettait pas du sien, même Ushijima ne parviendrait pas à porter tout son poids jusqu'à l'autre bout de la pièce. Ce dernier semblait le savoir, car il posa sa main sur ses cheveux et le caressa gentiment.

La sensation était agréable, douce et gentille : sans contrepartie, sans promesse. Il en profita jusqu'à ce qu'il se sente repartir. Un rêve passa dans l'obscurité de ses yeux fermés, mais sa bouche s'ouvrit tout de même une dernière fois :

- Tu aurais pu m'oublier...

Sa voix était affreusement rocailleuse, et à peine plus audible qu'un souffle.

- Tu aurais pu ordonner ma mort, tu aurais pu ordonner la mort de.... de toute la famille royale...

Il renifla. La main continuait son action, et il sentait son corps tout proche, juste derrière lui.

- Tout aurait été plus simple si tes hommes m'avaient simplement tué...

Un instant passa. Un instant suffisant pour que sa tête commence à repartir sur le côté et que ses muscles se détendent. Mais ses lèvres effleurèrent sa joue, et la voix murmura à son oreille :

- Tu n'es pas quelqu'un qu'on oublie.

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Ad Vitam Aeternam | UshiOiWhere stories live. Discover now