LXI

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Kris mord dans un pancake et mon père fronce les sourcils.

- Il est quatorze heures, vous vous levez à peine et je découvre que vous avez fait des pancakes cette nuit. Vous vous croyez en vacances ?

- Perso, je le suis !

- Moi, je suis au chômage, c'est un peu pareil, non ?

En passant derrière Kris, mon père lui met une tape sur le crâne et continue son chemin en secouant la tête.

- Vous allez faire quoi cet aprèm ?

- Session Saw, vu le temps pourri qu'il fait.

Kris acquiesce alors qu'on regarde tous les trois par la fenêtre la pluie s'abattre sans relâche depuis des heures.

- D'accord. Avec ta mère, on va aller au centre commercial, faire les boutiques. Soyez sages.

- On n'a plus quatre ans !

- Mais vous faîtes quand-même des conneries, comme la cuisine en plein milieu de la nuit.

Kris se marre alors que son père pointe le bordel qu'on a laissé sur le plan de travail. Effectivement, nous sommes des boulets mais je crois qu'on avait trop de choses en tête pour se préoccuper de ça. J'évite le regard de Kris et promets à mon père que ça sera propre quand ils rentreront.

Quelque minutes plus tard, mes parents partent avec un dernier signe de main et je me retrouve seul avec Kris, qui me dévisage, sourire en coin.

- J'ai l'impression que tu te bouffes le cerveau.

- Tu...

Le souvenir d'hier soir, quand je lui ai demandé de mon montrer la force de ses sentiments, me revient. La précipitation, ses mains qui me retournent et son regard qui fond dans le mien. Ses doigts qui passent sous mon haut, la chaleur qui traverse mon corps. Et ses lèvres, si près des miennes. Elles ne se sont même pas frôlées, Kris a laissé la tension s'installer, l'envie naître au plus profond de nous avant de s'écarter. Il est ensuite revenu, a embrassé mon front et je suis retourné faire cuire mes pancakes comme un con.

Putain, j'attendais que ça et il s'est défilé. Je ne comprends toujours pas pourquoi.

- Tu m'en veux pour cette nuit.

Je hausse les épaules, ne sachant pas quoi répondre.

- Si je t'avais embrassé, comme j'en meurs d'envie à chaque fois que je te regarde, tu serais partir en courant, Chad.

- Qu'est-ce que t'en sais ? Tu n'as jamais essayé.

L'aplomb dont je fais preuve lui cloue le bec. Mais pas les jambes au sol. En deux pas, il se retrouve derrière moi et fais tourner la chaise du bar sur laquelle je suis assis. La seconde d'après, nos visages se font face, son corps se glissent entre mes jambes et mon rythme cardiaque s'emballe.

Instants fugacesWhere stories live. Discover now