XXXVII

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Côte à côte, la bouteille de vodka entre nous, Kris et moi n'échangeons pas un mot. Ca doit bien faire une quinzaine de minutes qu'on est là. Pourtant, quelque chose reste tendu. Et c'est en train de m'étouffer.

- Ca a été, ta journée ?

- Tu as lu mes messages ?

Je pince les lèvres, sans répondre alors qu'il prend nos verres pour les remplir d'alcool.

- J'attends pas une réponse, je sais que t'en as aucune à me donner. Mais... je veux être sûr que tu les aies lu, que tu saches ce que j'ai là.

Du coin de l'œil, je le vois se taper la tempe avec l'index. Un sourire en coin étire mes lèvres. J'attrape le verre qu'il me tend et inspire longuement. Je n'ai aucune idée de ce que je peux lui répondre.

- Après... Si tu préfères qu'on oublie tout ça, y'a pas de soucis. C'est peut-être mieux. Enfin j'en sais rien.

- Sois pas idiot.

Mon poing cogne fortement son épaule alors qu'il couine avant de me fusiller du regard. J'affronte ses yeux noirs, complètement absorbé par les émotions qui commencent à le dévorer. Il commence à avoir cette étincelle, ce regard de braise. Et je sais que j'ai le cœur qui s'emballe. Putain. C'est quoi ce bordel ?

- C'est toi qui refuses qu'on en parle, tu préfères qu'on ignore... ça.

Sa main fait des aller-retour entre lui et moi. Je déglutis alors qu'il empoigne le haut de mon t-shirt.

- Donc je n'ai rien d'idiot, je préfère te garder et ignorer qu'on a eu ses conversations, si c'est ça que tu veux.

Ses dents mordent sa lèvre et je prends un coup en captant les larmes au coin de ses yeux. Et merde.

- Tu es incapable de cacher tes sentiments, Kris.

- Va te faire foutre !

- Et je refuse que tu les oublies ou que tu fasses comme si de rien n'était.

Il fronce les sourcils. Je cherche comment parler, comment lui expliquer ce qui trotte dans mes pensées depuis plusieurs jours. J'essaye de mettre des mots sur ce que je ressens, à mon tour. Mais c'est bien trop compliqué.

- Alors on fait quoi ?

- Laisse-moi du temps.

Il serre les dents, ne détourne pas le regard tandis que je hausse les épaules. Puis je me lève, sans lui laisser le temps de réfléchir. S'il le fait, on va se faire du mal. Alors j'attrape le ballon de foot dans mon sac, lui fais un signe de tête vers les cages et il soupire avant de me rejoindre.

Instants fugacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant