XLII

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- Saute !

En bas de la falaise, dans l'eau bleue de la cascade, un pote me hurle dessus. Les autres nagent, se noient et moi, je reste planté en haut. Je faisais le fier hier soir mais face au vide, je n'ai plus du tout envie de vivre des expériences intenses.

- Faut te bouger.

Je sursaute et fusille Kris du regard. Mon pote me rappelle et je lui lève mon majeur, ce qui le fait rire.

- J'ai plus tellement envie de mourir, je marmonne à Kris.
- Toujours dans l'excès.

Il roule des yeux avant de passer sa main sur mon épaule. Elle descend lentement sur mon omoplate, glisse sur ma colonne et rejoint ma hanche, laissant un long frisson derrière elle. J'inspire vivement lorsque Kris se penche et dépose un baiser sur mon épaule, près, très près de ma nuque.

- Fais-moi confiance.

Je me fige. Que ce soit à cause du fait qu'il nous fait basculer dans le vide, ou parce que ses mots sont plein de sous-entendus. Lui faire confiance. Croire en nous. Se donner une chance.

Je ferme les yeux quand nos corps rentrent violemment dans l'eau et me dépêche de remonter à la surface, battant des jambes.

- Elle est trop bonne !, s'exclame Kris en rejoignant un gars qui tente de le noyer.

Et je me précipite pour l'aider. Ce connard a tenté de me tuer ! Lorsqu'il comprend ce que je fais, il m'attrape les épaules et me plonge la tête sous l'eau. Sauf qu'il a négligé un détail : mon bras autour de son corps. Je me retiens de rire quand il écarquille les yeux, s'enfonçant aussi dans l'eau.

- Le fourbe, siffle-t-il en ressortant la tête. Tu vas me le payer.

J'essaye de m'écarter, nageant comme je peux alors que le reste du groupe rit en nous regardant. Kris n'a aucun mal à me rattraper. Ses doigts serrent mon bras, ses jambes s'enroulent autour de mes hanches et je tente de nous maintenir à la surface. Mais c'était sans compter ses mains qui forcent sur le haut de mon corps et nous enfoncent dans l'eau.

Je me débats, pour le fuir, riant sous l'eau. Mais il calme mes ardeurs en deux secondes. Sa main remonte sur ma nuque, bloque ma tête et il vient mordre la peau de mon cou. Avec brusquerie, sauvagerie, passion. Je gémis, griffant sûrement son épaule sous la pression.

L'instant d'après, on est de nouveau à la surface. Son sourire en coin en dit long sur ce qu'il pense et ranime une chaleur dans mon corps. Pourtant, un mètre nous sépare et il ne me touche plus. Le regard brûlant, il fixe mon cou et hausse les épaules avant de plonger ses yeux dans les miens, se mordant légèrement la lèvre.

- Pas de marque. Mais tu peux plus nier qu'il n'y a rien entre nous.

Il me tourne ensuite le dos et rejoint nos amis, l'air de rien. Comme s'il ne venait pas de me donner envie de lui.

Instants fugacesWhere stories live. Discover now