Instants fugaces

LXX

- Attends Chad. Je t'ai envoyé la musique ce matin et tu ne l'as pas encore écouté ?

- J'étais en cours ! Je sors à peine du métro pour rentrer à l'appart là.

- Et à midi ?

- Je... Ouais, ok, j'ai pas d'excuses. Ca m'était complètement sorti de la tête.

- T'es sûr que tu m'aimes ?

- Outch, c'est dur ça ! A peine vingt-quatre heures sans se voir et déjà tu doutes de moi ?

- C'est trop vingt-quatre heures... Tu rentres le week-end prochain ?

- Je vais pas pouvoir Kris. Mon compte en banque ne me le pardonnerait pas, je crois.

- Et si je monte te voir ?

- Tu veux demander des congés à ton patron après trois semaines de taff ?

- Mauvaise idée, t'as raison.

- On va réussir à trouver une solution, ne t'en fais pas.

- J'espère. C'est encore plus dur de te savoir là-bas maintenant qu'on est ensemble.

- Accro.

- Canard.

- Je raccroche !

- Quoi ? Chad, je te l'interdis !

- J'ai peur...

- Raccroche et tu ne poses plus un doigt sur moi pour les six prochains mois.

- Tu ne tiendras pas un jour.

- Tant que je peux te voir, pas besoin de te toucher. L'imagination, tu connais ?

- Attends, tu... Je suis pas sûr de comprendre. De réaliser plutôt. Tu l'as déjà fait ?

- De quoi ?

- Te faire des films sur nous.

- Tu crois que j'ai tenu sans rien te dire tout ce temps comment ?

- Oh merde. Kris ! Bordel ! Et moi, j'en savais rien !

- Ca te dérange ?

- Pas du tout ! Mais je me rends compte que j'ai été aveugle à un point... Effroyable.

- Donc je peux continuer ?

- Non.

- Pourquoi ?

- Je suis à toi maintenant, plus besoin d'imaginer...

- Je ne vais pas pouvoir attendre de te voir, désolé bébé.