Royale obligation

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Je me souviens encore de comment j'ai appris la nouvelle...

J'étais là, assis dans ma chambre, redessinant mon arbre généalogique dans l'espoir de l'apprendre quand une servante est entrée :

-Mon prince, le roi vous appelle, il requiert votre présence pour discuter de votre mariage.

Merde... Je roule les yeux, j'ai tout tenté pour m'éviter cet épineux problème mais il fait croire que cela n'aura pas suffit. J'ajuste ma tenue d'un geste de la main avant de me diriger vers la salle du trône.

Haut les cœurs ! Ça ne peut être si catastrophique. Je pousse la porte chargé d'appréhension.

-Mon fils ! Vous voilà ! Approchez.

Je m'avance vers le roi et lui fais ma révérence, nous n'avons de lien que ceux du sang.

-Vous savez, je me fais vieux, et... Et c'est reparti... Tu dois savoir qu'un jour tu devras me succéder, je ne veux que ton bien, c'est un royale mensonge, si tu montes sur le trône sans reine à tes côtés, c'est la ruine qui t'attend, c'est bizarre c'est exactement ce que je me dis si je monte avec, c'est pour cela que je t'ai organisé un mariage, voilà un changement dans la litanie, avec la fille du roi d'Osmondre.

-Fort bien, père, dis-je les dents serrées, quand aurais-je le plaisir de la rencontrer ?

Je ne croyais pas un mot de ce que je disais mais que pouvais-je faire d'autre ? Pleurer, crier, me lamenter ? Je connaissais déjà mon sort, je suis le prince de Brouenserg et à ce titre, je dois me marier à une princesse afin d'assurer une alliance politique et la postérité de mon royaume.

-Hé bien, au bal de ce soir, je vous en prie, ne me décevez pas et parez -vous de vos plus beaux habits.

-Bien, mon père, dis-je dans une courbette avant de déglutir.

-Vous pouvez prendre congé.

Je fais une deuxième courbette avant de regagner d'un pas rapide mes appartements.

Ce soir !? Mais c'est bien trop rapide... Mais je ne peux échapper à ce bal.. Haut les cœurs ! Tu es prince et tu dois assurer ton devoir !

Me voici au bal, je me tiens droit, assis près de mon père et de ma mère, il discute nonchalamment entre eux quand le domestique annonce:

-Le roi d'Osmondre, la reine et leur fille.

Hé bien... Voilà les ennuis qui arrivent, paré de joyaux et de tissus précieux.

Mon père se tourne de mon côté avant de me souffler :

-Mon fils, soit poli, va donc inviter ta fiancée à danser.

Je me lève et m'exécute. Je marche vers cette fille qui ne doit avoir qu'un ou deux ans de moins, elle semble mal à l'aise dans sa robe et au milieu de ses gens.

-Ma dame, me ferez-vous l'honneur de cette danse, dis-je en m'inclinant dans le respect le plus absolu de l'étiquette.

Elle jette un regard à son père avant de me tendre la main. Je la baise avant de l'entraîner danser.

-Je dois vous dire quelque chose, n'espérez pas de moi que je vous aime un jour, lui dis-je, ce mariage est purement politique.

-Je comprends votre sentiment, et je ne vous demande pas de m'aimer, et pour vous prévenir, je suis tous ce qu'il y a de moins gracieux, je ne marche pas comme un princesse, je préfèrerais déchirer cette robe et enfiler un pantalon. Je suis bien aise que vous ne m'aimiez pas, cela me permettra de ne pas avoir à participer  à ces bals où je devrais enfiler ces robes contraignantes.

-Cela me semble recevable, en échange, je vous demande le droit de pouvoir vous tromper.

-Si cela vous chante.

-Peut-être ne nous entendrons-nous pas si mal, finalement.

La fin de la danse arrive, nous nous lâchons et avant de partir, la princesse me glisse:

-Je dois vous entretenir de quelque chose, accepteriez-vois de me retrouver d'ici une heure dans le parc ?

Je hoche la tête avant d'accomplir les devoirs d'hôte de la soirée.

Une heure plus tard, nous nous retrouvons dans le parc du château.

-Acepteriez-vous de me faire visiter, demande-t-elle.

-Avec plaisir, dis-je en lui tendant mon bras.

-Je dois vous dire quelque chose... Je ne me sens pas femme.

Je m'arrête net, qu'est ce qu'elle raconte ?

-Vous savez, dis-je en tentant de comprendre, ne pas apprécier les exigences liés à votre genre ne veut en rien dire que vous n'êtes pas une femme.

Elle fait un mouvement de son bras avant de lever les yeux vers le ciel, agacée.

-Je ne parle pas d'obligation lié à mon genre ! Je vous parle d'un profond sentiment, d'une certitude, elle dit cela avec désespoir, comme si à tout moment, elle pouvait fondre en larme, je ne suis pas une femme mais un homme, un homme avec un corps de femme, si je puis me permettre.

Je la regarde, abasourdi, cherchant mes mots. Mais déjà, celle-ci continue:

-Je n'en ai cure de savoir si vous me croyez ou non, ça n'a pas d'importance pour moi, mais au moins, j'aurai la conscience tranquille de vous l'avoir dit.

Je rigole doucement avant de le regarder dans les yeux un sourire à mes lèvres.

-Hé bien, très cher, puisque l'heure est au confession, j'aime les hommes, trouvez cela aussi dégoûtant qu'il soit, je m'en moque et c'est pour cela que j'ai dis ne pouvoir vous aimer. Enfin vu que vous n'êtes pas femme, peut-être que notre romance est finalement possible,qui sait...

Nous nous regardons, aucun de nous deux n'ose dire quoi que se soit, chacun à la fois privilégié et marginal de cette société.


-Mon amour, ralentit, je hurle à Claude déjà loin devant moi dans le couloir du château.

-Non, s'exclame celui-ci, je veux être sûr que notre mariage soit parfait !

Je m'arrête et souris, je ne pensais pas le dire un jour mais je l'aime et je suis presque heureux que ce mariage me fut imposé, bientôt quatre mois que je suis arrivé et après notre première rencontre nous avons découvert que n'étions pas seulement lié par notre statut de marginaux, sans toute fois être des copies conformes. Au cours de ces mois, nous avons appris a apprécié nos points communs comme nos différences.
Mon père, malade et cloué dans son lit, lui, par contre, se haïs pour cette idée et me le fais savoir dès que j'ai le malheur d'entrer dans sa chambre. Les parents de Claude, quand à eux ne sont pas au courant, ils auront la surprise aujourd'hui, nous n'espérons pas vraiment une réaction positive de leur part mais qu'importe, nous nous aimons.

Recueil de NouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant