Assigné fille

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Tw: Anorexie, transophobie et dysphorie, agression sexuelle.
Ndla: Si jamais cette histoire vous trigger, ne vous sentez pas obligé de la lire, votre santé mentale avant tout. ❤️

-Tu as... mangé, ce matin? Tu sais que l'on t'aime, hein?

Je ne réponds rien, fixant obstinément par la fenêtre de la voiture.
Je savais ce que je voudrais lui répondre mais je n'en avais pas la force. Non maman, je n'ai pas mangé ce matin, ma dysphorie m'a rappelé que mes jambes sont trop grosses pour un garçon...
Ma mère me jette un coup d'œil désespérée. Le reste du trajet se passe dans le silence le plus complet.

-Bonne journée, ma belle.

Je claque la portière. Je déteste tous ces surnoms genrés au max qui me rappellent que je suis assigné fille et que le monde me voit comme une fille.

-Hey, Clo' ! Par ici, s'écrie Gaël en agitant la main.

Je me dirige vers eux.

-La discrétion, tu connais ?

Ma voix... Elle est trop aigu, c'est une horreur...

-Non, ma petite Clotilde, dit-il en se penchant vers moi.

Je suis trop petit... Je voudrais être bien plus grand, ne pas ressembler à un Minimoys à côté d'eux...
Eux, ils parlent de tous et de rien, rigole, j'essaie d'être avec eux mais je suis fatiguée...
Et puis, sans que je comprenne vraiment pourquoi :

-Dis, Clotilde, tu devrais t'habiller comme une vrai fille, de temps en temps, tous les garçons seraient à tes pieds, dis l'un d'eux.

-C'est mignon, les gars mais non les robes et les cheveux longs,c'est pas pour moi, dis-je un peu énervé, pourquoi ils me disent tous le temps cela !?

-Fais pas cette tête, tu seras toujours notre petite garçon manqué, dit Marley en rigolant.

Pourquoi ça les fait rire ! Ce n'est.pas drôle, je ne suis pas un garçon manqué, je suis juste un garçon...

-Je vois emmerde, je suis pas une fille, je suis un gars, comme vous et même si j'étais une fille, je m'habillerais de cette façon !

Merde, c'est sorti, tous seul de ma bouche. Je mets mes mains devant celle-ci pendant que je vois doucement leurs visages se décomposer.

-Tu es trans, me demande Gaël.

-Elle est pas trans, répond Marley, elle est juste confuse.

-Tu sais c'est pas parce que tu traîne qu'avec des gars que tu en deviens un, ma belle, dit Tristan, pour compléter Marley.

Ce dernier enfonce d'ailleurs le clou en s'approchant de moi:

-Et tu sais pourquoi tu seras jamais un gars ? À cause de ça, dit-il en pointant mon entrejambe et attrapant ma poitrine, ça, ça fait de toi une meuf, et je peux te montrer comment t'en servir, si tu veux, sale tarée, insinue-t-il alors que ses mains se posent maintenant à l'intérieur de mes cuisses.

Je dégage sa main. Je pleure, maintenant, ils se moquent de moi, je me lève, un peu vite, un peu trop vite, je veux fuir; mais mon corps en décide autrement, ma tête tourne et j'atterris au sol. Je sens quelqu'un m'attraper et m'emmener, je ne sais pas où et je n'ai pas la force de me battre contre ces ténèbres qui m'aspirent.

Quand je reprends conscience, je sens quelque chose accrocher à ma main et alors que j'ouvre les yeux, je vois Gaël. Me sentant remuer, son visage s'illumine puis d'inonder de l'arme.

-Je suis désolé, pour la réaction des autres, tous à l'heure. Tu es complètement valide et tu es un garçon. Et tu sais, j'ai eu très peur quand tu as fait un malaise, tous à l'heure, l'infirmier dit que tu fait une hypoglycémie mais il n'y a pas que ça, pas vrai ?

Je hoche doucement la tête alors que quelque larmes de joie coulent sur mes joues. Je ne peux m'empêcher de lui faire un câlin pour exprimer ma gratitude.

-Oui, il y a autre chose, le seul moyen que j'ai trouvé pour apaiser ma dysphorie, c'est de m'affamer... M'en veux pas, s'il te plaît...

Il se met lui aussi à pleurer, dis donc, c'est la journée des émotions...

-Nan, je t'en veux pas, je suis heureux que tu ai trouvé le courage de me le dire. Tu verras, ensemble, on va trouver une solution, ensemble on va vaincre ces petits démons.

Et on reste là, enlacés, à cet instant je savais que quoi qu'ils puissent m'arriver un ça ne pouvait pas être pire que ça et deux il serait à mes côtés et j'avais la sensation que rien ne pouvait m'arriver...

Recueil de NouvellesWhere stories live. Discover now