[Partie 2] Chapitre 17 :

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– Fleur ?

– Mmm ?

La jeune fille releva son visage vers son petit ami sur lequel sa tête reposait. Elle se redressa sur son coude sur l'herbe du parc et plongea son regard dans les perles sombres de l'adolescent. Ce dernier esquissa un demi-sourire avant de passer sa langue sur ses lèvres, cherchant de quelle façon formuler sa phrase.

– Tu ferais quoi si je partais deux jours ?

La Ténébriste ouvrit de grands yeux surpris.

– Quoi ? cria-t-elle presque. Pourquoi tu partirais deux jours ?

Une moue gênée passa durant une fraction de secondes sur le visage du jeune homme mais il se reprit bien vite.

– Hum, tu te souviens du coup de téléphone. De, euh... ma mère.

– Oui.

Oui, Fleur s'en souvenait. C'était à peine plus d'un mois auparavant. C'était le jour où Megan avait rencontré la Ménas là, Laëticia, pour la première fois. Les six autres étaient en train de pique-niquer tranquillement, le lendemain de l'anniversaire d'Illian. Et un peu avant que Megan déboule en criant, l'appeleur de Playi avait sonné. C'était Camille, la mère adoptive de Sloum. N'ayant réussi à joindre son fils, elle avait appelé la meilleure amie de ce dernier qui, elle, avait décroché.

Sloum n'en avait jamais reparlé à sa petite amie. Celle-ci avait confiance en lui et savait qu'un jour, il lui dirait tout. Mais avant ce jour, elle n'avait pas voulu aborder le sujet, afin de ne pas le précipiter. Les seuls mots qu'elle avait entendu étaient ceux de Playi : « Camille demande si tu vas bien et quel Sortiliste tu es devenu. »

Bien évidemment, tous s'étaient posés des centaines de questions : comment connaissait-elle l'histoire des Sortilistes ? La Ténébriste s'interrogeait également sur les tous derniers mots. « Quel Sortiliste ». S'agissait-il de son pouvoir – à savoir, Luméniste –, ou de quelque chose de bien plus profond ?

La conversation n'avait duré que quelques minutes et les adolescents n'avaient pu en saisir d'infimes bribes. Mais cela semblait – à raison – perturber Sloum à un niveau relativement élevé. Playi avait avoué à Fleur qu'elle non-plus n'avait reçu aucun retour à ce sujet. Cela les avait même dérangé, car elles ne pouvaient rien faire pour leur ami. Alors oui, Fleur s'en souvenait.

– Oui, répéta-t-elle donc dans un souffle, un murmure à peine perceptible. Oui je m'en rappelle.

Si la première fois, sa voix était neutre, presque sèche ; cette fois elle paraissait aussi douce que la peau d'un nourrisson. Une légère inquiétude pointait dans la voix si fragile, si vide, de l'adolescente. Elle avait envie de se retourner, de serrer contre son cœur le garçon qu'elle aimait tant. Elle avait envie qu'il lui raconte tout, tout ce qu'il avait vécu, tout ce qu'elle connaissait déjà, mais aussi tout ce qu'elle ne connaissait pas. Elle avait envie qu'il lui conte ses joies, ses bonheurs. Qu'il partage avec elle ses doutes, ses inquiétudes, ses tristesses. La raison pour laquelle il ne cessait d'hésiter dans ses propos.

Mais elle ne fit rien, rien du tout. Elle ne le serra pas dans ses bras. Au contraire, elle demeura là, immobile, sur son coude qui la faisait légèrement souffrir, figée. Elle demeura là à le regarder, à le fixer, attendant de savoir où il voulait en venir. Le jeune homme déglutit péniblement face à ce regard de glace et à cette voix brisée.

– Bon Sloum, finit par s'impatienter gentiment Fleur. Elle t'a dit quoi, ta mère ?

– Elle m'a raconté... notre histoire. Mes parents – ses amis –, leur mort, moi gamin, sa connaissance du monde des Sortilistes et le don que j'ai développé.

Octo/ tome 2 • L'appelWhere stories live. Discover now