Dans les quelques années qui suivirent, Laëticia rencontra d'autres bêtes sauvages. Tantôt un félin furieux, tantôt des insectes piquants, volants ou encore rampants. Mais le tout premier, celui qui se trouvait actuellement face à elle, demeura longuement gravé dans sa mémoire.
Ces deux yeux jaunes menaçants laissèrent bientôt apparaître un pelage blanc tacheté de noir semblable à celui d'un imposant jaguar ainsi que de courtes oreilles poilues. Un léger filet de bave coulait de ses canines menaçantes et ses griffes acérées s'accrochaient avec force au tronc.
Affolée, l'enfant tenta de reculer mais elle ne pouvait déjà aller plus loin, au risque de tomber. Une lueur de peur brilla dans ses yeux mais malgré cela, elle se redressa, le regard fixe et le cou bien droit. Elle n'avait certes que dix ans, mais elle ne semblait plus si petite que cela. Il fallait qu'elle paraisse le plus impressionnante possible.
Ce fut alors qu'elle remarqua un peu de sang s'écoulait du flanc de l'animal, goutte après goutte, tâchant peu à peu l'écorce de l'arbre. La jeune fille fut tenté de détourner le regard mais la crainte qu'elle perçut dans les yeux du félin l'en empêchèrent. Il s'agissait d'un être vivant, comme Laëticia, lui aussi capable d'éprouver des sentiments ; qu'il s'agisse de bonheur ou de souffrance. Et à cet instant, subsistait un mélange de douleur et de peur.
Dans le fond, ils étaient semblables tous les deux. Seuls, blessés, et effrayés.
Une étonnante chaleur envahit la jeune fille.
Bien que tremblante, elle tendit sa main droit devant elle. Après un temps d'hésitation, le jaguar blanc approcha son museau des minuscules doigts de cette Sortiliste qu'il renifla longuement. Le regard de l'animal rencontra celui de l'enfant et ils restèrent longtemps ainsi, à s'observer. Dans cet échange silencieux, on aurait presque dit qu'ils communiquaient.
À un moment donné, le félin eut un mouvement brusque, faisant sursauter la jeune Ménas. La bête souffrante présenta son flanc en sang à Laëticia qui fut une nouvelle fois tentée de détourner les yeux. Mais le jaguar lui faisait confiance en lui montrant ainsi ses faiblesses, comme s'il savait quelque chose que la blondinette elle-même ignorait. Alors, celle-ci se força à regarder la plaie aussi rouge que suintante. Quelque peu touchée, elle essuya une larme qui perlait dans le coin de son œil. Lentement, elle tendit son bras et effleura le pelage rêche de l'animal. Même lui, qui paraissait si puissant, avait visiblement trouvé plus fort que lui dans cette obscure forêt.
Un long frisson parcourut l'échine de Laëticia à cette effrayante pensée.
Sa vue se troubla tandis que ses doigts continuaient de jouer machinalement autour de la plaie. Laëticia se plongea alors dans ses sombres souvenirs, repensant à ses parents, à une éventuelle petite sœur qu'elle ne rencontrerait pas, et à tous ces lieux, toutes ces personnes, qu'elle ne reverrait jamais. Ces sombres souvenirs qui ne cesseraient certainement jamais de la hanter, elle les repassa en boucle. Encore et encore, inlassablement.
Un mouvement de la part du félin la tira de la léthargie nostalgique dans laquelle elle était tombée. Elle leva les yeux et rencontra le regard de cet animal, si faible et si puissant à la fois.
Regard vert dans regard orangé. Regard naïf dans regard sage. Regard seul dans regard seul.
Deux regards vivants, bien que terriblement ternes.
Mais le regard du jaguar alors vide s'emplit d'une immense reconnaissance à l'égard de l'enfant. Cette dernière eut juste le temps d'apercevoir la plaie du félin avant que celui-ci ne s'enfuit dans la nuit obscure.
Bien que terriblement inquiète pour l'espèce de gros chat – et non pour elle-même qui se trouvait entourée d'animaux tous plus effrayants les uns que les autres –, Laëticia finit par s'endormir.
KAMU SEDANG MEMBACA
Octo/ tome 2 • L'appel
FantasiTome 2 ⚠ ATTENTION, risque de spoil ‼️ OCTO TOME II : L'APPEL Nos huit héros ne sont maintenant plus que sept. Face à eux, la Clé Ensorcelée, munie d'objectifs plus flous les uns que les autres, est prête à tout pour parvenir à leurs fins. Le somb...
