Octo/ tome 2 • L'appel

[Partie 2] Chapitre 27 : - OCTO

– Laëticia !

L'interpellée se retourna vivement en entendant son prénom. Elle se trouvait dans sa forêt, sur son île, sur Setchâ. De surprise, elle lâcha la valise dans laquelle elle recueillait des fruits et des plantes pour ses repas et ses soins médicaux. Megan se tenait sur l'un des chemins, non-loin des buissons derrière lesquels elle se dissimulait. Seule. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : l'heure du grand départ approchait. Tout devait être aux normes, ou cela n'allait pas tarder à l'être.

Vérifiant qu'il n'y avait personne d'autre aux alentours, la jeune Ménas sortit alors de sa cachette.

– Je suis là.

Les deux filles se saluèrent et se rendirent dans la cabane perchée de la Guéhériste que l'Éolikinésiste commençait à connaître. Elle l'aida à emballer ses affaires avant de s'asseoir sur la petite couchette. Elles n'eurent pas longtemps à attendre et bientôt, Ioan et Jason arrivèrent à leur tour. Le premier avait un rendez-vous et n'avait pu venir plus tôt, tandis que le second avait préféré prendre son temps afin de s'éclipser le plus discrètement possible.

Laëticia fut touchée de l'attention du Ménas de venir en sachant qu'elle allait quitter l'île et que lui non. Mais plus encore, la présence du grand blond la gêna et la rendit nerveuse. Son cœur se mit à battre si fort dans sa poitrine qu'elle eut l'impression que tous l'entendaient.

– Bonjour Laëticia ! s'écria Ioan d'un ton enthousiasme en entrant, provoquant chez la jeune fille mille sentiments contradictoires.

Jason la salua à son tour, l'empêchant sans le savoir de bégayer lamentablement. Mais à peine furent-ils tous installés que l'Éolikinésiste commença un discours sciemment préparé :

– Nous nous sommes renseignés, Ioan et moi, et nous avons finalement décidé de tout raconter au gouvernement. Sans eux, nous ne pouvions rien. Tout a été acté. L'un des représentants t'attend d'ici une petite heure afin de te rencontrer. Tu verras les détails avec lui. Mais... la dernière étape ne va peut-être pas te plaire...

Elle offrit une seconde au silence et s'humecta les lèvres avant d'expliquer :

– Afin d'éviter que tu disparaisses sans laisser de trace – par cela j'entends un enlèvement de la part de la Clé Ensorcelée. Ou bien si tu te décidais de nous fausser compagnie – cela, je n'y crois pas et au pire ce n'est pas mon problème, c'est surtout aux yeux de l'État. Bref j'ai trouvé la solution pour veiller sur toi et c'est grâce à l'aide du père de Jason que nous y sommes parvenues.

Ce dernier leva les yeux, comme soudainement interpellé. Mais son amie d'enfance ne lui laissa pas le temps de poser la moindre question et enchaîna :

– C'était l'élément décisif, donc j'espère que cela ne va pas trop de déranger. Pour faire court, le père de Jason est mécano. Il a fait construire pour toi une puce afin de te géolocaliser au besoin.

Elle lui offrit les détails de son idée et la jeune Ménas l'accueillit vivement.

– Au contraire, approuva-t-elle. Je trouve que c'est une très bonne idée.

– Cool. Mais par précaution, il faudrait placer la puce sous ta peau. Ainsi, elle serait plus difficile à détecter, même pour toi. Si c'était dans un bijou ou un vêtement, il aurait été facile de s'en débarrasser.

À l'entente de ces mots, Laëticia ne put s'empêcher de grimacer. Toute cette situation la dépassait et une boule au fond de sa gorge lui soufflait que c'était une mauvaise idée. Elle fit taire ses doutes et laissa échapper :

– Je comprends.

– Pourquoi le gouvernement a cédé ? s'enquit tout de même Jason, soucieux.

Il avait beau être en colère contre son sort, il s'y était accoutumé. À présent que Natilma était à deux doigts de lui ouvrir ses bras, une nouvelle hargne s'insinuait chaque jour un peu plus dans ses veines.