[Partie 1] Chapitre 6 :

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– Bon ma petite Playi, tu ne sais pas avec qui te caser ?

Sloum, qui venait de prononcer ces mots esquissa un petit sourire. Il était le meilleur ami de la jeune femme depuis leur onze ans, et leur relation allait pour le mieux.

Grand, mystérieux, la peau colorée par ses origines Congolaises, il possédait un brin de charme indéfinissable. À l'instar de sa peau sombre, il avait hérité naturellement de ses géniteurs le don de Luméniste et était donc capable de contrôler la lumière et ses dérivées. Sa taille mais aussi son comportement plutôt mature lui donnait généralement plus de seize ans aux yeux des gens. Avant, il se vêtait constamment de noir ; ce qui faisait de lui un personnage particulièrement ténébreux. Mais il avait évolué et depuis quelques mois, son style vestimentaire avait clairement changé. Vêtu d'un pantalon coloré ainsi que d'un sweat-shirt uni, il transpirait à grosses gouttes sous le soleil exceptionnellement chaud pour le mois de Février. Mais comme à son habitude, il souriait.

Son amie, Playi, avait un lourd passé. Adoptée par des parents français, ces derniers l'avaient énormément traumatisée. Viktor, son père, avait agressé sexuellement sa propre fille, alors âgée de quatorze ans. Rose, sa mère, trop occupée par son travail, n'avait rien vu de tout cela. Elle avait été assassinée à quelques mètres de chez elle par une balle de revolver, tirée par son mari en personne.

Échappant à ce supplice familial, l'adolescente aux longs cheveux noirs comme la nuit emmena avec elle son meilleur ami. À cette époque, Sloum vivait seul avec Camille, sa mère adoptive. Tombée dans les vices de l'alcool, elle n'avait plus rien de la figure maternelle qu'il aurait aimé voir en elle. Les deux amis avaient donc quitté leur ville d'enfance avant de rencontrer de nouvelles personnes.

Et cela avait changé leur vie. À jamais.

– Alors Playi ? reprit Sloum d'un ton faussement désinvolte. Pas de mec ni de meuf en vue ?

Il prit un petit air faussement triste tandis qu'elle basculait lentement sa tête de droite à gauche.

– Non. Mais ce n'est pas grave hein. Je suis très bien comme je suis ; je ne vais pas sortir avec le premier venu.

– Oui non c'est vrai mais...

– Ne t'inquiète pas. Et puis, tu sais que je ne suis pas encore prête pour une quelconque relation...

Elle avait parlé d'une voix calme, mais son visage tiraillé évoquait encore les abus qu'elle avait subi. Le jeune homme eut l'impression que son ventre faisait un salto et son cœur se serra.

– Oh Playi ! Si tu veux en parler, je serai toujours là pour toi, d'accord ?

L'intéressée esquissa un faible sourire en hochant la tête.

– Je sais, ne t'inquiète pas. Mais niveau amour ; occupe-toi de ta copine toi, ajouta-t-elle en souriant plus franchement. Elle est adorable.

Playi était la gentillesse incarnée. Douce, fidèle, loyale, elle ne semblait posséder que des qualités. Bien qu'elle ne le remarque pas forcément, un certain nombre de personnes se retournaient sur son passage, se perdant dans ses grands yeux sombres. Son visage, sans la moindre imperfection, prenait parfois une teinte triste, mais la plupart du temps, elle était plutôt du genre à dissimuler ses sentiments.

– Ouiii, souffla Sloum en accentuant la dernière syllabe, ses yeux se perdant dans le vide. Wow si tu savais comme je l'aime. Elle est si belle et... Wow quoi !

– Et elle arrive, compléta son amie avec un sourire en apercevant quatre de leurs amis se rapprocher du bar dans lequel ils se trouvaient. Mais je sais que tu l'aimes Sloum. Je te connais. Et puis, tu la dévores tellement des yeux que seul un aveugle ne s'en rendrait pas compte, rit-elle sous le regard gêné de l'adolescent.

Octo/ tome 2 • L'appelWo Geschichten leben. Entdecke jetzt