Chapitre 16 : La Mort Inéluctable

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- Vous êtes l'héritière du trône bon Dieu ! hurla le comte.

Après avoir quitté les habitants de Seinbur, Rothaïde était retournée dans sa chambre. Là, elle était tombée sur son fiancé qui l'attendait de pied ferme.

- Quelle image pensez-vous que cela renvoie de moi ?!

Après la gifle de la veille, la princesse devait admettre être plus peureuse face à l'homme devant elle. Mais elle s'était promis qu'elle ne faillirait pas et elle comptait bien garder sa promesse. Ainsi, elle répondit :

- Je n'ai rien fait de plus que parler à mon peuple, c'est là mon rôle de future dirigeante.

Le noble s'approcha avec brutalité d'elle. Il s'arrêta à deux dizaines de centimètres, glaçant le sang de sa future femme.

- N'ai-je pas déjà été assez clair ? Vous n'êtes pas dirigeante et vous ne le serez jamais ! Ce rôle me revient À MOI !

Rothaïde sentit l'haleine horrifiante de son promis lui fouetter au visage. Bientôt, elle trouverait un plan pour pouvoir gouverner, mais pour l'heure, elle ne pouvait que tenir tête au comte. Alors, même si son cœur battait de terreur et que ses mains étaient moites, elle leva la tête et soutint le regard du prochain Roi.

- J'ai disparu pendant deux mois. Les habitants avaient droits à...

- Vous n'êtes PERSONE pour décider de ce à quoi les habitants ont droits !

- Tant que nous ne sommes pas mariés, vous n'en avez pas plus le droit que moi !

Le poing du noble de Foulque fendit l'air et frappa le doux visage de la jeune femme avec encore plus de force que la veille.

Rothaïde s'écroula au sol. Elle aurait dû garder fière allure après cette gifle, se redresser et même résister au fait de porter sa main à sa joue endolorie. Mais le coup poing serré qu'elle venait de recevoir eut raison d'elle. Sa tête tournait, elle sentait déjà le bleu piquer sa pommette et pensa même avoir été ouverte par la chevalière de son fiancé.

- Je suis le futur Roi de Centule ! clama le noble. Ce n'est qu'une question de jours désormais, et je ne vous laisserai pas vous mettre en travers de mon chemin ! Tant que vous êtes dans ce château, considérez que vous vivez sous mon toit et que vous répondez à mes moindres envies. Est-ce clair ?!

Rothaïde se retint de justesse d'approuver les paroles. La peur tordant son ventre lui hurlait de se soumettre à cet homme immonde. Mais elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas faire cela aux habitants d'Arton ou de Taniia. Elle ne pouvait pas se faire cela à elle-même.

Seulement, quand le noble l'attrapa par le cou et la redressa de force, elle regretta son choix. Elle sentit sa voix se couper, ses pieds décoller du sol. Puis tout son corps retombq lourdement quand son futur époux décida de la jeter sur le sol, telle une serpillère de bonne fortune.

- Considérez cette discussion comme étant mon dernier avertissement.

Puis l'homme quitta la pièce.

La princesse fondit en sanglot, peinant à lever ses coudes égratignés pour apaiser de sa main la brûlure au niveau de sa pommette. Quand elle présenta de nouveau ses doigts devant elle, elle y perçut du sang.

Soudain, Rothaïde entendit quelques coups sur sa porte de bois.

- Un instant, s'il vous plait ! dit-elle en tentant de maitriser ses larmes.

Elle se redressa malgré la douleur et essuya ses yeux. Elle se dirigea vers le miroir disposé sur sa coiffeuse et découvrit une joue écarlate et tachée de pourpre. Elle essuya le liquide et étudia sa plaie quelques secondes de plus. Bientôt, la marque virerait au bleu violacé. Elle attrapa une poudre que sa servante utilisait pour la maquiller et tenta de recouvrir les traces de son agression. Finalement, elle clama :

- Entrez !

Guéténoc fit son apparition aux côtés de son époux membre de la garde royale, Syncir. Malheureusement pour l'héritière de la couronne, la domestique n'eut besoin que de quelques secondes pour remarquer sa joue balafrée et elle accourut aussitôt vers elle.

- Votre Altesse ! Vous allez bien ?!

Le chevalier s'approcha à son tour. Rothaïde ne prit même pas la peine de répondre aux inquiétudes du couple, elle n'avait pas envie de mentir.

- Syncir, j'ai un service à vous demander, annonça-t-elle en revanche.

Le garde s'inclina devant elle.

- J'ai besoin de me rendre dans le bureau de l'ancien roi.

- Je vous accompagne, Votre Altesse, répondit-il automatiquement en assumant la fin de la demande qui allait émerger de la bouche de la jeune femme.

Mais la prochaine Reine de Centule secoua la tête de droite à gauche.

- J'irais seule, je dois être discrète. Je souhaiterai que vous restiez devant mes appartements pour donner l'illusion que j'y suis, et que vous ne laissiez rentrer personne. Pas même le Comte de Foulque ou les conseillers du Royaume.

- Mais, Votre Altesse... intervint Guéténoc inquiète.

- C'est quelque chose que je dois faire, la coupa la noble.

Le garde resta silencieux un moment. Finalement, il mit genou à terre devant la femme qu'il servait :

- Je vous ai déjà abandonné une fois, Votre Altesse. Je ne peux rester impassible devant les violences que vous subissez. Je refuse votre requête.

La princesse ferma les yeux. Ne comprenait-il pas qu'elle n'avait pas le choix ? Elle savait qu'elle n'avait jamais réellement pris son rôle à cœur, mais elle était déterminée désormais. Elle n'avait pas besoin d'un obstacle supplémentaire sur sa route.

- Vous ne m'avez pas abandonnée, je vous ai libéré de vos fonctions afin que vous suiviez votre femme.

- Je n'aurais pas dû vous...

- Syncir, coupa-t-elle le chevalier. Je vous remercie de vos consternations à mon sujet, mais je dois me rendre dans le bureau de mon père. Que vous me couvriez ou non, j'irais.

- Votre Altesse, je me dois d'insister, je pense pas que vous comprenez.

- Qu'est-ce que je ne comprends donc pas ? commença-t-elle à s'énerver.

Les époux se regardèrent dans le blanc des yeux, hésitant à poursuivre.

- Il vous tuera vous aussi, avoua enfin Guéténoc.

- De qui parlez-vous donc ?

A nouveau, la servante et le garde restèrent silencieux, l'un de chaque côté de l'héritière.

- Bon dieu ! Terminez ce que vous avez commencé !

La future mère céda alors :

- Votre frère, Votre Altesse. Il y a des rumeurs qui disent que le Comte de Foulque aurait commandité l'assassinat de votre frère.

À cet instant précis, Rothaïde comprit. Elle comprit que son futur époux était bien plus dangereux qu'elle ne l'avait imaginé. Elle pensait le forcer à respecter son pouvoir en tant que reine après le mariage, mais elle réalisait désormais qu'elle devrait faire plus que cela. Elle devrait l'éloigner du trône, se débarrasser de lui. Autrement, celui-ci mettrait tout en œuvre pour la tuer, comme il avait tué Ageran deux ans auparavant.

Hors la loi et bientôt ReineWhere stories live. Discover now