Chapitre 34 : Une mission délicate

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Madame de Monseuil tourna un regard de toute puissance vers Anna. Une ombre d'amertume se projeta sur elle. « Tout, mais pas ça, pensa rageusement Anna. Tu n'as pas le droit de me prendre mon amie ! »

L'aristocrate mal aimée, se prenait pour une sainte aux traits parfaits, elle comblait d'une fausse affection son entourage et son personnel, car elle ne supportait pas d'être séparée des autres. Elle aimait d'un amour obsessionnel son mari, sans jamais être récompensée par un autre prix que celui de l'indifférence. Alors, Anna était devenue naturellement sa rivale à l'instant même où elle avait signé le contrat. Plus elle la connaissait, plus elle découvrait son fond inépuisable de cruauté qui était aussi sombre que l'entrée d'un tunnel.

Quoi que l'on dise, Anna savait que l'accusation d'Amandine était un de ces méchants tours. Dévorée par la jalousie, elle cherchait à la dépouiller de tous ceux qu'elle aimait !

Madame de Monseuil lui dit à voix basse : « Vous n'êtes rien. » Puis, elle quitta rapidement le salon avec la gouvernante à sa suite.

- Je te déteste ! hurla Anna au milieu du tapage des domestiques.

Des mots incisifs s'élevaient des différents groupes. Personne ne manquait de mépriser Amandine : « Elle cachait bien son jeu ! Qui aurait cru que cette petite timide pourrait voler ? Il ne faut jamais se fier aux apparences ! »

Anna les bouscula et s'élança à la poursuite de son amie qui partait en courant. Elle ouvrit rapidement la porte de la chambre et découvrit Amandine, assise sur le sol, la tête enfouie dans le creux de ses genoux, en train de verser toutes les larmes de son corps.

- Je n'ai rien fait ! cria-t-elle.

- Je te crois. Éléonore cherchait à me punir, tu n'as rien à voir avec cette histoire de vol ! Je vais la rencontrer et lui demander qu'elle revienne immédiatement sur sa décision ! Si elle souhaite me faire du mal, eh bien, elle n'a qu'à s'en prendre directement à moi !

- Tu ne peux rien faire contre elle ! C'est une aristocrate ! Nous travaillons pour elle !

- Je ne te laisserai jamais partir ! riposta Anna en relevant son amie.

Amandine était effondrée. Ses jambes avaient à peine la force de la soutenir.

- Si... si... si j'avais su que je serais renvoyée, dit Amandine d'une voix entrecoupée par les sanglots, je n'aurais pas passé ma dernière semaine à t'ignorer ! Je regrette tellement. Je boudais dans mon coin en pensant que tu ne méritais pas mon amitié, alors que... alors que tu es tellement gentille avec moi. Je suis sûre que tu es la seule à croire que je suis innocente. J'ai maintenant... maintenant... tellement honte de moi !

Anna serra Amandine contre son cœur et lui confia :

- Si tu savais comme je te dois tout ! Quand je suis arrivée dans cette demeure, je ne me sentais pas à ma place. J'étais trop brusque et vous étiez toutes si bien habillées dans vos robes bleues marines. Vous étiez si différentes de moi, j'en avais parfois mal au cœur. Je me demandais comment j'allais faire pour vivre loin des miens, mais quand je t'ai rencontrée, je me suis sentie pour la première fois acceptée. J'avais le sentiment enfin d'avoir une place. J'étais tellement heureuse que tu veuilles bien être mon amie. Tu es la première qui m'a tout donné sans aucune réserve.

- Même si j'ai des discussions qui ne t'intéressent pas ? Je sais que je parle trop de ma famille alors que tu n'en as pas. À chaque fois, je me mords la langue en pensant que je suis vilaine.

- Non, au contraire ! J'aime beaucoup entendre les histoires de tes sœurs. Et quand tu parles de ta mère, j'ai l'impression d'être près d'elle et de gagner un foyer. J'espère qu'un jour je pourrais les rencontrer.

Le fabuleux destin d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant