Chapitre 35 : La frappe

4.7K 619 493
                                    

- Tu es sérieuse ? s'exclama Paulette, interloquée. Tu as vraiment dormi dans la même chambre que Capucine, et sous son lit en plus ?

Anna s'étira les bras et répondit en bâillant :

- Oui, je n'ai pas eu le choix.

- Ben voyons... « J'ai un don pour me faufiler discrètement »... pas étonnant quand on fait le mort sous un lit ! Il n'y a vraiment que toi qui peux naturellement t'endormir par terre ! On s'est toutes beaucoup inquiétée, Anna ! Madame Pichon était à deux doigts de fouiller le jardin pour te retrouver.

- Ce n'était pas si simple de sortir de la chambre de Capucine ! Elle n'arrêtait pas de parler avec Émilie. Elles ont dû s'endormir très tard.

- Tu t'es endormie la première donc tu ne peux pas le savoir, ronchonna Paulette.

Anna essaya de lui redonner le sourire en la secouant par les bras.

- On a réussi, Paulette ! On a réussi !

Paulette la regarda un moment avec un petit sourire aux coins des lèvres sans céder trop facilement à la même émulsion de joie. À ses yeux, Anna était pleine de foi, et ne manquait pas de volonté. Elle n'aurait jamais abandonné Amandine, même si personne ne l'avait accompagnée. « On lui donnerait tout l'argent du monde, c'est bien de l'amitié qu'il lui faudrait sans cesse », pensa-t-elle.

- Madame Pichon est dans le bureau avec l'abominable dame, déclara-t-elle. Amandine ne devrait plus se faire renvoyer ! Toutes mes félicitations !

- Nous avons formé une très belle équipe, tu n'as pas à me complimenter !

- Arf. Ton courage est quand même très inspirant. Tu mènes la grande bataille contre madame de Monseuil avec panache ! Le score est d'un zéro.

- Non, un partout. Tu as oublié qu'elle m'a puni en me suspendant à un arbre au fond du jardin tandis qu'elle continuait à s'amuser au jeu de maille.

- Méfie-toi. Tu ne seras jamais sortie d'affaire avec Madame de Monseuil.

Anna se laissa tomber sur le matelas au sol et se faufila sous l'épaisse couverture en laine.

- Et la dame à l'air d'être une très mauvaise perdante, enchérit-elle.

Paulette pouffa en regardant seulement quelques mèches rousses dépasser de l'édredon.

- Si tu te recouches, tu seras à moitié endormie toute la journée. Le jour s'est déjà levé, c'est trop tard !

Elle lui donna un petit coup de pied, mais Anna ne bougea pas comme un asticot solidement enroulé dans sa chrysalide. Elle repensa à la fameuse révélation de Capucine : elle était amoureuse de Georges ! Anna se mit à rire, la tête sous la couverture et la joue écrasée contre le matelas. Seuls quelques sons étouffés sortirent de sa tanière.

- Allez debout !

Anna se défendit en grognant comme un animal.

- Pense à Amandine ! À l'heure qu'il est, tout le monde doit la critiquer ! La pauvre, elle doit être seule face à plein de mauvaises langues qui la traitent encore de voleuse !

Anna sortit d'un bond du lit en repoussant les couvertures.

- Je vais aller la voir !

Paulette éclata de rire.

- Je savais que c'était le seul moyen de te faire lever ! Je commence à bien te connaitre !

Anna imita le grognement d'un prédateur, mais au moment où elle partit, elle passa sa tête dans l'entrebâillement de la porte, la mine heureuse.

Le fabuleux destin d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant