Dusk [Gone T.0]

Chapitre 7

Tressie se réveilla de bonne heure ce mardi-là. 6 septembre, 6h du matin. L'adolescente avait passé une excellente nuit, comme d'habitude. Elle était ce que l'on pouvait qualifier de « marmotte ». C'est-à-dire qu'elle avait la capacité de s'endormir partout, tout le temps et en quelques secondes à peine. Les insomnies ? Elle ne connaissait pas. Les cauchemars ? Extrêmement rares. Ça lui permettait d'être la majorité du temps fraîche et pimpante.

Retirant la couette couvrant ses jambes nues, elle s'assit sur le rebord du lit et observa sa lampe de chevet toujours allumée. Ses volets étant fermés, c'était la seule chose qui empêchait l'obscurité d'être totale. Elle hésita à l'éteindre, mais finit par d'abord aller ouvrir les persiennes pour laisser la lumière du soleil entrer dans sa chambre. Ce n'est qu'après qu'elle se redirigea vers sa lampe et l'éteignit.

Tressie avait un peu honte de ce rituel qu'elle répétait chaque matin. Honte de cette phobie tenace : celle du noir. Depuis toute petite, elle avait besoin d'une lumière allumée pour réussir à trouver le sommeil. Sinon, c'était simple : elle restait figée sous sa couette à fixer les ténèbres en priant pour qu'aucun monstre ne lui saute à la gorge avec l'intention de l'étriper. Bien sûr, elle savait que c'était ridicule : les monstres n'existaient pas dans la vie réelle, mais c'était plus fort qu'elle...

Les seules nuits où elle n'avait pas peur, c'était celles d'orages. La lumière bleue des zébrures de la même couleur dans le ciel nuageux lui servait de far et le grondement du tonnerre la berçait. Étrange ? Oui, eh bien s'il y avait une logique à la peur ou au contraire, au réconfort, ça se saurait.

La jeune fille, emportant ses nouvelles affaires, se dirigea vers la salle de bain au bout du couloir pour s'y enfermer. Elle aimait ce moment rien qu'à elle le matin, se levant plus tôt que le reste de sa famille afin de profiter d'une trentaine de minutes de calme avant que son frère ne se mette à courir partout et que ses parents ne fassent du bruit en bas en préparant le petit-déjeuner.

Posant ses vêtements sur un petit meuble prévu à cet effet, Tressie retira son pyjama et entra dans la cabine de douche pour laisser l'eau chaude et agréable couler le long de son corps. Elle se savonna avec énergie, chassant les dernières brumes matinales. Ensuite, elle sortit pour s'enrouler dans une grande serviette embaumant la lessive et se saisit de sa brosse à dents qu'elle utilisa durant les trois minutes arbitraires.

La dernière étape de son rituel quotidien consistait à se sécher les cheveux. Elle prit l'appareil destiné à cet effet et reçut une violente décharge électrique qui lui fit pousser un cri de douleur et de surprise à la fois. Au même moment, la lampe au-dessus de sa tête clignota brièvement.

Secouant sa main endolorie, elle regarda l'ampoule avec perplexité. Un court-circuit ? Pas très plausible. Qu'est-ce qui l'aurait provoqué ? Avec beaucoup de prudence, l'adolescente frôla le sèche-cheveux l'ayant électrocutée. Rien ne se produisit. Elle put donc l'utiliser comme si de rien n'était. Bon. Un mauvais contact. Sans doute.

Une fois les cheveux secs, habillée et parfumée, Tressie sortit de la salle de bain et descendit à la cuisine où déjeunait déjà sa famille. Il était 6h50 et une bonne odeur de pancakes et de jus d'orange flottait dans l'air. Embrassant ses parents à tour de rôle et tapotant le crâne de son frère, elle se dirigea vers le grille-pain pour se faire un toast et... nouvelle décharge. Elle ne put retenir un juron, ce qui lui valut un regard noir de Dean et Jeanne.

– Tressie, ton langage devant ton frère, la houspilla cette dernière.

– Désolée, mais je viens de me prendre une décharge, se plaignit-sa fille, le bout des doigts endoloris. C'est la deuxième depuis que je suis levée !