Dusk [Gone T.0]

Chapitre 13

Dimanche 25 septembre, 23h30. Le lendemain aurait lieu la journée sportive opposant les élèves de Coates et ceux de Perdido Beach. Au programme ? Un marathon autour de la ville, des matchs de basket, rugby et volley-ball, ainsi qu'une course-relais. Les épreuves se donneraient dans les salles de l'école publique et séparaient filles et garçons, excepté le relais, qui lui, était mixte.

Tressie, motivée par la perspective d'écraser les adolescents du pensionnat, s'était inscrite sur toutes les listes. Sauf le rugby et le basket. Pas qu'elle n'aimait pas ça, mais elle n'avait aucune envie de se retrouver trop au contact de ceux de Coates, qui étaient réputés pour leur brutalité en jeu. Elle tenait à ses os.

Mais pour l'heure, la journée sportive ne faisait pas partie de ses préoccupations. Et pour cause : comme tous les soirs ou presque, la jeune fille était assise sur son lit et s'affairait à exercer son pouvoir. Elle devenait de plus en plus forte à ce qu'elle commençait à considérer comme un jeu. Ses volets étaient clos et sa porte verrouillée, même si sa famille dormait. Deux semaines depuis la découverte de son don et déjà, elle n'avait plus aucun mal à le maîtriser...

Il était temps de commencer. Avec un sourire, la brune se mit à fixer la guirlande lumineuse accrochée au-dessus de son bureau, à cinq mètres de là. Les petites ampoules colorées s'illuminèrent les unes après les autres, projetant un halo multicolore sur la pièce. La prise n'était bien sûr pas branchée. C'était Tressie qui faisait ça. Uniquement Tressie et sa détermination.

Une fois arrivée au dernier lampion, elle décida de passer à sa lampe de bureau, qui se mit à clignoter à un rythme régulier, se calquant sur les battements de son propre cœur. Une tension électromagnétique se faisait ressentir, comme à chaque fois qu'elle usait de son pouvoir. Les ondes s'échappaient directement de l'adolescente, qui ne bougeait pas d'un poil, concentrée. Elle ne cessait cependant pas de sourire, les yeux brillants par la force des lumières se reflétant à l'intérieur.

Laissant la lampe sur son bureau et la guirlande qui continuaient de palpiter toutes les deux au rythme de ses pulsations cardiaques, Tressie passa à son éclairage de chevet. Elle conclut par son plafonnier, qui suivit le même tempo que ses semblables. On se serait cru dans une discothèque pendant que la jeune fille observait son œuvre avec un grand rictus satisfait, ses mains posées tranquillement sur ses genoux. Ce qu'elle pouvait aimer son don...

La fatigue venait moins vite qu'avant. Aujourd'hui, elle réussit à tenir dix minutes et vingt-et-une secondes sans flancher, alors que la veille, elle était à neuf minutes et quarante-huit secondes. Elle nota ses résultats avec soin dans un petit carnet qu'elle dissimulait sous son matelas après chaque séance. Seule sa lampe de chevet était désormais la seule allumée.

Sur ces pages, la brune écrivait tout ce qui avait un rapport avec son pouvoir et sur son évolution, notant ses temps, ce qu'elle pouvait faire, les problèmes rencontrés. On pouvait donc y retrouver chaque appareil électrique qu'elle avait déréglé, chaque occasion où une émotion forte lui avait fait perdre le contrôle. Ses hypothèses, aussi. Ses doutes. Ses peurs. La sensation de plus en plus forte de puissance qu'elle ressentait et... ce besoin constant de s'en servir.

Ce pouvoir, aussi plaisant soit-il, devenait pour Tressie une sorte de drogue. C'était presque comme si c'était lui qui la contrôlait et non l'inverse. Une espèce de soif de s'en servir la prenait à toute heure du jour ou de la nuit. Mais, refusant de se laisser dominer par ses pulsions, elle luttait avec ferveur. Elle prenait le contrôle. Sa détermination l'aidait beaucoup et, au fur et à mesure, ça s'estompait. À tel point que désormais, elle réussissait à oublier son existence lorsque d'autres personnes l'entouraient.