Le retour de l'Espionne - Livre II

⚜ Prologue : La sorcière ⚜

Aux alentours de Paris, mois de juillet

Point de vue extérieur

Malgré la température agréable de l'air de ce crépuscule, elle tremblait. Elle serrait contre elle son plus grand trésor, enveloppé dans un grand tissu brun. Qu'était-elle en train de faire ? Cette question tournait en boucle dans son esprit tandis qu'elle tremblait de peur, marchant sur le chemin de terre qui louvoyait entre les arbres de la forêt. Qu'était-elle en train de faire ? Vendre son âme au Diable, sûrement. Mais si c'était le seul moyen de sauver la vie du jeune garçon qui gisait, endormi, dans ses bras, alors elle voudrait bien tenter le tout pour le tout.

La paysanne s'arrêta à l'orée du bois. Dans une clairière se trouvait une toute petite cabane, s'approchant plus du taudis que d'autre chose. Il n'y avait rien aux alentours, mais la lumière provenant des fenêtres prouvait à la pauvre femme terrifiée que la personne qu'elle était venu voir se trouvait bien chez elle. Aller, Aline, s'a-t-elle pour se donner du courage. Ton fils doit vivre, il est tout ce qui te reste...

Elle fit un pas dans la clairière, puis un autre. Soulagée de constater que le Malin ne s'était précipité sur elle pour lui voler son âme, elle continua sa marche, quoiqu'encore moins rassurée. Elle arriva enfin à la porte de la maisonnette, porta une main à la porte, et hésita une dernière fois. Était-elle bien sure de ce qu'elle faisait ? Non, pas le moins du monde. Elle laissa son regard glisser autour de la maison. Un très simple potager qui semblait pourtant plutôt bien fleurir. Et surtout, d'étranges plantes tout autour de la maison. Plantes qui semblaient sauvages, car elles apparaissaient de partout. Aline chercha son nom dans son esprit, et le retrouva sans grand peine, son odeur étant des plus reconnaissables. De la menthe. Poivrée.

La paysanne secoua la tête pour se reconcentrer sur la porte face à elle. Elle était terrifiée. Mais avant de pouvoir renoncer, elle laissa retomber sa main contre la porte.

Toc. Toc. Toc.

Par trois fois, Aline toqua à la porte, et recula aussitôt d'un pas en resserrant encore plus près d'elle son précieux paquet. Elle n'entendit aucun pas de l'autre côté, et commença à lentement reculer, quand soudain la porte s'ouvrit en grand, la faisant sursauter. La silhouette qui se détachait à présent de la porte était des plus terrifiantes : une femme aux cheveux hirsutes, coiffés en une lourde tresse tombant sur le côté, un visage pâle et des membres squelettiques. Les ombres recouvraient son visage, ne permettant pas à Aline de voir son visage plus en détail.

- Je pensais que vous ne toqueriez jamais, fit la femme devant elle d'une voix dure et sèche.

La paysanne trembla à l'écoute de cette voix. Elle semblait venir du plus profond de l'enfer... Devant elle, la femme s'accouda à la porte en croisant les bras.

- Pourquoi êtes-vous ici ? Je pensais que j'étais maudite... railla-t-elle.

- Je... J'ai... balbutia Aline. J'ai besoin de votre aide...

La femme eut une moue dubitative.

- Prête à passer un accord avec le Diable ? Cela doit être en effet très grave...

La paysanne fut horrifiée de voir avec quelle facilité cette sorcière invoquait le nom de Satan. Décidant de montrer un tant soit peu de courage, Aline pencha son paquet vers elle, découvrant le visage fiévreux de son unique fils.

- On dit que vous êtes une sorcière, souffla-t-elle. Alors je vous en prie, sauvez-le...

La femme pencha sa tête, et les ombres sur son visage lui donnèrent des yeux aussi terrifiants que ceux de la Faucheuse.