⚜ Chapitre 32 : Un ange ⚜

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 Paris, mois de septembre

Philippe de Bourbon

Le petit garçon s'était levé tôt aujourd'hui. En même temps, qu'est-ce qu'il s'ennuyait ! Il était allé voir dans la chambre de Maman, il ne l'y avait pas trouvé. C'était étonnant, d'ailleurs : Maman était toujours là. Mais peut-être était-elle en compagnie de son amie, celle dont le petit garçon n'arrivait pas à retenir le nom. Son grand frère dormait, et il était bien trop tôt pour que Père soit d'humeur à jouer. Donc le petit garçon de quatre ans vagabondait dans les couloirs du palais du Louvre. A un moment, il avait hésité : pourquoi ne pas aller dans les jardins ? Puis, finalement, il s'était décidé à aller voir si Tréville était réveillé. Normalement oui, puisqu'il travaillait tout le temps !

Sur de cette nouvelle affirmation, le petit garnement se mit à courir dans les couloirs. Ils étaient calmes, vides des moindres serviteurs. Et si grands ! Un jour, il avait même essayé de faire entrer un cheval dans le couloir, aidé par son frère, Louis. Oh, ils s'étaient faits prendre par Tréville, qui avait aussitôt tout fait pour rentrer le cheval aux écuries et nettoyer les dégâts des deux frères avant que quiconque ne voient quoi que ce soit, après leur avoir passé un beau savon. « Louis, avait-il dit, vous êtes l'aîné ! Vous savez pertinemment que vous n'avez pas le droit de faire cela. Quand à vous, Philippe, être le plus jeune ne vous dispense pas de bon sens ! ».

Philippe, puisque c'était le prénom du jeune enfant qui trottinait, sourit grandement. Il aimait beaucoup Tréville ; il était un des plus proche conseiller de Père, mais également de Maman. Et surtout, il était très gentil avec lui et Louis ; généralement il les aidait à cacher les bêtises qu'ils avaient faites, et parfois il jouait même un peu avec eux, entre ses différentes réunions. Comme Philippe considérait que Louis était le préféré de ses parents, il aimait passer du temps seul avec le Ministre, parfois juste à s'asseoir dans son bureau pour le regarder s'occuper des papiers.

Soudain, au détour d'un couloir, Philippe faillit percuter une grande silhouette, et poussa un petit cri effarouché. La silhouette fit un bond en arrière, et Philippe remarqua que même si elle portait un pantalon, c'était bien une femme, comme Maman. Il ouvrit de grands yeux en croisant le regard de cette femme ; il était d'un bleu qu'il n'avait jamais vu. Et son visage ! Lui qui pensait que Maman était la plus belle femme du monde ! Si, forcément, Maman est la plus belle femme, se reprit-il. Mais cette madame est encore plus belle... Alors ce n'est pas une femme !

- Vous êtes un ange ! s'exclama-t-il en souriant de toutes ses dents.

Un ange ! Oui, forcément, c'était ce qu'était la dame devant lui. Quelle chance j'ai ! pensa le petit prince. Rencontrer un ange ! Mais la dame eut un haussement de sourcil surpris.

- Et a qui ai-je l'honneur ? demanda-t-elle d'une voix si douce que Philippe ne fut que plus certains de son identité.

- Je m'appelle Philippe, fit-il fièrement en bombant le torse.

La femme pencha la tête sur le côté, croisant les yeux bleu azur du garçon et avisant ses boucles brunes.

- Prince Philippe ? releva-t-elle.

- Vous me connaissez ! s'exclama le petit.

Les lèvres de la dame frémirent, et elle s'agenouilla à la hauteur de l'enfant.

- Bien sûr, fit-elle en lui faisant un petit clin d'œil. Les anges connaissent tous les enfants qui ne sont pas très sages...

Aussitôt, le petit pâlit, mais ne recula pas pour autant.

- Vous êtes ici pour me gronder ? demanda-t-il doucement. Ce n'est pas moi qui ai caché les bouteilles de vin dans les fleurs hier, c'était une idée de Louis !

Le retour de l'Espionne - Livre IIDonde viven las historias. Descúbrelo ahora