Le retour de l'Espionne - Livre II

⚜ Chapitre 5 : Destiné ⚜

Aux alentours de Paris, mois de juillet

Céleste

Ikaros, Coronis et moi avions passés une longue semaine à la Source. Puis, finalement, j'avais décrété qu'il était temps de rentrer... Et de vendre cette peau d'ours, qui avait enfin finie de sécher. Je m'étais donc mise en route, mes deux compagnons me survolant. Apparemment, Coronis ne voulait plus quitter son père. Inconsciemment, j'avais décrété que c'était une femelle, peut-être parce que j'étais en manque de compagnie féminine.

Nous avions mis deux heures avant d'atteindre le village dans lequel je prévoyais de me rendre. Mais quand nous y fûmes arrivés, je fus surprise par tous les hommes en son centre qui criaient des ordres, et qui semblaient monter une... palissade ? Oui, des barricades qui s'organisaient autour d'une grande maison. Mais que diable se passait-il ici ?

- Madame ? fis-je en interceptant une femme blonde qui passait non loin de moi.

Elle s'arrêta et se tourna vers moi d'un bond. Ses grands yeux bleus me regardaient d'un air paniqué, et j'haussai un sourcil surpris.

- Que se passe-t-il ici ? demandai-je prudemment.

- Vous n'habitez pas ici, n'est-ce pas ? demanda-t-elle, tendue et la voix tremblotante.

- Non, je suis de passage pour faire un peu de commerce, répondis-je prudemment. Qu'est-ce que tout ceci ?

Et j'englobai d'un geste l'activité constante et les barricades qui se construisaient. La femme se mit à trembler.

- Je... Nous... Nous avons fait des prisonniers et... Les soldats du roi vont venir nous les reprendre...

Je fronçai les sourcils. Pardon ? Puis, je remarquai que la femme tremblait tellement qu'elle peinait à tenir sur ses pieds. Alors je la saisis par les avant-bras pour la mener doucement jusqu'à un tonneau non loin, où je la fis asseoir.

- Je vous demande pardon ? Vous vous révoltez ? fis-je, sans y croire.

Pourtant, la femme hocha lentement la tête. Elle commença à pleurer, et sortit un mouchoir de ses poches.

- Mon... Mon époux est un ancien soldat, comme un peu tout le monde ici... Ils réclament justice de la part du roi...

- Justice ? fis-je, n'y comprenant plus rien.

- Hier, un homme est arrivé, escorté par des soldats, commença à expliquer la femme. Ils ont fait escales dans l'auberge, et... L'homme a été volé, il a tué deux hommes. Mon époux et ses hommes ont pris en otage... Ils pont pris en otage le... Le...

La pauvre femme bégayait, ne parvenait plus à parler. Sans savoir pourquoi, je le pris dans mes bras pour la rassurer. Mais d'où me venait cette soudaine poussée de compassion ? Peut-être du fait que cela faisait bien longtemps qu'aucune femme n'avait tremblé dans mes bras... La dernière étant sûrement la reine Anne quand elle avait été empoisonnée.

- Et maintenant les soldats vont venir et tous nous tuer... conclut-elle.

Je fus prise d'un grand doute. Que devais-je faire ? Les aider, où fuir le plus loin possible ?

- Il n'y a aucun autre moyen pour que cela s'arrange ? hésitai-je, un peu désemparée.

La femme secoua la tête, et se défit de mon étreinte.

- Mon mari refuse. Il veut se battre. Mais... Nous allons tous mourir...

D'un geste irréfléchi, je pris ses mains dans les miennes. Elle leva ses grands yeux verts vers moi, et j'y vis toute son incompréhension.