8. Protection

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Point de vue d'Émée

Une fois encore, j'étais seule. J'avais envoyé la lettre la veille, juste avant d'aller dormir et puisque c'était déjà le début de l'après-midi, je supposais qu'il l'avait reçue maintenant.

J'avais marché pendant un bon moment, le voyage avait été fatigant car je n'étais plus habituée à tant d'exercice physique. Heureusement, je n'avais croisé personne.

Le vide de la forêt m'avait calmée. Parfois, la solitude était ma meilleure amie et ma pire ennemie. Marcher calmait mes pensées déchaînées. Je regardais la nature, sa diversité à son paroxysme à cette période de l'année. Les arbres étaient verts, il y avait des fleurs et des fruits dans les buissons. J'avais de la chance, c'était la bonne période pour vivre dans la cabane. La neige était la pire et le froid me forçait à me réveiller au milieu de la nuit pour entretenir le feu ou je mourrais des rudes températures.

Ma vieille cabane était restée intacte. Personne n'était censé s'y installer alors j'y avais laissé quelques meubles et les avais couverts de draps. J'étais heureuse de ne pas avoir tout pris avec moi quand j'ai déménagé.

En l'observant à nouveau, je compris pourquoi je l'avais quittée si rapidement. La cabane n'était pas plus grande que mon salon actuel. On pourrait dire que ça lui donnait un certain charme, elle était entièrement faite de bois et même si elle était un peu usée par le temps, avec quelques lanternes c'était assez chaleureux. L'intérieur n'était pas autant attrayant cependant, un seul lit pas si confortable, une table, un seau pour aller chercher l'eau à un lac pas loin, une sorte de cheminée que j'avais construite avec quelques pierres et une armoire où je stockais la nourriture hors d'atteinte pour les animaux et le insectes.

Ah, les insectes ! Ils ne m'avaient pas manqué et je les craignais immensément, spécialement les araignées qui se glissaient facilement entre les interstices du parquet. Parquet était un bien grand mot pour des planches de bois hasardeusement alignées. J'avais essayé de faire des réparations à de multiples occasions mais je n'avais pas assez d'outils et les corvées quotidiennes que je devais réaliser afin de survivre prenaient la plupart de ma journée.

Je découvris tous les meubles et commençais à faire un peu la poussière. Il ne ferait pas sombre avant plusieurs heures mais je savais d'après des expériences précédentes que plus vite l'eau et le bois étaient trouvés, mieux c'était. Je mis tout ce qui était dans mes bagages dans leurs endroits respectifs et pris le seau qui était destiné à l'eau propre. J'étais de retour à mon ancienne routine à cause d'une histoire folle impliquant un Démon, un Héros et un baiser. On aurait dit le début d'une mauvaise blague.

Revenir ici signifiait aussi dire au revoir à la magnifique blancheur de mes robes, je ne pouvais pas les tenir à distance de la saleté pendant plus de quelques heures. Je pris le seau et sortis de la cabane, en la verrouillant aussi bien que je le pouvais.

Je pris le chemin familier qui menait au lac où j'avais l'habitude de prendre de l'eau, en ramassant quelques baies sur le chemin. J'avais un potager sur ce que j'appelais mon jardin mais je l'avais abandonné ici en partant et je ne pouvais pas le recommencer dans ma nouvelle maison car je n'avais pas un seul centimètre carré de terre ou d'herbe. J'avais toujours été proche de la nature et jardiner était une des choses qui me manquaient, mais avec le marché et mon travail, ma vie avait pris un tout autre rythme. Cela rendait les choses plus faciles mais je n'avais jamais retrouvé le calme intérieur que j'avais toujours à la cabane.

Le lac était un bel endroit les jours de beau temps. L'eau était très claire et brillait avec les rayons du soleil. Il y avait une petite cascade avec une caverne derrière où l'eau était turquoise. Le lac était en aval d'un étroit chemin, c'était assez délicat mais je me débrouillais. Il y avait de beaux pins et la végétation avait grandi depuis la dernière fois que j'étais venue ici. Le lac alimentait ensuite une rivière au bord de laquelle j'avais passé quelques après-midis, écoutant simplement le bruit de l'eau.

Ange & Héros - Version FrançaiseDonde viven las historias. Descúbrelo ahora