Ange & Héros - Version Française

10. Te connaître

Point de vue d'Émée

L'incident nous avait rapprochés, j'étais soulagée d'avoir quelqu'un avec qui passer mon temps, en particulier parce qu'il était de bonne compagnie. Et beau aussi ! compléta mon stupide cerveau.

Je ne pouvais pas vraiment me permettre de tomber pour un homme comme lui. Son statut était évidemment plus haut que le mien et comme toujours, à part mon don, il n'y avait rien de très spécial à propos de moi. C'était difficile de penser de cette manière parce que j'étais déjà tellement attachée à lui. Il rendait sa présence essentielle, je ne savais plus comment vivre toute seule dorénavant. Il était tout ce que je n'étais pas : sociable, doué avec ses mains, et je ne pouvais m'empêcher de vouloir être un peu plus comme lui, ceci étant dit, si jamais un jour il s'intéressait à moi.

Comme toujours, il s'était réveillé avant moi aujourd'hui. L'odeur du petit déjeuner était une fois de plus alléchante, Léni trouvait toujours de délicieuses choses dans la forêt. Quand je vivais seule, je finissais par avoir une indigestion la plupart du temps alors je m'étais résolue à faire pousser mes propres légumes à la place. Comme s'il m'avait sentie me réveiller, il dit d'une voix distinguée:

"Bonjour, princesse Émée." Je pouvais entendre le sourire dans sa voix et mon cœur entra en apesanteur l'espace d'une seconde.

"Bonjour, mon Prince." Répondis-je avec le même ton. Il secoua sa tête et rit.

"Je ne suis guère un Prince mais je pourrais être un cuisiner." Dit-il en plaisantant. J'avais passé toute la soirée d'hier à essayer de deviner ce qu'il faisait au château, même si je n'avais pas mentionné l'ornement. Il n'y avait aucune explication rationnelle à pourquoi il l'aurait s'il n'était pas un Prince mais j'avais trop peur de demander parce que je ne voulais pas ruiner l'instant.

Il mit le repas sur la table tandis que je me lavais. Il l'était pas seulement un bon cuisiner mais en l'espace de deux jours, il avait construit une autre chaise et réparé un grand nombre de choses.

"Merci encore pour ce que tu as fais pour moi Léni, je ne le mérite pas."

Il se retourna, probablement étonné que je dise cela au milieu de la conversation, complètement hors sujet.

"Tu m'as beaucoup aidée avec la maison et je ne pense pas que j'aurais survécu sans toi." Dis-je avec un sourire pincé.

Léni vint et pris mes mains dans les siennes. Mon cerveau s'arrêtait de penser à chaque fois qu'il faisait cela. Les plus petits touchers décuplaient mes sensations par mille. Mon cœur commença à battre fort, j'étais complètement engouffrée dans son parfum indescriptible, c'était tellement une chose étrange à dire mais c'était le seul moyen d'expliquer que mon corps était attiré au sien comme un aimant. Je regardais nos mains parce que j'étais incapable de le regarder lui - ou n'importe qui - dans les yeux. Je savais qu'il me regardait, cherchant mon regard, mais ne me forçait pas à tourner mon visage vers lui et j'étais silencieusement reconnaissante.

"Émée, mon adorable Ange, je ne suis pas celui à remercier. C'est mon devoir de faire en sorte que tu sois en sécurité, tu es en danger à cause de moi, je n'ai pas pu correctement arrêter ce bâtard de Démon et je ferai en sorte que rien ne t'arrive. Je mettrais ma vie en danger pour toi, ma douce Ange. Et puis, c'est en quelque sorte notre maison maintenant." Il mit sa main sur ma joue écarlate. Ses mots m'affectaient tellement et mon cœur n'était certainement pas insensible à de tels mots doux prononcés par un bel homme comme lui.

Je levais ma tête pour me regarder dans les yeux pour le regarder dans les yeux, rencontrant ses iris bruns, mais une fois que j'eus plongé dedans, je ne pus m'en échapper. Je n'avais pas remarqué à quel point nous étions proches, nos bustes se touchaient presque et nos visages étaient uniquement séparés par notre différence de taille.