11(1/2) Douleur du corps

266 43 2
                                    

L'Arène entière se joignit au combat. Mon instinct me poussa à courir à toutes jambes en hauteur le plus rapidement possible alors que la marée de peau et de poils se précipitait vers le fond. J'attrapais une pique qui sortait du mur de roche et me hissais. Je grimpais ainsi, jusqu'aux tribunes. Arrivée en haut, mon souffle se faisait haletant, j'avais mal aux côtes et les muscles des bras me tiraillaient pourtant je ne pouvais pas m'arrêter, je voyais déjà trois autres loups m'imiter et deux autres mâles aux crocs dégoulinant de bave courir à une vitesse monstrueuse. Je ne pouvais définitivement pas les battre. Si j'avais été en pleine forme, bien nourrie et reposée alors oui, là je sais que j'aurais pu les tuer ; j'avais été entrainée par un Alpha après tout. Mais ma condition physique actuelle ne me permettait pas de me sortir victorieuse d'un quelconque combat avec un tel déséquillibre des forces. Seule contre cinq, j'étais morte.

Je me détournais donc d'eux en même temps que je me transformais en louve. Je n'attendis même pas une seconde avant de détaler comme un lapin.

C'était cela. J'étais le lapin et eux les loups affamés.

Cette forme aussi me faisait souffrir, même si la répartition du poids sur quatre appuis me soulageait légèrement. Cette gêne au poitrail se faisait de plus en plus sentir et me ralentissait senisiblement. J'entendis les sons des griffes sur le sol, les souffles accélérés et les grognements se rapprocher de moi. En voulant regader rapidement à quelle distance ils se trouvaient exactement, ma patte avant droite se posa mal sur le sol et me fit perdre l'équilbre, je perdis le rythme de la foulée pendant une seconde. A cela s'ajouta ma vitesse et ma deuxième patte avant se prit dans la première. Le tout en un instant. Mes pattes cédèrent sous mon poids, je sentis mes yeux jaunes s'agrandir sous la surprise alors que ma mâchoire claquait à terre. Je ne pus empêcher un couinement stupide sortir de ma gorge alors que mon arrière train passa par-dessus et je fis un roulé-boulé très ridicule dans cette situation.

Sauf que je n'étais pas la seule à être lancée comme une balle. Les cinq loups qui se battaient déjà à moitié entre eux pour se départager la première place ne réussirent pas à s'arrêter. En réalité je n'étais même pas certaine qu'ils aient essayé de freiner, je dirais même l'inverse. Ainsi ils me tombèrent littéralement dessus et nous roulâmes sous un concerto de morsures, de griffures, de grognements et de jappements.

On me mordit la cuisse, m'arracha une touffe de poils et de la chaire. Mon couinement fut étouffé dans la cacophonie sanglante. J'attrapais entre mes crocs la première chose qui me passa sous la truffe : une queue brune. De rage le loup se retourna et me prit à la gorge, je ne pouvais plus me débattre sans risquer qu'on m'arrache la trachée. Les autres loups en profitèrent pour me mordre et me griffer mais de façon superficielle.

—Transformes-toi, chienne, ordonna un mâle aux yeux noirs.

Je retroussais les babines pour toute réponse avec un grondement bas et rauque. Croyait-il vraiment que j'allais me laisser dominer ? Le loup brun ressera sa prise et je sentis ses canines percer la peau tendre de ma gorge, me contraignant à me calmer. J'entamais le processus pour redevenir humaine et tous mes poursuivants en firent de même. Ils sifflèrent en voyant mon corps nu et sanglant. Mes bras étaient plein de griffures, mes flancs également où fleurissaient en plus des hématomes et des morsures. Mais le pire restait ma cuisse gauche où ma peau avait été arrachée sur une bonne partie. Je serrais les dents pour tenter de maitriser la douleur qui montait en moi alors que je voulais me relever.

—Hé ! Bouges pas toi ! On en a pas finit avec toi. Hein les gars ? Une bonne petite femelle rien que pour nous ? ricanna un homme aux bras aussi larges que mes cuisses.

—Ne me touches pas gros porc ! lui hurlais-je dessus alors qu'il saisissait mes chevilles pour me ramener sous lui.

—Fais attention elle mord la coquine, ricanna un autre.

AsservissementWhere stories live. Discover now