5(1/2)Corps à corps

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Quand j'arrivais devant une rivière plutôt profonde, je me stoppais sur le coup. La végétation autour était très dense mais cela pouvait autant me cacher que dissimuler des voyeurs. Cependant je me retins de faire une quelconque remarque, cela faisait longtemps que je ne m'étais pas lavée et au-delà de l'odeur corporelle et de mon haleine de chacal, mes cheveux gras me dégoutaient d'autant plus. Je posais donc avec calme la combinaison noire et les nouveaux sous-vêtements sur une grosse pierre sèche et commençais à dézipper la fermeture quand je me rappelais de la présence de Trom. 

—Tu te tournes au moins ?

—Cela te dérangerait que je te regarde ?

—Oui alors tourne toi. J'entend dans ta voix tes moqueries mais peu m'importe. Je tiens encore à mon intimité.

—Alors soit mais ne tarde pas trop.

—Oui je sais. J'ai bien compris que tu avais faim.

Il ricana à mon ton exaspéré. Mais je ne pouvais pas dire que je ne ressentais pas une certaine hâte non plus. Je ne savais pas comment cela se passait, j'avais bien perçu du mouvement de loin autour d'un grand feu, tout le monde était rassemblé et au moins la viande était cuite. 

Je défis donc ma combinaison, je voulus d'abord garder mes sous-vêtements mais rapidement, la tentation de libérer un peu ma poitrine se fit plus forte. Ce n'était pas que le soutif était trop petit, juste mes seins qui étaient plus volumineux. Et puis les bretelles me faisaient mal à force. Quand je retirais finalement me derniers remparts, mes joues s'échauffèrent. Je jetais quelques coups d'œil autour de moi en me plongeant rapidement dans l'eau glaciale. J'étais frigorifiée aussi je fis quelques brasses pour me réchauffer sans pour autant m'éloigner de Trom. En même temps, il n'avait pas peur que je m'enfuisse puisque j'étais nue et que je ne me voyais pas courir les fesses à l'air dans les bois. Je frottais ainsi mes cheveux avec un extrait de végétal que m'avait donné mon gardien et passais mes doigts dedans pour les démêler le plus possible. 

Après avoir également nettoyer mon corps je fis mine de sortir quand un craquement de branche se fit entendre de l'autre côté de la rive. Je me retournais, le cœur battant en m'enfonçant dans l'eau. Bon, elle était claire mais l'illusion pouvait tenir. Je regardais partout mais rien ne bougea. Pas un mouvement. Je me mordis les lèvres, hésitant à demander à Trom d'aller vérifier mais que pourrait-il faire de toutes manières ? Il se moquerait de moi pour rien. Je sortis donc de l'eau en essayant de ne pas me retourner et enfilais le plus rapidement possible mes vêtements malgré que je sois encore mouillée et toute tremblante. Je n'avais toujours pas de chaussures. 

—C'est bon. On peut y aller.

—Alors ça t'as plu ?

—Eh bien, ce n'est pas l'eau la plus chaude que j'ai connu mais je dois bien admettre que c'est revigorant. Et je me sens propre, c'est déjà pas mal, souris-je timidement.

—Tu vas pouvoir te réchauffer près du feu. Tu t'assiéras à côté de moi, d'accord ? On ne doit pas se mélanger avec les loups-garous. Et ce sont eux qui décident quand on mange. S'ils t'ordonnent quelque chose, tu le fais, peu importe ce que c'est. Il faut que tu comprennes qu'avoir ton propre toit est une chance. Et les gens parlent. La meute est peu nombreuse, en tout cas, dans le temps elle était bien plus fournie. Des loups n'apprécient pas le changement et encore moins que des sous-races investissent leurs appartements. Ceux-là nous testent plus que les autres. 

Je hochais la tête d'un air entendu. En vérité ce qu'il me disait me tordait le sang. Me retrouver à nouveau dehors à cause d'un loup qui n'acceptait leur déclin ? Hors de question. Mais me plier à chacun de leurs ordres pour rester à l'abris ? Je penchais la tête. Cela dépendrait. Je respirais un bon coup quand nous nous approchâmes du flanc de la montagne. J'aperçus l'autre gagnant assis au milieu d'un petit groupe de trois autres, dont deux femmes. On  se dirigea droit vers eux et Trom s'installa en me faisant signe d'en faire de même. Au début cela fut froid et je tentais de faire abstraction des loups dans mon dos. En effet, les demi-loups se trouvaient à l'extérieur et les loups formaient un cercle parfait autour du feu, alors pour me laisser me réchauffer le plus possible, Trom m'avait indiqué de me mettre à la place la plus proche du feu, et donc dos aux autres. Puis Trom engagea la conversation, il s'avéra que les deux femmes étaient mère et fille et que la mère était là depuis ses dix-neuf ans. Aujourd'hui elle en avait à peu près quarante-cinq. Je n'osais pas lui demander si elle avait déjà tenté de s'enfuir. Les loups guettaient.

AsservissementWhere stories live. Discover now