4(2/2)Les premiers changements

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Le loup, rageur, donna un coup de patte puissant juste au-dessus de ma tête et arracha des morceaux de roches sur la paroi. Je me protégeais le visage contre les débris en levant les bras. Je sentais la brûlure de la griffe dans mon dos, juste à côté de ma colonne vertébrale. Je ne pensais pas saigner, juste une belle égratignure. Le loup s'éloigna en grognant contre ceux qui voulait l'approcher, il s'enfuit dans les bois en poussant un long hurlement. Ses camarades qui avaient participé le rejoignirent avec les hommes qu'ils avaient attrapés dans la gueule. Seul l'un d'eux bougeait encore.

En un rien de temps l'autre gagnant et moi-même fûmes entourés en quelques instants par tous les résidents. Chacun, un par un, examinèrent nos yeux et poussaient des exclamations ravies. Je ne savais pas trop ce qu'ils y voyaient, ils nous écartaient les paupières avec des pinces au point de tirer douloureusement sur les coins des yeux et renchérissaient en piaillements toujours plus exagérés. 
Alors que je ne cachais pas mon agacement, l'autre fit son beau devant les quelques femmes qui le regardaient sous toutes les coutures. En remarquant mon regard désapprobateur, il me sourit d'un air narquois et haussa les sourcils plusieurs fois d'affilée. Il sortit la langue dans un geste obscène qui finit de me dégoûter. Il était encore plus taré que les autres.

—Eh bien, je n'aurais pas parié sur toi.

Je relevais les yeux vers Trom qui s'était posté à mes côtés et qui surveillait attentivement ceux qui s'approchaient de nous.

—Et pourquoi ça ?

—Je ne te pensais pas guérie. Mais je vois que la guérisseuse a fait des miracles. Comme quoi.

—Oui. Elle est douée, murmurais-je alors que Leszeck s'approchait.

Lui aussi vérifia nos yeux, sans nous toucher. Il eut à peine l'ombre d'un rictus qu'il entra dans sa hutte. Au début je crus qu'il allait en ressortir mais c'était vain. Trom ricana de mon air déçu et me demanda de me lever. Je me repris aussitôt, cependant vu le petit sourire qu'il se donnait, il n'était pas dupe pour un sou. Toujours appuyée le long de la paroi, à présent que l'adrénaline était retombée, je sentais avec force les coupures à mes pieds et la douleur dans mes cuisses. Comme il ne ralentissait pas je jugeais facilement que je n'avais rien à dire. Je le suivis donc sans un mot jusqu'à ce qu'il m'amène au milieu du petit village et qu'il me montre un entrée avec un rideau devant. J'y entrais la première et il me suivit. A l'intérieur c'était plutôt simple et pourtant c'était magnifique. La roche Avait été travaillé de sorte à accueillir une cheminée avec un conduit d'évacuation, une sorte de table de bar avec des fauteuils hauts en bois polis, une cuisine basique avec un plan de travail en roche avec juste un dessus en bois lisse. On avait creusé dans les murs pour faire des rangements plus ou moins large et même si c'était sombre, la pierre claire reflétait au mieux la lumière. C'était incroyable. Dans un renfoncement, il y avait une petite chambre avec un lit simple et une lampe à huile. En face, fermé par un autre rideau, il y avait les toilettes sèches. Quand Trom m'expliqua qu'ils récupérait les déchets pour les engrais naturels du sol, je compris vite à quoi servait la ficelle que je voyais dépasser. La grimace qui s'inscrivit sur mon visage le fit allègrement rire.

—Bon ce sera ton petit chez toi. Pour info, si tu veux te nourrir ou avoir accès à de l'eau ne sort pas seule. Des loups peuvent prendre ça comme une tentative de fuite et ne chercheront même pas à comprendre tes raisons que ta tête finira au fond de leur gosier pendant que ton corps continuera à courir.

L'image me fit me détourner pour lui lancer un regard noir. Brusquement son expression changea aussi en une forme plus féroce. Il avança sa main vers mon visage et je me reculais pour fuir la pièce. Les vieux réflexes étaient encore présents. Contrairement à d'autres choses ou d'autres personnes.
Je mentirais en disant que mes parents ne me manquaient pas, que je n'avais pas le cœur brisé de les avoir perdus. Il y avait moins de cinq qui étaient passés, de ça j'en étais certaine. Le temps exact ? Aucune idée. Cependant je voyais déjà leur mort d'un regard étrangement lointain, sûrement à cause de toutes ces tuiles qui me tombaient dessus entre temps. Je voyais d'abord ma propre survie avant de pouvoir m'écrouler émotionnellement parlant. Etait-ce monstrueux de ma part ? 

AsservissementDove le storie prendono vita. Scoprilo ora