Chapitre 4

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Une simple chambre d'ami apparemment. Elle est beaucoup plus belle, spacieuse et plus grande que ma propre chambre, pourtant je ne l'apprécie pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce lit deux places avec un matelas moelleux à souhait et des couettes aussi douces qu'une plume d'un persan rouge, ce grand tapis et ses meubles sans poussière, tout ça, ce n'est pas moi. Rien ne me correspond ici.

Ma pièce à moi était décorée de toutes choses qui me rappelaient que c'était mon endroit intime à moi et pas à d'autres. Par exemple cette médaille que ma mère m'avait offerte lorsque j'avais réussi à jouer mon premier vrai morceau de guitare à mes huit ans. C'était sa manière à elle de me dire que j'étais le meilleur même s'il n'y avait pas d'autres personnes qui jouaient avec moi. Mais toutes ces "babioles" de valeurs sont restées dans notre maison endommagée qui j'espère, ne le sera bientôt plus.

Tout ce qu'il me reste, c'est ma guitare qui va trouver sa place d'honneur dans le coin de la pièce en exposition pour être sûr que ce soit la première chose que je vois dès que je me réveille le matin pour commencer ma journée de bonne humeur. C'est le premier objet que j'ai installé en rentrant ici. Il ne me reste plus qu'à ranger quelques vêtements et j'aurais terminé de vider ma valise.

Ma mère a, elle aussi, eu droit à une chambre d'amie personnelle aussi grande et luxueuse que la mienne. Pourtant, la maison n'est pas si grande que ça, enfin à première vue. La chambre de Loana est juste à côté de la mienne et celle de maman est au bout du couloir. Je n'ai même plus eu droit à un de ces regards noirs ou à une seule de ces paroles. Je ne pense même pas avoir encore entendu le son de sa voix depuis qu'on est arrivés ici.

Je meurs d'envie d'aller lui parler, mais une barrière invisible créée par mon propre inconscient m'en empêche. Un mur avec marqué en gros dessus "C'est TA faute". Oui, c'est ma faute si elle a l'air aussi détruite, elle est pâle, maigrichonne et son visage n'exprime aucune émotion, elle semble sans vie. Elle était pleine de vie il y a quatre ans. Oui elle était heureuse.

Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Ma mère me parait tellement insouciante et naïve de ne pas se rendre compte des activités néfastes et complètement stupide de mon père. Il n'est jamais ici, il a une grosse baraque et sa fille ressemble à un cadavre, que lui faut-il de plus ? Et moi, que me faut-il de plus pour enfin avoir les couilles de lui avouer la vérité ?

Je ne veux pas voir ma sœur mourir à petit feu juste sous mes yeux. Ne rien faire pour essayer de la sauver même si au-delà de la déprime, je n'ai aucune idée de ce qu'elle a d'autre. Je ferme ma valise enfin vide et la place soigneusement sous mon lit avant de m'affaler sur celui-ci. Je ferme les yeux et me laisse emporter par ces quelques minutes de tranquillité dans le tsunami de ma vie.

"Sa voix m'hypnotise, je n'avais jamais entendu un son aussi beau et doux de toute ma vie. Elle se laisse emporter par la musique, transportée dans un autre monde qu'elle est la seule à connaître, mais dont je pense avoir déjà entrouvert la porte. L'envie dévorante me vient de me perdre dans cet univers avec elle, qui n'appartiendra qu'à nous. J'ai besoin de m'asseoir tellement je suis ébloui.

Et cette fille n'est toujours pas une star internationale, je n'en reviens pas. Elle est d'une beauté incroyable et sa voix s'accorde avec son physique. Il ne reste plus qu'elle soit aussi belle à l'intérieur qu'elle ne l'est à l'extérieur et elle serait définitivement parfaite. Je ne me rends même pas compte que la chanson est terminée lorsque le silence reprend sa place dans le garage.

Elle m'observe intensément avec un regard rempli d'appréhension et de doute, on dirait qu'elle désire vraiment ce travail. Je cherche mes mots pour essayer d'expliquer du mieux que je peux à quel point c'était magique tout en restant professionnel puisqu'elle va devenir ma collègue.

Le temps du destin (Terminé)Where stories live. Discover now