Chapitre 13

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Noam Dellister

J'ai retrouvé ma sœur dans un état épouvantable. Je la revoyais de nouveau pleurée pour la troisième fois de la journée et j'en avais plus qu'assez. Ma mère n'était plus là et il n'y avait qu'elle pour la mettre dans un état pareil. Elle n'avait pas à infliger ça à sa fille, peu importe les fautes commises.

Par réflexe, j'ai voulu courir vers elle maintenant que j'avais enfin retrouvé l'usage de mes deux jambes, mais j'ai manqué de trébucher étant donné que j'avais perdu l'habitude de faire ce genre de mouvements avec celles-ci. Et le médecin m'avait prévenu, je vais peut-être devoir encore utiliser mes béquilles un certain temps si je me rendais compte que j'avais encore trop dur à marcher correctement, mais je lui ai dit que ce ne serait pas nécessaire. Je n'en peux plus de ses béquilles. Je me tiens juste à n'importe quel mur et appui que je vois pour m'aider à avancer comme bon me semble. Il m'a d'ailleurs conseillé d'aller me promener régulièrement pour m'habituer de nouveau à marcher. Mais je me rends tout de même bien compte que courir n'est pas encore dans mes fonctions actuelles.

Je me suis donc rattrapé au mur pour ne pas tomber, et heureusement ce détail à échapper à ma sœur, trop prise par ses tourments et ses larmes. Je me suis assis près d'elle et j'ai repris ses mains, chevrotantes, dans les miennes. Je n'en peux plus de la voir ainsi. Son teint pâle, ses cernes, ses yeux rouges, ses larmes, sa maigreur et son nez qui coule pourrait faire croire qu'elle est très malade.

Elle a commencé à m'expliquer en sanglotant ce qu'il s'est passé et je me suis redressé d'un bond lorsqu'elle m'a dit que notre mère, la femme qui nous a élevée, nous a mis au monde et nous a chéri et aimé du plus profond de son être, lui a levé la main dessus. Elle a alors retiré sa main de sa joue afin de me montrer les dégâts et j'ai constaté avec horreur la rougeur de celle-ci qui faisait tâche sur sa peau aussi blanche qu'un flocon de neige en hiver. Je m'apprêtais à partir au second quart de tour, décidé de dire à ma mère à quel point son comportement est inacceptable malgré son choc qui a dû être énorme. Loana m'en a empêché par tous les moyens et je me suis résigné, notant tout de même dans ma tête de lui montrer clairement ce que je pense quand je la reverrai.

Elle m'a montrée l'argent qu'elle lui avait donné pour le bus et le médecin alors que je l'avais déjà payé, ayant prévu de l'argent poche pour la consultation, me disant que maman me rembourserait bien volontiers. Je me suis empressé de regarder les horaires de bus, une fois sortie de l'hôpital et après avoir donné un mouchoir pour enlever les vilaines larmes de ma sœur. Sur le chemin jusqu'à l'arrêt le plus proche, j'ai tenté de lui expliquer qu'elle n'en pouvait rien, que ce n'était pas sa faute et que notre maman avait surréagi face au choc et que j'étais sûr qu'elle s'excuserait. En tout cas elle en a intérêt.

Nous sommes rentrés et je lui ai proposé que l'on regarde un film ensemble, celui que l'on préférait lorsqu'on était plus jeune et que l'on regardait tous les ans "Forrest Gump". Cela lui a changé les idées, je l'ai même vue esquisser des sourires à plusieurs moments avant qu'elle ne s'endorme, la journée n'a pas été facile pour elle. J'ai immédiatement baissé le son de la télévision.

On touche la fin d'après midi et le film a bientôt atteint sa fin à l'heure actuelle. Loana, la tête posée sur mon épaule, dort toujours profondément et je préfère la voir ainsi plutôt que des larmes déformer son visage. Je ne suis même pas sûr d'avoir réellement prêter attention à l'écran en face de nous. Je n'ai pas cessé de me ressasser la journée dans ma tête encore et encore. Tout a été si vite.

En une journée, je suis redevenu complice avec ma sœur comme si notre relation n'avait jamais changé et était toujours resté la même. Elle a manqué de se faire tuer par un dealer qui en avait après son argent, mais je ne préfère pas penser à ce qui serait arrivé si on n'avait pas été là, Adelya et moi. J'ai découvert une face d'elle beaucoup plus sensible que ce qu'elle montre au quotidien, elle semble avoir baissée toutes ses gardes auprès de moi. Je n'imagine pas la charge mentale que cela a due être de garder cette face forte et dur alors qu'intérieurement une tempête semblable à celle que l'on a vécue ma mère et moi dans notre ancienne maison, il y a de cela déjà un mois, fait rage en elle.

Le temps du destin (Terminé)Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum