Épilogue

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Noam Dellister

1 an plus tard...

Ébloui par la lumière comme ce jour où je m'étais réveillée à l'hôpital après la tempête, les rayons du soleil réchauffent chaque partie découverte de ma peau. Enveloppé dans le bruit de la cascade et de l'eau qui coule, je ne pense plus à rien. L'herbe me chatouille doucement la peau et tout respire l'été. Un été enivrant, un été qui annonce le début d'un nouveau commencement, d'un nouveau départ. C'est aussi mon dernier été ici puisque l'année scolaire prochaine, je pars dans une haute école de musique. Je profite de chaque instant, essayant de les graver dans ma mémoire de manière infinie pour être sûr de ne jamais oublier.

Depuis que Loana est sortie de son centre de désintoxication, elle semble récupérer sa joie de vivre peu à peu. Suite à la mort d'Hailey, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, on a eu de la chance qu'on ne l'ait pas viré de là-bas. Les gens sont restés près d'elle, l'entourant au maximum, pour éviter qu'elle sombre. Elle n'adressait plus la parole à personne, s'enfermant dans un mutisme mortel. Je me sentais impuissant et malgré l'école, j'allais lui rendre visite presque tous les jours, essayant de lui rendre le sourire, en vain. 

Un jour, elle m'a de nouveau parlée, pour me demander quand avait lieu l'enterrement d'Hailey et qu'elle voulait y aller. J'aurais cru qu'elle aurait préféré ne pas y aller. J'ai fait tout ce que je pouvais pour qu'on puisse s'y rendre. J'ai pris contact avec le père d'Hailey, je doutais qu'il souhaitait m'adresser la parole après tout cela, j'avais peur qu'il m'accuse du décès prématuré de sa fille. Quand je lui ai dit qui j'étais, il s'est mis à hurler au téléphone, me disant que s'il nous retrouvait un jour, on passerait un sale quart d'heure. Je ne savais pas comment j'allais faire pour annoncer la mauvaise nouvelle à Loana qui lui flanquerait un coup. Le coup de trop. 

Alors j'ai eu une idée, j'ai fait des recherches intensives pour trouver où avait lieu l'enterrement et une fois fait, j'ai emmené Loana avec moi et on y a été, mais en prenant soin de rester derrière tout le monde. Il y avait quand même pas mal de monde, étonnamment, étant donné que cette fille m'avait l'air fort solitaire. Nous dissimuler dans cette foule n'a pas été difficile. Ma petite sœur s'est effondrée dans mes bras, elle a pleuré à chaudes larmes, c'est la première fois qu'elle pleurait depuis son décès. Secouée par ses sanglots, je parvenais difficilement à maintenir son corps fébrile dans mes bras, tant ses forces la quittait. J'ai crû qu'elle ne s'en remettrait jamais, j'étais terrifié à la possibilité que le corps de Loana soit à la place de celui d'Hailey, dans cette tombe froide et sombre. Je ne voulais pas que ça arrive, ce pourquoi je me suis battue pour elle, au point de parfois en laissé mes cours de côté, mon sommeil, ma santé.

Six mois après l'enterrement, elle avait enfin fini son sevrage de la drogue. Elle était libre. Elle a changé d'école pour venir dans la même que la mienne et ça m'a soulagé de pouvoir garder un œil sur elle de temps en temps à n'importe quel moment de la journée. Au fil du temps, elle a fait de nouvelles rencontres, c'est entouré de nouvelles personnes, un léger sourire a recommencé à apparaitre sur son visage jusqu'à devenir étincelant et éclatant. De temps en temps, je pouvais même entendre son rire de loin.
Aujourd'hui elle va mieux, elle se baigne dans la source de la rivière, près de la cascade, se laisse tomber dans l'eau, plonge puis remonte à la surface, s'enivre du contact de l'eau sur sa peau et moi de son sourire sur son visage.

À mes côtés, il y a la deuxième femme de ma vie, Adelya. Elle va déménager avec moi, nous allons tous les deux rentrer dans la même école. Elle ne risque pas de passer inaperçue, le son de sa voix est inoubliable. C'est une école très populaire dans le monde de la musique et nous avons dû passer une audition pour montrer notre talent avant de pouvoir y entrer. Ils n'ont pas hésité bien longtemps avant de nous accepter. Quand on ressortira de là, on aura toutes les cartes en main pour démarrer notre carrière ensemble. C'est une nouvelle aventure qui va commencer à la rentrée. 

Pour l'instant, elle est en maillot de bain, couchée sur le ventre, faisant bronzer son dos. Enfin elle m'a expliquée ne pas vouloir se faire bronzer le devant de son corps sinon la grande et large cicatrice sur sa cuisse risquait d'être trop visible maintenant qu'elle est devenue blanche comme l'ébène. Je lui ai dit qu'elle devait arrêter de se prendre la tête avec ça, couvrant sa blessure de baisers. Mais cela continue de la complexer et de lui prendre la tête. Elle a eu de la chance de s'en sortir uniquement avec une cicatrice, quand ce couteau s'est enfoncé dans sa cuisse, j'ai eu l'impression que son crie à transpercer les murs comme il a transpercé tout mon être entier. Ma mère s'était évanouie, je m'attendais au pire.

J'ai, d'ailleurs, la même cicatrice qu'elle. Évidemment, au moment où le couteau est rentré en contact avec sa fine peau, quelques secondes après j'ai eu exactement la même chose, le couteau en moins. J'ai vu le sourire morbide de mon père éclaté quand il m'a entendue crier en me tenant la cuisse, du sang transperçant mon pantalon. J'avais oublié que l'on souffrait des mêmes maux, une nouvelle preuve de notre anormalité pour mon père.

Puis, nous avons entendu des alarmes retentirent. Des alarmes de police et d'ambulances. Un soulagement avait parcouru tout mon être. C'était fini, on s'en sortirait tous. Enfin, j'espérais. Mon géniteur a paniqué et à tenter de prendre la fuite. Malheureusement, c'était trop tard. Il s'est fait arrêter par la police tandis que moi j'essayais de stopper l'hémorragie qui émanait de ma jambe en me faisant un garrot avec ma ceinture avant de m'occuper de celle d'Adelya. Des ambulanciers sont arrivés et m'ont aidés pour mon plus grand soulagement. Ils se sont d'abord occupés de ma mère, qui avait perdu connaissances depuis plusieurs minutes maintenant.

Elle s'en est sortie sans trop de séquelles et désormais elle coule des jours heureux avec Fillip qui est également sortie de l'hôpital. Elle a tout de même eu dur à s'en remettre surtout après toutes les révélations qu'elle a apprises. On en a beaucoup discuté et on en a conclu que ce serait notre petit secret dorénavant.

D'ailleurs, elle est aussi en train de prendre le soleil aux côtés de Fillip que nos avons rencontré peu de temps après la tragédie. Un homme bon et bienveillant, je suis ravi que ma mère l'ait rencontré.

Mon père a été condamné à la prison à la perpétuité puisque tout son trafic de drogue et son travail d'investigation sur notre dos et le dos de dizaine de personnes a été révélé au grand jour.

Aujourd'hui, nous avons parfois des coups de mou, des journées où tout nous revient dans la face. Des journées où il est parfois dur de se lever le matin, mais on se soutient les uns les autres et on reste uni. Adelya et moi n'avons jamais su comment ce qu'il nous est arrivé est possible, mais c'est arrivé. Nous sommes tous les deux ravis que le destin nous ait réunis et désormais nos savons que plus rien ne pourra jamais nous arrêter, nous faire du mal ou même nous séparer.

Le temps du destin (Terminé)Where stories live. Discover now