Le temps du destin (Terminé)

Chapitre 11

"C'était il y a deux ans, j'étais seule à la maison comme souvent avec papa qui est trop pris par son" travail". Il venait d'être dix-sept heures et je sentais que je commençais à avoir faim alors, comme une adolescente normale, je suis descendue pour me chercher un goûter. Peu importe ce que c'était tant que ça me nourrissait.

Généralement il amenait des choses à manger pour que je puisse me nourrir même si je ne l'ai jamais vue prendre un repas ici à part une fois ou deux pas plus. Il prenait toujours la peine de m'acheter une collation ou une pâtisserie, ce n'était pas grand chose, mais venant de lui ça représentait déjà beaucoup pour moi.

Ce jour-là, je n'ai rien trouvé dans les armoires, j'avais déjà mangé les derniers biscuits qu'il restait. On avait bientôt atteint la date où il allait devoir racheter de quoi vivre. Je lui dresse toujours une liste avec tout ce dont j'ai besoin, je n'y ai toujours mis que le juste nécessaire. J'ai peur de m'attirer ses foudres si j'ose mettre des aliments ou des objets non essentiels puis j'affiche cette liste à l'aide d'un aimant sur le frigo.

Alors j'ai fouillé un peu pour voir s'il me restait quelque chose et j'y ai trouvé une sorte de petit gâteau, comme un cake, mais un peu plus gros. J'étais curieuse de savoir quel goût il avait, je ne l'avais jamais vue dans la cuisine, il semblait un peu isolé du reste des aliments et je n'ai pas cherché à savoir pourquoi. En y repensant aujourd'hui, j'aurais dû me méfier.

Je me suis donc tranquillement installée à table avec une assiette et un couteau, j'ai découpé une fine part soigneusement afin de le goûter. Je m'en souviens comme si c'était hier, il était un peu mentholé avec un arrière-goût citronné que je trouvais rafraîchissant. Mon ventre gargouillait bruyamment alors je me suis resservie une grosse part.

Sans me douter que ce serait ma dernière dégustation tranquille. Une fois finie mon morceau, j'ai rangée le gâteau à l'endroit où je l'avais trouvée, innocemment. Je suis retournée dans ma chambre et j'ai repris mes devoirs que j'avais laissés sur le côté le temps de me rassasier.

Et c'est là que l'enfer a commencé. Pour débuter, je n'arrivais plus à me concentrer, un mal de tête venait de s'installer et j'avais l'impression que ma feuille bougeait dans tous les sens et que toutes les lettres se mélangeaient. Je voyais floue et j'ai essayé de me lever pour me passer de l'eau sur le visage, mais j'ai manqué de m'effondrer tellement tout tournait autour de moi.

En déambulant, j'ai fini par m'étaler dans mon lit. Je regardais le plafond sans parvenir à penser correctement. Je me sentais loin très loin, plus rien avait de sens, mais je me sentais bien. Même incroyablement bien. J'étais dans un tout autre monde et ça me plaisait. Je ne me sentais pas fatiguée, au contraire, j'avais même l'impression d'être dans un état d'euphorie. Je transpirais, mais ça ne m'inquiétait pas. Mes problèmes venaient miraculeusement de s'envoler, tout mon stress, ma déprime et le reste.

Je me suis alors relevée pour mettre de la musique et profiter pleinement de la sensation que je ressentais, je divaguais dans toute la pièce et j'ai fini la soirée en m'endormant en boule dans mon lit. C'est seulement le lendemain que j'ai pris conscience que la substance qui avait dans le gâteau n'avait rien avoir avec de la menthe et du citron. J'espérais juste oublier cet épisode et ne plus jamais y repenser en prenant soin de jeter la pâtisserie à la poubelle.

Quand papa est rentré quelque jours plus tard, il est rentré dans une rage folle en voyant que la sucrerie qu'il avait pourtant bien cachée à un endroit que je n'aurais pas trouvé en temps normal avait disparue. Il est directement venu me trouver et je lui ai dit que je l'avais découvert à cause de l'odeur de pourriture et qu'il y avait de la moisissure dessus. Je n'ai jamais su s'il m'avait cru ce jour-là, son regard et son comportement n'a pas pu me l'indiquer, il a toujours été très mystérieux et fort talentueux pour cacher ce qu'il pense ou ce qu'il ressent. Il est juste reparti quelques heures plus tard et quand je suis retourné dans la cuisine, j'ai vu qu'il m'avait repris de la nourriture sans même que je lui fasse une liste et qu'il avait de nouveau quitté la maison.