Chapitre 16

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Adelya Lanford

Installée dans le lit de ma chambre, je navigue sur mon ordinateur, des écouteurs dans les oreilles pour être sûr que rien n'y personne ne vienne éclater la bulle dans laquelle je suis.

J'ai dû travailler mon après-midi entière sur des problèmes de math et sur l'étude de certaines notions afin de remplir la satisfaction de mes parents dans l'apprentissage de choses qui n'intéressent qu'eux.

Je traîne sur les réseaux sociaux ou regarde pleins de bandes-annonces dans le but de savoir quelle prochaine série je vais regarder et ajouter dans ma liste de choses à voir sans que je ne le fasse jamais, faute de temps.

On m'arrache d'un coup mon écouteur de mon oreille, ce qui me fait immédiatement sursauter. Je me redresse soudainement, m'apprêtant déjà à crier.

En voyant la tête de ma mère et de mon père sur le pas de porte, je me rembrunis. Ils n'étaient pas censés rentrer avant la fin de la semaine et les voilà à l'entrée de ma chambre, leurs sourcils froncés et leurs lèvres pincés de mécontentement. Je croise les bras et les regarde tour à tour, attendant un quelconque sermon sur n'importe quel détail que j'aurais fait et qui, comme d'habitude, ne les auraient pas satisfaits.

— On rentre plus tôt pour te faire une surprise et on te voit à traîner sur ton ordinateur à la place de travailler ? commence ma mère.

— J'ai déjà-

— Non pas d'excuses, tu n'es plus une enfant Adelya, ça suffit maintenant, continue mon père tout en prenant bien le soin de m'interrompre.

Il se dirige vers mon lit, prend mon ordinateur portable et le serre fermement dans ses bras comme si j'allais me jeter sur lui pour lui reprendre.

— Nous allons te le confisquer histoire que cela te remette les idées en place.

Je sens des éclairs me tourbillonner dans les yeux, mes poings se serrer, ma respiration s'accélérer. Tous ces éléments subviennent avant d'exploser. Pourtant je tente de m'abstenir, pas de rature, pas de dérapage, pas avec eux.

Sois une bonne fille à ta maman. Droite. Travailleuse. Souris. Parfaite. Rends les fiers.

Ma mère me dévisage de bas en haut comme si je n'étais rien, plus bas que terre. Cette fameuse question lui brûle les lèvres, ce n'est plus que questions de secondes. Une lueur de défi brûle au fond de mes pupilles, mais elle doit s'effacer, il le faut. Les battements de mon cœur sont effrénés, un sourire au coin que je ne peux cacher pointe le bout de son nez.

— Tu as reçu les résultats de certains de tes travaux ? lâche-t-elle finalement.

Droite et fière comme un paon, je me retourne et pars chercher une feuille dans mon sac à dos que je m'empresse de présenter sous le nez de ma mère. Ses yeux s'écarquillent de surprise, comme une bonne comédienne, puis ses yeux passent de moi à la feuille en question. Elle me l'arrache des mains et m'inflige une claque d'une violence si forte que je manque de m'écrouler sur le sol.

— Espèce de petite insolente ! hurle-t-elle.

Je chancelle quelques instants, peinant à reprendre mes esprits. Tout se brouille, se tord. Je suis parcourue par une multitude de sensations, d'émotions. L'œil noir de mes parents me guette, attendant une réponse, une explication et surtout des excuses. Ils pourraient me déshériter juste pour cette mauvaise note.

Les gouttes de pluies tombent sur ma vitre, laissant un bruit sourd derrière elle, planant, menaçant. Le temps s'arrête, je suis figée, entremêlée, une corde se serre dans ma gorge et dans mon ventre, si fort, que j'ai l'impression d'étouffer. Je tremble, de rage, de tristesse, je ne sais plus. L'air se tend fort, si fort que cela en devient étouffant.

Le temps du destin (Terminé)Where stories live. Discover now