Chapitre 19

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Kathleen Rozlen

L'aube s'est à peine levée, la chaleur estivale commençant déjà à faire son effet, je descends dans la cuisine pour me servir mon onctueux et indispensable café du matin. Le silence qui autrefois était agréable, est là pour m'accueillir, c'est le même type de silence qui laisse un vide dans le cœur et qui te rappelle l'absence de personnes qui était indispensable à ta vie il y a peu de temps.

Le ciel arbore des couleurs orange et jaune qui arrivent à me faire penser à autres choses et à m'enlever cette boule qui pèse au creux de mon cœur. La nuit a été difficile. J'ai éprouvé des difficultés à m'endormir tellement je pensais à Loana, j'ai l'impression de l'avoir jeté dans la fosse du loup et de l'y avoir abandonné, je n'arrête pas de me demander ce qu'elle fait, comment elle va. On lui a retiré son téléphone, je n'ai aucun moyen d'avoir des nouvelles d'elle, ils ont droit à deux appels à des proches par jour. Un le matin et un le soir.

Celui du matin est à onze heures si ma mémoire est bonne et celui de l'après-midi à seize heures. Je ne sais même pas si je pourrais me permettre de l'appeler, car aujourd'hui, comme cela arrive bien rarement, je fais mon service la journée. Je commence à huit heures et termine à dix-neuf heures, une longue journée, mais qui sera bien plus supportable que mes nuits de travail où je dois lutter pour ne pas m'endormir et surtout, pour ne pas être fatigué.

Je tenterais de prendre une pause à ces heures-ci auprès d'une collègue pour réussir à l'avoir au téléphone même si c'est juste dix minutes, c'est toujours mieux que rien.

Je sens la culpabilité d'avoir laissé ma fille là, comme une moins que rien, me peser sur les épaules, m'affaiblir et les rendre plus lourdes. J'ai l'impression de n'avoir cherché aucunes solutions et de l'avoir juste lâché dans un endroit comme si je voulais ne plus l'avoir dans mes pâtes ce qui n'est bien évidemment pas le cas.

Et avec ce qui est arrivé à Noam, pendant la nuit, cela a fini de m'achever, je n'ai plus du tout su trouver le sommeil suite à cela. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, je n'ai pas cherché des explications sur le moment même, je me rendais bien compte que ce n'étais pas ce dont il avait besoin, il était en transe, dans un autre état, sur une autre planète. Je ne sais pas comment j'aurais pu l'aider autrement qu'en gardant le silence et en attendant qu'il se calme de lui-même.

Quand il a fini de pleurer dans mes bras, je l'ai remis dans son lit comme quand il était petit, je l'ai bordé, il a gardé le silence. Je sentais mon cœur se déchirer un peu plus à chaque fois que je tombais sur ses yeux rouge sang d'avoir pleuré. Ai-je échoué auprès de mes enfants en tant que mère ?

Je dépose mon café sur la table et commence à préparer mon petit-déjeuner quand j'entends les pas lourds de mon fils venant de l'étage, soit il vient de se réveiller, soit tout comme moi, il n'a pas su dormir suite à sa crise. S'il descend maintenant, cela nous permettra de discuter de cette nuit même si je ne suis pas sûr d'avoir envie de savoir ce qui lui est arrivé. Parfois, c'est mieux de faire la sourde oreille, car la vérité fait rarement du bien.

Je l'entends descendre de l'escalier et de mon côté, je finis de mettre la table. Je lui prépare un café, me disant qu'une conversation, autour d'un bon café, ne pourra jamais mal tourner. Enfin, je l'espère.

— Il faut que j'aille parler à Adelya, dit-il dès qu'il rentre dans la pièce.

Je me retourne vers lui et croise son teint encore plus pâle qu'à la normale, ses cheveux noirs emmêlés, et ses yeux cernés toujours encore un peu rouges. Je ne veux pas rester sans savoir jusqu'à ce qu'il décide de me parler, en tant que mère, je dois savoir quand mes enfants vont mal et essayer de faire en sorte qu'ils aillent mieux le plus vite possible.

Le temps du destin (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant