Chapitre 8

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Noam Dellister

Jamais je n'aurais imaginé ça de Loana, tout mais pas ça. Comment est-ce possible ? Papa est-il au courant ? Est-ce de ma faute ? Si j'avais su qu'elle était tombée là-dedans, cela ferait bien longtemps que je serais revenu ici. Je ferais tout pour elle. Et ça explique son état, ça m'avait surpris la première fois que je l'avais vu, mais maintenant tout me paraît plus claire. Sa pâleur, sa maigreur, ses yeux rouge ou absent. Elle n'était jamais vraiment présente, cette drogue doit lui tourner dans la tête, la guetter de loin jusqu'à la tirer par le bras pour lui prévenir que c'est l'heure de nourrir cette addiction grandissante, enflammé. Juste de quoi s'évader, s'éloigner de ses problèmes, s'éloigner de nous. D'où cela peut-il venir ? Était-ce uniquement une envie pour essayer, voir ce que cela ferait ? Ou un moyen de s'évader de ce monde qui ne lui a apporté que souffrance, une tentative de toucher le bonheur, de le frôler du bout des doigts ?

J'aimerais lui poser la question, mais lorsqu'elle m'a vue au pied de la porte de la salle de bain, les yeux exorbités, inerte, elle m'a infligé une claque monumentale dans la face avant de me hurler dessus, elle m'a poussé dehors, j'ai manqué de tomber dû à mon plâtre et elle m'a claqué la porte au nez. Une si grande violence que je ne lui connaissais pas. Ma respiration tout comme les battements de mon cœur ont semblé s'arrêter et j'ai cru suffoquer durant un temps infini. Même si du bois, un mur nous séparait, j'entendais ses cris de rage, de haine et de souffrance, je l'ai entendue frapper, crier, renverser part terre tandis que je suis resté sans bouger.

Je suis parti, la laissant une nouvelle fois dans cette colère qui la dévore. A-t-elle honte de ses actes ? Si honte qu'on l'ait surpris dans son geste d'autodestruction qu'elle a une nouvelle fois laisser ses émotions l'emporter ? Est-ce une addiction ? Pourrait-elle arrêter de le faire si on lui demandait ? Je n'en sais rien et je n'ai même pas cherché à le savoir. Je l'ai laissé à son sort et, tel un lâche, je suis retourné m'enfermer dans ma chambre.

Le cœur meurtri, l'âme en peine, je ne trouve pas le sommeil alors qu'il va être deux heures du matin. Qu'est-ce qu'on est censé faire dans ce genre de situation ? Comment suis-je censé l'aider si elle refuse même de me parler ?

Je veux être là pour elle, oui je le veux plus que tout. La serrer dans mes bras, lui dire qu'elle n'est plus seul, que je ne l'abandonnerais plus, que je l'aiderais quoi qu'il m'en coûte.

Je prends mon téléphone et remarque que j'ai cinq appels manqués, tous de la même personne. Et un seul message vocal. Je n'ai même pas entendu la sonnerie de mon téléphone, j'ai comme l'impression d'être absorbé dans un autre monde depuis la tombée de la nuit. J'écoute le message qu'elle m'a laissé, les yeux toujours rivés vers le plafond, sans lumière pour l'éclairer.

Message vocal laissé à 22h36 :

" Noam, je m'inquiète est-ce que tout va bien ? Je ne me sens pas bien du tout et je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Mais je sens que ça vient de toi, il s'est passé quelque chose chez toi, n'est-ce pas ? Rappelle-moi vite. Je te jure que je suis à deux doigts de débarquer dans ta maison. Donne-moi vite de t'es nouvelle par pitié."

Voilà que je me sens coupable pour elle aussi maintenant. Je décide de l'appeler, je sais qu'elle ne me répondra pas, mais j'aimerais lui laisser un message sur son répondeur comme elle l'a fait pour moi. Il suffit juste de deux sonneries pour que celle-ci décroche à mon plus grand étonnement.

— Noam, c'est toi ?

— Oui... Salut...

— "Salut" ? Sérieusement ? Je me fais un sang d'encre pour toi. Je n'arrivais pas à dormir tellement je m'inquiétais, tu n'imagine pas ce que j'ai ressentie tantôt.

Le temps du destin (Terminé)Where stories live. Discover now