Chapitre 24

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Noam Dellister

Une soirée ordinaire. Enfin non. Pas vraiment, dire que cette soirée est ordinaire serait mentir. Je suis dans un restaurant plutôt chic, mais pas avec des prix trop exubérants. De quoi se faire plaisir, sans en abuser non plus. À mes côtés, Adelya dans une tenue qui la rend d'autant plus belle, même si elle est belle quoiqu'elle porte. Une robe moulante qui met en valeur ses formes, j'aurais trouvé ça obscène chez une autre fille. Chez une autre fille, cette confiance en elle, cette manière d'exhiber son corps sans gêne du regard des autres, cette manière de mettre en valeur sa poitrine de femme naissante m'aurait mis mal à l'aise. J'aurais détesté ça, mais chez elle, cela ne fait pas du tout vulgaire. Au contraire, ça la rend ravissante, d'une beauté sans égale. Les yeux des passants et des autres clients s'arrêtent sur elles, la dévisagent soit avec de l'admiration dans les yeux, soit avec une pointe de jalousie. Je me promène avec elle fièrement, mon bras en dessous de son coude, j'ai tiré sa chaise et l'est installé à notre table avec élégance. Elle a souris à pleine dent, un sourire qui a fait s'emballer mon cœur un peu trop vite, qui diffuse une chaleur agréable dans toute ma poitrine et j'aimerais que ce sourire ne s'enlève jamais de ses belles lèvres dont j'ai pris goût d'embrasser.

Je porte une chemise noire, un pantalon noir et des chaussures noires. J'aurais pu mettre du blanc pour qu'on n'ait pas l'impression que je me rendais à un enterrement et j'ai essayé une chemise blanche, mais j'ai senti que ce n'était pas moi là-dedans. Alors j'ai mis une chemise noire et je me suis trouvé chic. Je me suis brossée les dents, essayé de dompter mes cheveux en y passant un peigne à plusieurs reprises, mis du parfum en petites doses et ai été prendre un petit bouquet de fleurs. Je ne savais pas ce qu'elle aimait donc j'ai pris le cliché du bouquet de rose. Un léger parfum, pas des fleurs trop grosses, trop imposante. De quoi être romantique sans exagérer. J'ai vu que cela lui avait plu et ça a suffi à éblouir ma soirée.

On est dans un grand restaurant, du noir, du blanc et du rouge parsèment les lieux. En fait je ne fais pas trop attention aux choses futiles telle que la décoration, je suis hypnotisée par la fille en face de moi. Elle s'est bouclé les cheveux pour l'occasion, un rouge à lèvre rouge sans être trop voyant recouvre ses lèvres tandis que du fard à paupière noir et du mascara enjolivent ses yeux et un petit gilet noir couvrent ses épaules en cas de coup de vent un peu trop froid. Je ne pense pas qu'un mot existe pour définir sa beauté. Une bougie parfumée est entre nous deux, ce qui ne nous empêche pas de nous prendre la main amoureusement par-dessus la table, sentir le contact rassurant de sa paume contre la mienne a fini de me conquérir.

Elle me parle de choses diverses et variés de sa vie, des détails que je ne connaissais pas encore. Des talents, des qualités, des défauts, des anecdotes. Toutes des choses que je n'ai jamais sues sur elle et qui ne m'est jamais venue à l'esprit de lui demander. Comment ai-je pu faire pour omettre ses questions ?

Elle me parle de sa passion pour le chant et de son envie d'en faire son futur métier, de sa relation conflictuelle avec ses parents, de leur métier qui les empêche d'être souvent à la maison. Je n'en suis pas étonné, mais je ressens une boule au ventre lorsqu'elle associe le mot "métier" et "chant" dans la même phrase, le rêve de notre mort passé a laissé une marque indélébile à l'intérieur de moi et je sais que jamais je ne l'oublierai. Il est peut-être un peu trop tôt pour moi pour qu'elle parle de ça. Je ne suis pas encore prêt, d'ailleurs je n'ai plus su jouer de la guitare depuis. J'ai des frissons rien qu'à la voir, je l'ai caché sous mon lit, la laissant prendre la poussière pour le moment.

On a déjà commandé le repas, quelque chose d'assez basique. On n'a pas pris d'entrée pour pouvoir prendre un dessert. Sur la carte, il y a des Dames Blanches, des crêpes, des glaces, des cafés, des muffins, ... On se laisse le temps de choisir, la décision risque d'être difficile à prendre. Alors qu'Adelya me parle, elle s'immobilise soudainement. Ses yeux deviennent vitreux, grands, tout son corps se tend, des frissons la parcourent.

Le temps du destin (Terminé)Where stories live. Discover now