Chapitre 72 - SEVERUS ROGUE

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La nuit était tombée et la salle commune de Serpentard avait beau être bondée, l'ambiance n'était pas au beau fixe. Même si Severus ne comprenait pas la passion des autres pour le Quidditch, il savait pourquoi les élèves avaient l'air si abattus, ce soir. Perdre contre Poufsouffle, l'équipe la plus nulle de toute l'école, était humiliant. Mais ils pouvaient toujours se consoler en se disant que, malgré son échec, Serpentard ne serait pas dernière du classement. Poufsouffle s'était faite écraser par Serdaigle et Gryffondor et avait perdu tant de points qu'ils étaient tout en bas du classement. Avec une victoire face à Serdaigle et deux échecs, Serpentard ne pouvait en revanche pas aller plus loin que la troisième place. Pour ce qui était des deuxième et première positions, cela allait se jouer lors du match final entre Gryffondor et Serdaigle prochainement.

Severus regardait depuis quelques minutes déjà Avery et Mulciber jouer au Quidditch miniature sur la longue table de la salle commune. L'ennui le gagnait progressivement. Quelle mauvaise journée cela avait été ! D'abord la retenue avec Slughorn, ensuite cette histoire de peinture sur le mur d'enceinte, Lily qui avait pris la défense de Potter et sa bande et enfin l'échec de Serpentard... Il était heureux que cette journée prenne fin. Mais apparemment, ce n'était pas lui qui avait passé la pire journée, aujourd'hui.

En tournant la tête, il avait remarqué Nausicaa Black, assise seule dans un coin de la salle commune, plus pâle que jamais. Il avait entendu Avery dire qu'elle s'était faite crier dessus par Lucius Malefoy à cause de son jeu lamentable au Quidditch. C'était étrange, Severus l'avait pourtant trouvée excellente lors de son match face à Serdaigle.

Envahi par la curiosité, Severus se leva et se dirigea vers la fille. Lorsqu'il se fut approché d'elle, il remarqua que ses yeux étaient rouges et gonflés et que quelques traces de larmes sillonnaient ses joues.

- Salut, Nausicaa, dit-il timidement, comment tu vas ?

Elle ne daigna même pas lui rendre son regard. Elle lisait distraitement un livre posé sur ses genoux mais il était persuadé qu'elle ne parvenait pas à en déchiffrer une seule ligne tellement elle semblait distraite.

- Qu'est-ce que tu veux ? se contenta-t-elle de répondre.

Il s'assit sur un fauteuil en face d'elle.

- J'ai appris que quelqu'un avait fouillé dans tes affaires, aujourd'hui, dit-il, pourquoi ne l'as-tu pas dit à Slughorn ?

Était-ce lui qui s'imaginait des choses ou Nausicaa devenait plus pâle ?

- Parce que c'est faux, dit-elle sans le regarder, mes affaires étaient éparpillées sur le sol parce que c'est moi qui l'ai fait.

- Mais... Pourquoi ?

- Parce que ce sont mes affaires et je fais ce que je veux.

- D'accord, mais Rebecca a dit qu'elle avait vu une main flotter au-dessus de ta valise. C'est bizarre, quand même.

- Ce serait bizarre si Becca n'était pas complètement folle. A moins que tu ne croies qu'une main sans son propriétaire se soit glissée dans notre dortoir pour venir fouiller dans mes affaires ?

- Eh bien, je ne sais pas quoi croire, avoua-t-il, mais toute cette histoire ne me dit rien qui vaille. Tu... Est-ce que tu cachais des trucs dans ta valise ? Des trucs, euh... spéciaux ?

Cette fois, le regard gris et glacial de Nausicaa vint se ficher dans ses yeux. Elle referma son livre d'un coup sec et s'approcha dangereusement de lui.

- Qu'est-ce que je t'ai déjà dit ? Ne te mêle pas de mes affaires, petit Rogue. C'est un conseil, si tu ne veux pas recevoir un mauvais sort.

Ce coup-ci, Severus décida de ne pas flancher.

- Moi aussi, je sais jeter des mauvais sorts. Tu as certainement entendu parler de ce que j'ai fait à Potter, il y a quelques semaines.

Nausicaa recula dans son fauteuil. Était-ce une légère lueur d'admiration qui brillait tout au fond de ses yeux ?

- Je dois avouer que tu connais pas mal de maléfices, pour un première année. Mais tout aussi savant que tu sois, ce n'est rien en comparaison à ce que je sais faire, moi. Alors suis mon conseil et fiche-moi la paix.

Elle rouvrit son livre.

- Personne n'a fouillé dans mes affaires, ajouta-t-elle sans le regarder, peut-être voulais-tu résoudre l'énigme du pervers qui fouille dans mes sous-vêtements mais tu devras te trouver une autre affaire. Personne ne m'a rien volé ; j'ai vérifié, toutes mes affaires sont dans ma malle.

Severus avait l'intime conviction qu'elle ne lui disait pas tout. Nausicaa n'avait pas l'air d'être une fille qui appelait à l'aide quand elle en avait besoin. Sa fierté la perdra, un jour.

- Bon, très bien, dit-il finalement en se levant, si tu as besoin d'un truc ou si tu veux me parler, je serai là.

- Oui, bien sûr, petit Rogue, soupira-t-elle en tournant une page, je suis sûre que tu me seras d'une très grande aide.

Sans rien ajouter de plus, il s'éloigna de Nausicaa et longea la table où Avery et Mulciber poursuivaient leur partie. Non, hors de question de continuer à les regarder jouer à ce truc stupide. Il descendit jusque dans son dortoir et fouilla dans ses affaires pour trouver son exemplaire des Arts Noirs durant l'Antiquité mais celui-ci était introuvable. Il se rappela alors que c'était Nausicaa qui lui avait pris ce livre.

- Quelle idiote, soupira-t-il en s'apprêtant à refermer sa malle.

Il remarqua alors quelque chose. Ou plutôt l'absence de quelque chose. Ses fioles de potions d'explosion ! Où étaient-elles ? Il se mit à retourner sa malle à leur recherche mais il eût tôt fait de la vider que les quatre fioles ne firent pas leur apparition.

Il ne manquait peut-être rien à Nausicaa, pourtant, on lui avait bien pris quelques-unes de ses affaires, à lui...

Les Maraudeurs et le Bassin des Rêves (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant