Les Maraudeurs et le Bassin des Rêves (tome 1)

Chapitre 94 - SEVERUS ROGUE

Severus y était presque. Il n'avait plus qu'un étage à monter et il serait au niveau des classes de Métamorphose et de Défense contre les forces du mal, là où il avait découvert quelques jours plus tôt le fameux passage secret de Nausicaa. Les couloirs étaient sombres ; c'était étrange, c'était la première fois qu'il voyait le château sous cet angle, de nuit et désert.

Il parcourait justement l'un de ces longs couloirs obscurs en regardant autour de lui, ayant la hantise de tomber sur un surveillant qui faisait une ronde. Mais tout était calme, tout était silencieux. Il n'avait croisé personne à part la Dame Grise, le fantôme de Serdaigle, qui flottait mélancoliquement en regardant par les fenêtres la nuit d'été qui régnait dehors.

De là où il était, Severus pouvait à présent voir les premières marches des escaliers qui le mèneraient à son but. Il s'en approcha lorsqu'une voix, à quelques couloirs de là, explosa et brisa le silence :

- Peeves ! Nom de nom, cette fois-ci je t'aurai ! Tu as intérêt à te montrer ! Je sais que c'est toi qui as ruiné ce couloir !

Severus sursauta. C'était la voix de Rusard. Et il était tout proche de lui ! Il se plaqua contre un mur et avança prudemment avant de passer la tête pour regarder dans un couloir adjacent. Oui, c'était bien le concierge qui se tenait là, sa lampe à huile à la main, en train de regarder, dépité, un couloir souillé d'une boue nauséabonde.

Soudainement, Rusard se retourna pour regarder dans sa direction. Severus se mit aussitôt à l'abri derrière le mur, espérant ne pas avoir été remarqué.

Mais ce n'était pas le cas.

- Eh ! Là-bas, derrière ! s'exclama Rusard. Je vous ai vu ! Sortez de là, qui que vous soyez !

La voix du concierge se rapprochait rapidement. Severus prit alors la fuite. Il se mit à courir dans les couloirs alors que les appels s'intensifiaient dans son dos. Rusard, il le savait, s'était lancé à sa poursuite. Pour tenter de le semer, Severus tourna à un croisement, empruntant un nouveau corridor. Puis il prit à gauche. Il ne savait pas vraiment où il allait mais son but était simple : perdre le concierge.

Au détour d'un nouveau couloir, Severus rentra alors dans quelqu'un. Il espérait du fond du cœur que ce n'était pas un surveillant. Il fit quelques pas en arrière, chancelant. La personne qu'il avait heurtée était une fille qui tomba en arrière, sur les fesses. Une fille plus petite que lui. Ce n'était donc pas un surveillant.

Il mit un quart de seconde à la reconnaître.

- Lily ? s'étonna-t-il. C'est toi ?

Assise par terre, c'était bien Lily qui était là, au milieu de ce couloir en pleine nuit. Elle était vêtue d'une chemise blanche et sale, de la traditionnelle jupe noire de l'uniforme des filles et ses cheveux, d'habitude d'un roux flamboyant, étaient un peu plus ternes que d'habitude.

- Severus ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Je pourrais te poser la même question ! songea-t-il intérieurement. Mais ce n'était sûrement pas le moment de discuter. Rusard ne devait pas être très loin. Il attrapa Lily par le bras pour la forcer à se relever et se remit à courir en la traînant derrière lui.

- Il ne faut pas traîner ici, Rusard est à mes trousses !

Il l'attira dans un nouveau couloir et avisa une porte encastrée dedans. Un placard à balais ! C'était parfait. Il l'ouvrit et se réfugia dedans, rejoint aussitôt par Lily. Collés contre le mur du fond, ils regardèrent par les interstices de la porte fermée le couloir sombre. Rusard ne tarda pas à passer en grommelant toutes les horreurs qu'il ferait subir au fuyard qu'il recherchait. Mais il ne fit que passer. Quelques instants plus tard, le calme était revenu dans le couloir et Severus se détendit.