Chapitre 5

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Je me réveille. J'ouvre les yeux et ne reconnais d'abord rien à ce qui m'entoure. Puis tout me revient. Probablement la croute peinte d'un bateau à marée basse, accrochée en face du lit, qui me met sur la voix.

La soirée de la veille me laisse un gout bizarre. J'ai englouti l'intégralité du plateau de Mme Machin, avant d'aller sur la pointe des pieds récupérer mon sac dans la voiture.
J'avais très envie de marcher jusqu'à la plage, en contre-bas de la rue, mais la crainte de croiser de nouveau les propriétaires m'a retenue. Je me suis donc calfeutrée dans l'appartement. J'ai pris une douche, qui avait un gout d'eau de mer, et me suis endormie.

Ce matin, rien ne me retient. Je vais de toute façon être obligée d'affronter le sourire terrifiant de cette dame, donc autant en profiter pour mettre les pieds dans l'eau.

J'enfile mon jean, et un pull en grosse maille, et sors. Puis je rentre aussitôt, récupérer mon bonnet. Il vente et mes cheveux ne vont pas résister sans. Je remonte la rue, découvre les maisons, certaines fermées, avec des panneaux indiquant qu'il s'agit de location saisonnière, d'autres manifestement habitées. La mer apparait déjà dans mes narines.

J'adore cette odeur. Ca ne me rappelle rien de particulier, juste une odeur que j'associe aux bons moments.

Puis j'en prends plein les yeux. C'est marée basse, la plage s'étend à mes pieds sur des centaines de mètres. En face, je distingue de nouveau la terre et je réalise que je suis bien à l'intérieur du bassin. Il faut vraiment que je regarde ces dépliants touristiques, j'ai du mal à me situer.

Je saute le muret pour plonger mes docs dans le sable. J'aurais du mettre mes vans, plus facile à enlever. Je fais quelques pas, et repère un coin pour m'assoir. J'enfouis mes doigts dans le sable. J'adore. Oui je me répète.

Je reste au moins une heure à regarder la marée monter tout doucement. Quand je regrette trop de ne pas avoir pris de bouquin, je remonte vers la rue. J'ai faim et si je veux tirer profit des quelques jours que je m'accorde ici, je dois m'organiser. Disons au moins faire des courses, parce que pour le reste, l'organisation n'est pas vraiment mon point fort.

Mme Machin lève la tête dès que je passe le portillon. Elle me sourit et je réprime un mouvement de recul devant autant de dents.
Elle me qualifie d'un bonjour adorable. Je ne sais pas quoi faire devant autant de gentillesse. Je préférerais qu'elle me foute la paix et qu'elle retourne à son ouvrage. C'est, à priori, elle qui peint les toiles accrochées dans le petit appartement. Mais je suis une jeune fille bien élevée quand je veux, alors je réponds poliment et pousse le vice jusqu'à lui demander où se trouve la supérette la plus proche.

_Oh attendez, je vous explique. Alors vous pouvez y aller à pied, c'est à 10 minutes en marchant bien. Il vous suffit de prendre sur la gauche au bout, de longer la rue des marées, puis à droite sur la petite place, vous passez devant la coopérative qui vend les huitres. Et à peine plus loin c'est le cœur du village vous aurez la supérette.

Elle se lève et s'approche de moi.
Note à moi-même ne plus jamais rien demander. Je cherche aussi.
Je souris, crispée. Et file récupérer un sac. Quand je ressors, elle se lève de nouveau. Ma nonchalance naturelle m'empêche d'accélérer le pas, mais je ne suis pas loin de ressentir cette urgence.

_Vous voulez que je vous accompagne en voiture pour votre 1ere fois ?

_Je vais marcher, merci.

_Je pourrais vous aider pour voir les choses à visiter si vous voulez, je connais...

_Oui si vous voulez.

Je sais c'est malpoli, mais j'étais arrivée au portillon, il fallait bien que je dise quelque chose avant de le lui fermer sur le nez, non ?

Plan BOù les histoires vivent. Découvrez maintenant