Chapitre 6

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_ M'attendez pas surtout !  

Yan parcours les quelques mètres en trottinant, ajustant son col. Il a vraiment une attitude de beau-gosse un peu ridicule. Il me plait bien celui là.  

On en n'avait pas l'intention. 

Je jette un coup d'œil au barbu que je viens d'associer à ma répartie pourrie. Mais il ne décroche même pas un haussement de sourcil. Il me rend mon regard et reprend sa marche. Bon lui il est réceptif à rien. Tant pis pour les embruns. 

-Allez va, tu seras bien contente que je sois là pour faire la conversation. Tu ne pourras pas trop compter sur lui. 

Il désigne le muet du pouce. 

- j'ai cru comprendre oui. 

On remonte la rue en direction de la plage. 

-Ca rapporte bien alors ? de jouer les guides touristiques ? 

-Ça dépend des clients. Des fois on a des avantages en natures ! réponds Yan du tac au tac.  

Du coin de l'œil, le barbu-muet secoue la tête, dépité. 

-Ton collègue n'a pas l'air d'accord ? tu gardes tout pour toi ? 

-Oh non, je partage s'il veut. Mais Monsieur est difficile. 

Yan se marre. Il a un perpétuel sourire sur les lèvres et rit de ses propres blagues. Pas besoin de public. 

-Venez par là. 

La voix rauque nous attire sur la gauche. On longe la plage et arrive sur un ponton que je n'avais pas encore remarqué. Quand on s'approche suffisamment près d'un bateau pour que le doute ne soit pas permis, je ne retiens pas ma surprise. 

-Genre vous êtes en bateau ?! 

-Ouais ! 

-C'est votre moyen de transport ? y'en a qui ont des scooters, vous c'est un bateau ! 

Je suis ébahie. Et un peu excitée faut avouer. 

Calmons-nous. Ce n'est pas un catamaran dont le filet me tendrait les bras au dessus d'eaux translucides. C'est un bateau un peu crasseux, tout plat, avec des tonneaux en plastiques et des caisses sur le pont. Des guirlandes de fanions traversent de toutes parts, donnant à l'ensemble un côté bohème. 

-C'est une plate. Déclare le muet d'un ton bourru. Ou un chaland. 

-L'écoute pas, tu peux dire que c'est un bateau. A part Marin, personne ne va se vexer.  

-Marin ? 

-oui Marin, mon frère.  

-Il s'appelle Marin ? tu t'appelles Marin ?  

Oh putain ! 

-quoi ?  

Les sourcils froncés jusqu'aux narines le Marin. Mais je n'en peux plus de rire.  

-tu t'appelles Marin et tu as un bateau ! C'est fini, vous avez fait ma journée les bobos. 

Je saisie la main tendue, pour m'aider à enjamber l'espace entre le quai et le pont du chaland donc. Il me lâche immédiatement, et secoue la tête en désapprobation à mes propos. Yan reste à quai, le pied sur une bite ( oui j'ai un peu de vocabulaire marin), le temps que Marin démarre le moteur depuis la petite cabine. 

+si nous on est des bobos, ça fait que tu es quoi toi ?  

-pourquoi moi ? 

-ben ouais avec tes fringues hype et ton bonnet ?! 

Plan BDove le storie prendono vita. Scoprilo ora