Chapitre 8

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J'arrive à l'appartement de location grisée par l'alcool et le grand air. Je n'ai certainement pas gouté leurs huitres mais je n'ai pas refusé le 2ème verre. C'est les vacances, ça va.

Cette journée est hors du temps. Je devais simplement passer des heures à lire au rythme des mouettes et je me suis retrouvée embarquée sur un bateau, avec des hommes que je ne connaissais pas deux heures avant. C'est étrange. Et galvanisant.

Je m'affale sur le canapé et jette un œil morne au piano. Tout ça ne me ressemble pas. Je suis impassible, solitaire et casanière. Rien à voir avec une meuf qui part en balade et boit des verres avec des inconnus. Et si hypothétiquement ça m'arrivait, je ne suis clairement pas du genre à aimer ça. Et pourtant.

Je me relève et effleure du bout des doigts quelques notes. Le son n'est pas mauvais, il résonne dans le petit appartement, trop fort pour mes oreilles. J'aurais aimé qu'il chuchote. Que je frappe les touches sans qu'aucun son n'en jaillisse. Je rêve d'un piano muet.

La vibration de mon portable me sort de la mélancolie qui m'a envahi. Il faut que je me secoue. Je décroche et me dirige vers la petite cuisine pour me préparer une dose de caféine.

-- Tu lui as fait quoi Léo ?!

-- Salut Hafsa ! je vais bien merci et toi ?

-- ça va Hamdoulah. Mais Léo, tu lui as fait quoi à Adrien ?

-- oh.

Il fallait bien que ça arrive. J'ai gardé ça pour moi trop longtemps. La merde finit toujours par nous éclabousser les pieds.

-- Heu je ne sais pas moi ! Qu'est-ce qu'il a ?

je ne vais pas non plus abdiquer sans me battre.

--J'ai eu mon cousin ce matin, Adrien s'est mis minable hier. Tu sais qu'il ne boit quasiment jamais. Mais là c'était n'importe quoi à priori.

-- ah bon ?

-- Il a pleuré, il a bu et il s'est battu. Enfin il s'est fait battre. Bref mon cousin n'a rien voulu me dire de plus mais il m'a demandé où tu étais.

-- Mais qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans ?!

-- Je ne sais pas moi Léo, mais c'est un mec bien Adrien, alors creuse toi un peu la cervelle.

Je suis coincée. Vous ne la connaissez pas vous, Hafsa, mais quand elle a une idée en tête on ne peut plus l'arrêter. Elle ne lâche rien. Et je suis incapable de lui résister. Sous ses airs doux c'est une tueuse.

--Putain Hafsa, c'est la merde.

Je me passe la main sur la figure, attrape ma tasse de café instantané et me rend sur la terrasse.

-- Crache le morceau Lagrange. Adrien est tellement mal qu'il ne peut pas aller bosser.

-- C'est pas vrai ?!

-- Si. Côtes cassées, et traumatisme crânien. Il est tombé sur le trottoir.

-- Il était complètement bourré ce n'est pas possible !

-- Complètement oui.

Je ne sais pas par où commencer. J'ai raté le coche d'en parler quand on a décidé de partir en vacances. C'était trop frais à ce moment-là, et j'appliquais ma stratégie favorite qui n'est autre que celle de l'autruche. Comme mon silence s'éternise, Hafsa s'impatiente.

--Bouge-toi Léo, je vais retourner bosser dans 20min.

-- Il m'a plus ou moins demander en mariage.

Plan BWo Geschichten leben. Entdecke jetzt