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Je regarde ma sœur Rosine dansée dans des mouvements sensuelle sur scène tandis que les spectateurs, hommes pour la plupart, et riche du monde scientifique, la regardent avec des yeux grand ouvert. Son corps se mouve gracieusement malgré les épines qui se sont redressées sur sa peau. Elle finit dans une pirouette en laissant s'évaporer un nuage rouge autour d'elle qui sent une agréable odeur de rose. Même de là où je me trouve, sur le balcon opposé, derrière le maître des lieux, mon père, je le sens.

Les personnes présentes dans la salle se mettent à applaudir tandis que Rosine fait un salut et que le rideau rouge tombe devant elle. Quelques minutes plus tard, c'est au tour de ma deuxième sœur de s'avancer pour divertir le public, Abee. Elle se dévêtit pour délivrer deux longues et fines ailes transparentes dans son dos. Le public lâche des oh et des ah tandis qu'elle se retourne et s'envole en les faisant vibrer, provoquant un énorme courant d'air dans toute la salle. Une odeur de miel remplace celle de la rose et s'installe dans mes cheveux telle une poussière orangée au gré du vent qu'elle a provoqué.

Son numéro terminé et sous les applaudissements, c'est au tour de ma troisième sœur, le diamant du spectacle de s'élancer. Crystal s'élève dans les airs tel une déesse et commence à faire des acrobaties aériennes entre deux bandes de tissu souple accroché au plafond. Elle exécute plusieurs acrobaties plus complexes les unes que les autres sous les regards attentifs et médusés de toutes les personnes de la salle.

Je regarde les yeux admiratif et plein de désir des hommes et celle de jalousie des femmes d'ancienne génération qui m'entoure. Je les comprends et mon père là bien compris également, c'est pourquoi Crystal est le clou du spectacle. Avec ses gestes délicats, son corps magnifique, sa longue chevelure argentée, elle brise des cœurs aussi souvent que je me ronge les ongles. Après une énième acrobatie, au rythme de la musique et des lumières, la peau de son corps se teinte délicatement jusqu'à ne devenir que diamant. Des oh admiratif et des applaudissements fusent tandis que le public s'élève pour l'acclamer. Dans des derniers éclats de lumière qui se répercutent sur sa peau dans toutes les directions, elle projette un nuage argenté autour d'elle qui attrape toutes les lumières et illumine le public. Le rideau se ferme et les applaudissements redoublent.

Mon père se lève un sourire satisfait sur le visage et ouvre grand les bras pour recevoir les acclamations du public. Il commence à parler, fait les éloges de ses trois filles magnifiques, continue sur un discours et demande qu'on le suit dans une salle de réunion pour poursuivre son business en lieu clos. Je n'écoute déjà plus depuis un moment, la tête en l'air, j'envie mes sœurs et leur don, elles sont belles, populaires et désirables. Mon père se déplace et je le suis d'un air absent tandis que quatre vigiles nous entourent.

Les hommes de science nous entourent et serrent la main de mon père avec enthousiasme, on me regarde avec curiosité, mais leurs attentions sont vite détournées. 

- -Ah monsieur le ministre. Dit mon père en serrant la main d'un homme de forte corpulence. 

- Magnifique, vraiment magnifique Monsieur Arestier, votre troisième fille, vraiment délicieuse, vous ne manquerez pas de me la présenter. Lui dit-il avec un sourire trop dégouttant. 

- Je n'y manquerai pas. Réponds mon père. 

C'est alors que les yeux du ministre se posent sur moi et s'agrandissent. 

- Oh, et que fais donc votre quatrième fille comme chose extraordinaire ? Dit il en me dévisageant de haut en bas, s'attardant sur ma poitrine un peu trop longtemps à mon goût. 

Mon père se met devant moi dans un geste protecteur. 

- Elle n'a pas de don extraordinaire comme ses sœurs. Dit il. 

GOLDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant